Tempura n°2 : Le Japon au travail, Été 2020, 162 pages.
L’histoire
Surmenage, conformisme, heures supplémentaires non payées, harcèlement… Parler du travail au Japon sans tomber dans les poncifs est une gageure. Si l’on se cantonne aux données chiffrées et aux gros titres des journaux, le portrait-robot du travailleur japonais n’est pas flatteur. Mais qu’en est-il vraiment ?
Mon humble avis
Après avoir chroniqué le premier numéro de Tempura, j’ai enchaîné assez rapidement sur le deuxième puisque j’ai déjà le troisième qui m’attend dans ma bibliothèque, et que je trouvais dommage de ne pas profiter de l’éventuelle « actualité » du numéro. Bon, globalement, en dehors des quelques références à la crise sanitaire mondiale et aux confinements, ce numéro-ci n’était pas complètement ancré dans l’actualité donc il est tout à fait possible de le lire confortablement en cette période ou plus tard.
Je trouve que c’était très bienvenu de la part de l’équipe de Tempura d’aborder la question du travail au Japon puisque cela fait parti des gros clichés qui circulent sur ce pays. Certes, les clichés ont souvent une part de vérité et sont parfois ancrés dans le réel mais il est toujours nécessaire de les creuser et les confronter. Ce que fait, à mon sens, très bien ce deuxième numéro.
Bien sûr, le sujet des fameux salarymen est abordé, mais la plupart des articles tournent autour de l’artisanat, des métiers parfois en déclin comme les personnes qui tiennent des sentô, ou encore des métiers « underground » comme les hôtes et hôtesses de bars.
Comme d’habitude, n’hésitez pas à aller voir le sommaire sur le site de Tempura, mais pour vous donner une petite idée de ce que vous pouvez y trouver, il y a un superbe entretien avec l’autrice féministe Mieko Kawakami (ses livres sont venus s’ajouter dans ma liste de souhaits du coup), un très chouette reportage sur les néo-artisans du quartier de Kuramae à Tokyo, une série sur les sentô et un entretien avec un fabriquant de tatami.
J’ai aussi trouvé une plus grande cohérence au sein du numéro que dans le premier : beaucoup d’articles se complètent les uns les autres, mentionnent quelque chose qui est détaillé dans un autre article et nous y renvoi. Ça donnait une impression d’unité mieux maîtrisée que dans le numéro précédent et c’était très agréable.
Les illustrations et les photos sont encore très belles, voire à couper le souffle pour certaines, je suis particulièrement tombée amoureuse du travail de Yusuke Sakai et j’ai beaucoup aimé celui de Seung-woo Yang.
Un seul reproche, sur le reportage de Johann Fleuri qui concerne les burakumin, j’ai été très, très perdue. Ne connaissant pas du tout cette caste, je suis restée très confuse tout au long de l’article qui ne contextualisait pas assez son propos me semble-t-il (heureusement que Wikipédia était là pour me sauver de mon ignorance et incompréhension).