Wolcano : La sorcière du cul, de Shyle Zalewski, Éditions Delcourt, « Shampooing », 2020, 128 pages.
L’histoire
Wolcano est une sorcière résidant à Whitetown, vivant sa vie de débauches et d’irrévérences en tous genres. Lorsque arrive sa 666e conquête amoureuse, OX, cyclope de son état, débarque lui signifier sa radiation du Pôle des Sorciers. Wolcano décide de le suivre pour venir protester en personne. S’ensuit un road-trip abracadabrantesque où chacun aura à loisir de questionner son rapport à la société.
Note : 5 sur 5.
Mon humble avis
J’avais repéré ce livre à sa sortie, suffisamment intrigant pour qu’il attire mon œil, et quelques semaines plus tard un ami me le recommandait vivement et me le mettait entre les mains (merci à lui !). Je lui en suis très reconnaissante parce que j’ai beaucoup ri, et pas toujours sur de “simples” blagues de cul.
Parce que si Wolcano présente le personnage éponyme comme une sorcière tout à fait décomplexée sur sa sexualité (qu’elle partage avec toutes sortes de personnes), cette bande dessinée va bien plus loin, en interrogeant la façon dont notre société envisage (ou n’envisage pas) le sexe. Ou même le fait que tou⋅te⋅s les auteur⋅rice⋅s (de grimoire ou de bande dessinée) ne soient pas sur un pied d’égalité selon comment on juge leurs mœurs ou même selon leurs connaissances.
Au détour de créatures étranges, Wolcano dénonce le sexisme, notamment avec un “dichotome”, une créature binaire pour qui tout doit être tout noir ou tout blanc (et qui semble littéralement ne pas pouvoir supporter l’idée de la transidentité). On trouve aussi un bout de lutte des classes, une critique du capitalisme et surtout un personnage qui fait fi des attentes de la société pour faire ce qui lui paraît juste, et ce qui l’intéresse.
On ne peut pas couper un individu d’un groupe et s’offusquer de son manque de conventions sociales.
C’est une bande dessinée hilarante, avec en surface les aventures pleines de fantasy d’une sorcière et en profondeur une remise en question de notre société qui veut produire de la normalité et du conformisme, même quand cela n’a rien de juste ou d’équitable.
On m’a appris à ne pas vouloir la mort des gens qui ne partagent pas mon avis ou ma culture.
Enfin, j’ai beaucoup aimé le graphisme : les dessins me paraissent avoir un trait tout à fait original qui me plaît beaucoup, le jeu sur les couleurs – qui tournent la plupart du temps autour du bleu avec l’utilisation d’autres couleurs (notamment une palette de rouge) pour accentuer certaines émotions ou actions – est un plaisir à voir et enfin la structure en case rend l’histoire très fluide, avec quelques originalités de temps en temps.
Un vrai plaisir de lecture que je vous recommande chaudement !