Éditions Le livre de poche, 2020 (221 pages)
Ma note : 16/20Quatrième de couverture ...
La retraite a ses charmes... Cependant, Hercule Poirot ne peut s'empêcher, de temps à autre, de reprendre du service, à condition, bien sûr, qu'il s'agisse d'une affaire hors du commun. Et quelque chose lui dit que cette curieuse lettre signée A.B.C. risque de stimuler ses petites cellules grises...La première phrase
" C'est en juin 1935 que je revins de mon ranch d'Amérique du Sud pour passer six mois en Angleterre. Comme tout le monde, la crise mondiale nous avait touchés nous aussi, et nous sortions d'une période particulièrement difficile. "
Mon avis ...
Ah Poirot et ses chères petites cellules grises... ! En cette période perturbante et maussade, cela m'a fait un bien fou de retrouver notre détective belge. A.B.C. contre Poirot (1936) se montre sans surprise à la hauteur de mes espérances. Notre héros se lance cette fois-ci sur la piste d'un tueur en série. Rien que ça ! Les noms des victimes suivent l'ordre alphabétique oui, mais le sigle A.B.C. fait de même référence à l'indicateur alphabétique des chemins de fer (constamment retrouvé à proximité du corps des victimes). J'ai à nouveau été bluffée par le final, alors même que j'avais en tête l'épisode de la série télévisée (vu et revu un nombre incalculable de fois). Ce roman est pour moi différent des autres Hercule Poirot, c'est aussi ce qui fait que je l'aime beaucoup. Le personnage d'Alexandre Bonaparte Cust, quelque peu dérangé, n'est-il pas marquant à souhait ? Sans compter que la Reine du crime sait exactement où elle souhaite nous mener, et n'est pas avare pour ce qui est de nous réserver un twist final.
Alors que le capitaine Arthur Hastings est de retour en Angleterre pour plusieurs mois, branle-bas de combat dans l'appartement ô combien ordonné, situé au Whitehaven Mansions, de son vieil ami Hercule Poirot. De curieuses lettres, signées A.B.C., sont en effet adressées au détective. Détail glaçant, celles-ci le mettent au défi d'empêcher plusieurs meurtres de se produire. Sont ainsi notifiés le lieu et la date des tragédies à venir... De quoi donner du fil à retordre à Poirot qui, pour la première fois, en oublie même de prendre méticuleusement soin de sa moustache !
Cette fois c'est sûr, je serai plus maligne que Poirot et je découvrirai tout avant lui. C'est du moins ce que j'espère à chaque fois, sans y parvenir. Alors même que je connaissais l'intrigue (un comble !), j'avais plus ou moins oublié la surprise finale que nous réserve Agatha Christie. Encore une raison de lire et relire ses romans policiers. La psychologie des personnages est suffisamment travaillée pour que ce soit un régal à lire. Sans compter le caractère prétentieux de Poirot qui prête toujours autant à sourire.
Je ne peux que vous recommander chaudement cette intrigue. Agatha Christie nous prouve ici qu'elle sait parfois sortir de sa zone de confort : ici point de meurtre intimiste, dans un cercle fermé. C'est bel et bien une chasse à l'homme qui s'organise. Le capitaine Hastings commençait à me manquer, car absent des trois derniers Poirot. La dernière fois, nous l'avions croisé dans Le couteau sur la nuque (1932). J'ai donc été ravie de le retrouver. Nul doute que j'enchaînerai rapidement avec d'autres enquêtes tant les Poirot ont sur moi un vrai pouvoir réconfortant.
Extraits ...
" Il avait établi ses pénates dans l'un des immeubles les plus modernes de Londres. Je le soupçonnais de l'avoir choisi uniquement pour ses lignes géométriques, et il en convint bien volontiers.
- Mais oui, mon bon ami ! me dit-il avec cet effroyable accent belge sur lequel les ans n'avaient pas de prise. Cette symétrie est un véritable plaisir pour l'œil, vous ne trouvez pas, une fois ?
Je répondis que la symétrie en question était un peu trop parfaite à mon goût et lui demandai, faisant allusion à une de nos vieilles plaisanteries, si dans ces appartements ultramodernes, les poules pondaient enfin des œufs carrés. "