J’ai Lu – 2019 – 192 pages
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Années 50, dans un petit village de Bretagne, une mère attend le retour de son fils de seize ans, Louis. « L’âge où tout est prêt à s’embraser, à s’envoler ou à s’abîmer. » Ce soir, il n’est pas rentré à la maison. Les soirs suivants, il n’est toujours pas là. Fugue? Disparition? Quelques temps plus tard, elle apprend qu’il a embarqué à bord d’un navire en partance pour l’autre bout du monde.
Peu à peu, l’absence prend toute la place. Peu à peu, la vérité sur cette famille recomposée apparaît. Louis, c’est le fils qu’Anne a eu avec un autre homme – un marin – avant de connaître Étienne et de fonder une famille avec lui. Étienne qui corrigeait souvent Louis, passant ses nerfs sur lui ; le menaçant de l’envoyer en pension, pour le dresser.
« Chaque jour est comme une pierre jetée d’une falaise, qui tombe avec un bruit mat et s’immobilise dans l’oubli. »
Une longue impatience est le portrait d’une mère torturée par l’attente, rongée par l’absence et le silence. L’inquiétude et le remords distillent lentement leur poison dans ses veines. Pour meubler l’absence, Anne écrit des lettres qu’elle n’enverra jamais à son fils. Elle y décrit les fêtes qu’elle fera à son retour. L’écriture délicate et poétique de Gaëlle Josse opère lentement son charme ; en quelques chapitres, l’émotion s’inscrit dans la chair.