Les sorcières de Pendle

Par Lucie & Marion

De Stacey Halls et traduit par Fabienne Gondrand

1612, dans le nord de l’Angleterre, Fleetwood Shuttleworth maîtresse de Gawthorpe Hall, est enceinte pour la quatrième fois. Avant cela, trois fausses-couches qui ont failli lui coûter la vie mais qui ont surtout déçu son entourage alors, cette fois-ci, le bébé doit vivre : pour l’avenir du domaine, pour satisfaire son mari et la société. Elle fait alors appel à la meilleure des sages-femmes même si celle-ci pourrait être accusée de sorcellerie.

Ce roman historique sur fond de chasse aux sorcières, et basé sur des faits réels, séduit grâce à son rythme particulier et son atmosphère. Il faut prendre les temps de s’habituer à Fleetwood, à sa vie, à sa solitude, à sa vision du monde. Mais après, on s’éprend du paysage balayé par les vents de Pendle Hill, du mystère qui plane sur les les habitantes de la Tour Malkin, on s’attache à la jeune châtelaine et à Alice Gray aussi, à leur amitié qui, aux yeux de la société de l’époque, est incongrue mais qui n’est, pour nous, que naturelle.

J’ai aimé que l’autrice dépeigne Fleetwood avec intelligence. En effet, dans ce personnage, Stacey Halls réussit à conjuguer des valeurs qui jusqu’à aujourd’hui me semblait vraiment incompatibles : oui, Fleetwood est une femme de son époque, elle a donc à cœur de satisfaire son mari et la société avant tout, ce qui est un concept un peu désuet pour moi, mais ça ne l’empêche pas d’être une femme forte, pleine de ressources et indépendante à sa manière. Elle est réaliste et ne subit pas vraiment sa condition, elle fait avec en améliorant ce sur quoi elle a de l’influence ou en essayant, du moins. Pas de jeune fille passive ici, Fleetwood ne lâche rien, elle est volontaire. J’ai aimé que l’autrice bouscule mes préjugés, c’est le rôle de la littérature après tout, d’élargir nos horizons !

On peut, peut-être reprocher un dénouement un peu simple en ce qui concerne la situation conjugale de la maîtresse de Gawthorpe Hall mais ce roman discret et tout en finesse est tout de même une belle découverte.

Marion

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