Black-out Loo Hui Phang & Hugues Micol

Publié le 25 novembre 2020 par Nathalie Vanhauwaert

 Black-out                Loo Hui Phang & Hugues Micol












Futuropolis
Parution : 26 août 2020
Dessin : Hugues MicolScénario : Loo Hui PhangPages : 200Isbn : 9782754828048Prix : 28 €
Présentation de l'éditeur

Maximus Wild connut son heure de gloire dans le Hollywood des années 1940-50. Métis de descendance noire, chinoise et amérindienne, il fut « l’acteur aux mille visages », interprétant essentiellement des rôles « ethniques » : chef indien, révolutionnaire mexicain, dandy oriental…
Véritable relecture du mythe du cinéma américain par le prisme des minorités, Maximus Wyld donne à voir la dimension politique et sociale des productions hollywoodiennes

Loo Hui Phang


Loo Hui Phang est née en 1974 au Laos.
Elle a écrit des pièces de théâtre, des livres pour enfants avec Jean-Pierre Duffour, ainsi que des scénarios de courts-métrages, de dessins animés et de bandes dessinées.
2004. Elle publie Panorama avec Cédric Manche qu’elle adapte deux ans plus tard (avec David Rault) en moyen-métrage diffusé sur Arte.
2005. Parution de Prestige de l’uniforme en collaboration avec Hugues Micol, obtient le Prix littéraire de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
2013. Elle écrit L'Art du chevalement, avec Philippe Dupuy, en co-édition avec le musée du Louvre-Lens.
2014. Elle conçoit La Ferme des animaux, installation immersive inspirée du roman de George Orwell, avec Blexbolex, au festival Pulp.
En 2016 paraissent Nuages et pluie (avec Philippe Dupuy) et L’Odeur des garçons affamés (avec Frédérik Peeters) qui obtient le Prix Landerneau 2016.
2019. Publication de son premier roman, L’Imprudence chez Actes Sud.
Hugues Micol

© Alain Bujak
Hugues Micol est né en 1969 à Paris.
Hugues Micol tient ses promesses. Repéré avec Chiquito la Muerte, un western décalé, ce talent émergeant s’est ensuite illustré en dessinant des bandes dessinées animalières, des polars déjantés, une série historique japonaise… Autant de preuves que cet artiste a une culture graphique des plus riche. En s’associant avec un autre artiste de grande culture, David B., il nous offre une nouvelle version de l’Amérique sauvage, moins connue, car situé en Terre de feu. C’est avec un western crépusculaire, Scalp, qu’il obtient le Prix international Töpffer de la ville et du canton de Genève.
Hugues Micol joue dorénavant dans la cour de grands.
Source Futuropolis

Mon avis

Hollywood - une fabrique de rêves - l'âge d'or du cinéma.

C'est la bio fictive d'un acteur métisse "Maximus Ohanzee Wildhorse".  Il est d'origine comanche, afro-américain, avec des racines mexicaines et chinoises, c'est un diamant à mille facettes.  Il peut tout jouer.  

C'est Gary Grant qui découvre cet orphelin dans une salle de boxe de Los Angeles.  Maximus va jouer tous les rôles ethniques : tibétain dans "Horizons perdus", turc dans "Le faucon Maltais", égyptien dans "La terre des pharaons", indien dans "La flèche brisée", latino dans "Vertigo", domestique noir dans "Autant en emporte le vent".

Il a les premiers rôles dans les race movies d'Oscar Michaux qui crée le cinéma pour les noirs. 

Il joue, certes mais est souvent coupé, effacé au montage ou au générique.  C'est l'Amérique qui fait son cinéma blanc pour les blancs, c'est qu'on ne se mélange pas...

Pas encore lui dit-on.  On lui laisse miroiter qu'un jour lorsque le public sera prêt, il sera un bon "Othello" alors il change de nom et devient Maximus Wild.  On le façonne à l'image d'Hollywood, on le modélise, supprime ses accents, lui fait suivre des cours de diction, de danse, d'art dramatique, du sport et lui fait subir de la chirurgie esthétique. C'est Hollywood qui crée les personnages.

Il rêve de jouer et représenter ses origines, se pose des questions mais pourquoi les indiens sont-ils toujours les méchants ?  Ce n'était pas comme ça au début, encore une fois, ce sont les blancs qui écrivent l'histoire et c'est la réalité voulue par les blancs qui l'emporte.

C'est aussi la période des lois racistes, du code Hayes, de la ségrégation et du maccarthysme.

C'est un roman graphique exigeant qui s'adresse aux érudits, aux amateurs de cinéma.  C'est extrêmement bien documenté.  Ce récit peut avoir plusieurs niveaux de lecture, mettant en avant le sort des minorités ethniques au cinéma dans les années 40-50 avant d'ouvrir enfin la porte à Sidney Poitier, Harry Belafonte et Yul Brynner.

Le dessin est noir et blanc en écho au thème du roman graphique.  J'ai beaucoup apprécié le coup de crayon de Micol, foisonnant de détails, nous représentant l'atmosphère.  Il alterne avec des pages classiques et des grands formats.  Il y a des multitudes de symboles dans chaque planche, le dessin est vraiment remarquable, superbe.

Une très belle idée cadeau pour les amateurs du genre.

Ma note : 9.5/10

Les jolies phrases

Qu'est-ce que tu aimes dans la vie ?  Les combats impossibles. La vie va te gâter.

Le cinéma est un instrument malléable, il se plie à n'importe quel dogme.

Vous n'avez pas peur que les caméras volent vos âmes? Qu'elles les volent. Nos âmes hanteront leurs films.

En fait, quand tu réunis tout ce que le code Hayes interdit : la nudité, les déviances sexuelles, l'homosexualité, la violence, l'immoralité, la vulgarité et que tu les mélanges à la Bible, ça fait un péplum.