Mademoiselle Papillon • Alia Cardyn

Par Bénédicte

Éditions Robert Laffont, 2020 (256 pages)

Ma note : 15/20

Quatrième de couverture …

Gabrielle, 30 ans, infirmière, s’occupe de grands prématurés dans un service de néonatalogie intensive. L’univers de la jeune femme s’est réduit aux quelques mètres carrés de sa salle, la salle 79, où elle glisse lentement dans l’indifférence, lorsqu’elle découvre l’histoire de Mademoiselle Papillon. 
En 1920, dans une France ravagée par la Première Guerre mondiale, cette infirmière de la Croix-Rouge est envoyée au dispensaire de Vraignes-en-Vermandois. Alors qu’elle tente de mener à bien sa mission, la vision des enfants qui succombent dans la rue l’obsède. Une ambition se forme et prend bientôt toute la place : elle doit bâtir une maison pour les protéger. 
Lorsqu’elle franchit le seuil de la sublime abbaye de Valloires, Mademoiselle Papillon est convaincue d’approcher son rêve.

La première phrase

« – Un vingt-cinq arrive ! Qui prend ?
Cette phrase, nous la redoutons toutes. »

Mon avis …

Gabrielle, 30 ans, est infirmière dans le service néonatalogie d’un hôpital. Sa vie sentimentale est inexistante, et toute son énergie se déploie en un unique lieu : la salle 79. C’est là que la jeune femme soigne, accompagne, veille sur des nouveau-nés prématurés. Seulement Gabrielle se sent fatiguée, s’épuise, et sombre peu à peu dans l’indifférence face aux situations parfois compliquées qu’elle rencontre. La lecture du dernier ouvrage de sa mère, auteure, arrive alors comme un baume. Il raconte le combat d’une autre infirmière : Thérèse Papillon.

Années 1920. La France tente de se reconstruire après les ravages de la Grande Guerre. Infirmière à la Croix-Rouge, Mademoiselle Papillon est envoyée dans la Somme, à Vraignes-en-Vermandois. Très vite, elle observe des enfants qui souffrent de pauvreté, de malnutrition, qui ont souvent perdu leur père dans les tranchées.

Un projet se forme alors dans son esprit : sauver tous ces enfants, en leur offrant un lieu de répit où ils pourront reprendre des forces, manger à leur faim, et échapper ainsi à la tuberculose. Thérèse Papillon en est persuadée : c’est l’abbaye de Valloires qui fera office de préventorium.

Mademoiselle Papillon est un roman à deux voix, où Alia Cardyn (auteure belge) rend un bel hommage aux infirmières. Je ne connaissais rien de Thérèse Papillon, et j’ai ici pu rencontrer une femme forte, qui a sauvé de nombreux enfants et a été reconnue Juste parmi les Nations (ce titre a été décerné aux personnes ayant sauvé des Juifs sous l’occupation allemande).  Si cet écrit n’est pas du tout une biographie, mais bien un roman, Thérèse Papillon a donc réellement existé. Lors de la Seconde Guerre mondiale, elle a caché des enfants juifs, souvent confiés à l’abbaye par leurs parents.

Bien que fictif, j’ai également pris plaisir à suivre le personnage de Gabrielle. Ses doutes, ses pensées en lien avec ses petits patients, ses relations avec certains parents : tout nous est décrit. Les chapitres sont courts, et s’enchaînent rapidement.

On ressent combien l’auteure a pris soin de se documenter sur le vécu de Thérèse Papillon, mais aussi sur le quotidien et les particularités d’un service de néonatalogie. Je n’ai qu’un seul bémol à partager avec vous : je suis parfois restée sur ma faim. Malgré cet hommage aux infirmières, on a parfois le ressenti que l’auteure effleure son sujet. Grosse frustration ! J’aurais ainsi aimé en apprendre bien davantage sur Mademoiselle Papillon, mais aussi que l’approche NIDCAP prenne plus de place, soit davantage mise en avant dans le quotidien de Gabrielle.

Malgré ces réserves, je ressors satisfaite de ma lecture. J’ai passé un bon moment en compagnie de ce livre, et je ne peux que vous inviter à le découvrir si vous aimez les portraits d’héroïnes fortes et courageuses.

Extraits …

« Je veux son secret. Je veux être portée par cette même énergie. Je veux être plus proche de mes petits patients et de leur famille. Je veux savoir quoi faire lorsqu’il n’y a plus rien à faire. Je veux savoir quoi dire lorsque aucun choix ne paraît valable. Je veux tout cela mais mes tentatives passées se sont soldées par un échec. J’ai plié sous la pression. »

Roman lu dans le cadre de la Masse Critique Babelio