J'ai lu Une femme en contre-jour de Gaëlle Josse depuis quelques mois déjà. J'avais prévu de chroniquer cette biographie romancée de Vivian Maier, photographe anonyme au cours de sa vie et repérée à titre posthume.
Puis, le temps est passé. J'ai rangé le bouquin dans un coin de ma tête et accessoirement dans le bazar de ma chambrée. En reprenant les livres lus et non chroniqués, celui-ci est réapparu et là plusieurs flashs sont intervenus :
- parler et rendre hommage à une femme intelligente et talentueuse qui a vécu toute sa vie dans l'anonymat et le manque d'affirmation de soi ;
- valoriser une œuvre de Gaëlle Josse qui à l'image de son héroïne sait s'effacer pour ne parler que de celle-ci, de ne pas la corrompre, de la sublimer dans toute son humanité, avec une grâce littéraire qui n'est pas surfaite, sans attirer la couverture à soi.
Bref Une femme en contre-jour mérite un petit écrit aussi imparfait soit-il.
Une femme en contre-jour nous dévoile une super héroïne du quotidien, une femme qui navigue dans son monde en pleine conscience et en toute discrétion, qui n'a eu de cesse de photographier ses contemporains, par empathie, par intérêt, pour laisser une trace de son environnement. Cette femme, Vivian Maier, n'a jamais eu conscience de son talent artistique parce que tout son parcours montre à quel point elle a été "oubliée" par ses proches, d'une certaine "mal traitée". Issue d'une ascendance féminine de mères célibataires, ballottée pendant son enfance dans différents lieux, dans différentes ambiances familiales (souvent violentes), Vivian Maier a fait le choix plus tard de s'occuper des autres et de continuellement s'effacer. Elle ne doit sa renommée qu'au regard d'un inconnu sur ses œuvres découvertes par hasard lors d'une vente aux enchères, inconnu qui n'a jamais désarmé pour valoriser les pépites imagées.
Une femme en contre-jour prend aux tripes indéfiniment, par la nature effacée de son héroïne, par l'écriture de son autrice, Gaëlle Josse, qui sublime les descriptions, scande la narration, raconte les époques (la difficile émancipation féminine, les voyages qui durent des semaines, l'exil). Cette biographie romancée courte (autour de 150 pages) se lit facilement, reste un très chouette moment de lecture d'évasion, une lecture qui compte aussi par son parcours de vie.
À découvrir donc.
Éditions J'ai lu.
Autres avis : ma Zaz, Eimelle, Eve, Mimipinson, Antigone,
Je vous conseille le superbe reportage de Miss Little World : je viens de le repérer !
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