Me voilà pour vous donner mon avis sur mes dernières lectures. En ce beau samedi 7 novembre 2020, je vais vous parler de Vampyria - La cour des Ténèbres de Victor Dixen. Je dois dire que le résumé et la couverture m'ont fortement intriguée. Je vous laisse juger par vous-même.
En l'an de grâce 1715, le Roy-Soleil s'est transmuté en vampyre pour devenir le Roy des Ténèbres. Depuis, il règne en despote absolu sur la Vampyria : une vaste coalition à jamais figée dans un âge sombre, rassemblant la France et ses royaumes vassaux. Un joug de fer est imposé au peuple, maintenu dans la terreur et littéralement saigné pour nourrir l'aristocratie vampyrique.
Trois siècles plus tard, Jeanne est arrachée à sa famille de roturiers et catapultée à l'école formant les jeunes nobles avant leur entrée à la Cour. Entre les intrigues des morts-vivants du palais, les trahisons des autres élèves et les abominations grouillant sous les ors de Versailles, combien de temps Jeanne survivra-t-elle ?
Je dois bien avouer que c'était fort culotté d'avoir pris un tel contexte historique pour installer le légendaire de son récit ! Pour ma part, ça m'a fait jubiler ! J'étais vraiment impatiente et curieuse de découvrir le corps de ce roman ainsi que son intrigue générale.
L'histoire se déroule donc en 2015 si on calcule par rapport à notre monde. Bien sûr, l'univers imaginé par Victor Dixen, cette (aux accents baroque et horrifique, sont bels et bien les bons mots), change la donne. Parce que 2014 n'existe pas. On compte en année des ténèbres et ici le récit débute en 299, soit le nombre d'années depuis la transmutation du Roy des Ténèbres.
Le lecteur va vivre cette incroyable aventure du point de vue de Jeanne, fille de roturiers qui pour venger les siens (tués par les vampyres du Roy) va intégrer l'école formant l'élite de la noblesse avant qu'ils ne soient propulsés à la Cour du Roy.
Jusque-là, on ne va pas se mentir, le scénario semble assez éculé. L'histoire de la pauvre petite orpheline qui veut venger les siens et qui va réussir à se faufiler dans les mailles du filet... C'est du déjà-vu. Tout comme cette école qui forme les meilleurs de la noblesse et qui propose une sorte de concours mortel ou les meilleurs (un garçon et une fille) se voient octroyées quelques gouttes du sang Royal qui les rendra plus forts.
Toutefois, ce qui m'a accroché au récit, en plus de la plume addictive de son auteur (il faut bien le reconnaitre), c'est la force de la narration et la manière dont tout est amené. Jeanne évolue dans un monde archaïque qui n'a pas beaucoup évolué depuis 1715 et qui est terriblement cruel et dangereux.
Je vais digresser un peu, néanmoins ce point de l'évolution (ou de non-évolution) m'a beaucoup travaillé durant ma lecture.
Je vous explique pourquoi ⤵ :
Au départ, lorsque j'ai commencé le livre, je n'ai pas trop prêté attention aux dates. Dans ma tête, on se trouvait peu après 1715 donc, lire que l'héroïne s'éclaire à la chandelle, les dimes, les carrosses, costumes, etc., ne m'a pas gêné outre mesure.
Par contre, là où j'ai tiqué très fortement, c'est lorsque le VicomteAlexandre de Mortange, un Vampyre que Jeanne hait, car il est l'un des responsables des meurtres de sa famille, va s'exprimer en langage plutôt de notre temps.
Je me suis alors penchée sur les dates et c'est là que j'ai compris que le récit se passait approximativement à notre époque (si on devait la situer).
Toutefois, je me suis demandé plusieurs fois où était passée la technologie du 21e siècle ? Lors de ma lecture, clairement, on ne parle pas de tout ça et l'histoire semble s'être figée en même temps que le Roy des Ténèbres.
Je trouve cette idée intéressante même si j'aurais aimé la voir mieux développée ( mais du point de vue de l'héroïne, ça aurait été impossible, j'en conviens). Comme si les vampyres ne pouvaient pas développer autre chose que ce qu'ils ont connu dans leur vie humaine. Comme si tout s'était véritablement figé à la date de leur transformation et que ce mode de vie empêchait le développement. En quelque sorte ? Ce sont des hypothèses bien sûr.
Pour en revenir à l'histoire, Jeanne va donc devoir apprendre à jouer un jeu dangereux, à mentir et dissimuler. Malgré tout elle se fera une alliée en la personne de Naoko, une jeune japonaise qui deviendra vite une amie, bon gré mal gré.
J'ai vraiment apprécié le personnage de Jeanne qui est loin d'être parfait. C'est une héroïne qui agit par convictions (et impulsions), qui sait parfois reconnaitre ses erreurs même si elle peut se montrer parfois détestable, obtuse ou injuste.
Concernant le panel de personnages secondaires. Il y en a beaucoup et la plupart sont bien travaillés et nous donnent envie d'apprendre à mieux les connaitre. L'auteur n'hésite pas à jouer sur la mixité en incorporant des valeurs de notre époque et qui passent très bien même si parfois elles détonnent avec le contexte d'un autre temps. Les thématiques abordées restent actuelles et passionnantes à suivre dans cette histoire.
Par exemple, si tout part d'une vengeance, Jeanne va apprendre, à ses dépens (bien souvent) que tout n'est pas tout noir ou tout blanc. Il y a des nuances et que ceux qui semblent être dans le même camp peuvent cacher leurs jeux. Tout comme l'inverse d'ailleurs. C'est très bien décrit.
On découvre également un personnage énigmatique qui semble venir régulièrement à l'aide de Jeanne. On pourrait le comparer à la créature de Frankenstein d'ailleurs.
Je pourrais vous parler de ce roman durant des heures , mais je crains de vous avoir perdu entre temps. Sachez seulement que, pour ma part, j'ai vraiment adoré ma lecture. Ce premier tome fut un excellent divertissement qui m'a fait passer un bon moment. Si je n'ai pas toujours été du côté de Jeanne dans son désir de vengeance à tout prix, j'ai aimé l'ambiance, les clins d'œil et l'idée générale.
Voilà un roman young adults qui change tout de même de par ce côté uchronique qui nous renvoie à une idée du monde bien différente de celle qui nous entoure. Eh oui, si Louis XIV était devenu un vampyre, le monde ne serait pas tel que nous le connaissons.
Pour moi, ce premier tome est un coup de cœur.