Rose, 40 ans, débarque à Kyoto au Japon pour lire le testament et la lettre posthume laissés à son intention par un père disparu qu’elle n’a jamais connu. Elle rencontre Paul, l’assistant de feu ce père marchand d’art contemporain. De temples en jardins, il l’emmènera faire une balade instructive et enivrante. Et Rose qui est botaniste s’émerveille de la beauté de la nature japonaise et se laisse emporter par la sérénité et la magie des lieux croisés.
S’ensuivra une véritable transition de la Française vers un monde onirique si loin de son quotidien à mille lieues de là-bas. Tandis qu’elle savoure ce périple délicieux, Rose se remet en question, redessine les contours de sa pensée, reconstruit petit à petit chaque aspect de sa personnalité, jusqu’à évacuer les reliquats de ses colères enfouies, remue les tréfonds de son âme sombre et chaotique pour n’en garder que les parcelles baignées de sensibilité et de délicatesse.
Le récit s’écoule vaille que vaille, telle une rivière qui serpente à travers un terrain plat de verdure sans que la moindre brise ne vienne perturber le clapotis de l’eau ni ne fasse frémir les feuilles des arbres. L’atmosphère est à la quiétude et tout frémissement ou éclat de voix ne seraient que pure mesquinerie… Une sérénité japonaise pourrait-on affirmer. Car il n’est d’autres pays qui connaissent cette philosophie de vie, cet esthétisme, cette béatitude. Il faut être Japonais pour goûter à cette résonance, cette philosophie et il faut être Japonais pour en relater les bienfaits, en décrire les stigmates qu’ils laissent dans l’âme égarée, déstabilisée par un mode de vie de tumultes et de chagrin.
De ce roman, il n’émane guère de ces émotions et de toute cette subtilité et cette élégance rendues par la littérature japonaise. Certes l’on retrouve des fragments de poésie qui doucement s’immiscent entre les lignes, mais la fantaisie et la fougue font cruellement défaut, laissant un peu le lecteur sur sa fin puisque rien ne le scotche au récit. Dommage de n’avoir pas assez donné à cette histoire le petit grain de folie et le soubresaut d’émois désespérément absents.
D’aucuns seront sans doute plus enthousiastes que moi par la plume, très belle j’en conviens, et l’histoire douce-amère de cette Française égarée malgré elle aux antipodes. Pour ma part, je ne garderai de ce roman qu’un souvenir fugace…
Une rose seule de Muriel Barbery, éd. Actes Sud
Date de parution : 1 août 2020