Le tapis de peau

Lors d’un témoignage, les faits relatés par la victime sont rarement une partie de plaisir. Elle a dû prendre sur elle pour les assumer et les raconter au plus juste, avec ses souvenirs et ses émotions exacerbées. Je ne refuserai jamais de chroniquer un témoignage, et remercie Lorane Webart pour sa confiance en me soumettant le sien.

Le tapis de peau

207 pages – Auto-édition – Kindle (07/2020)

Mon avis :
Je n’avais pas lu de témoignage depuis un moment, j’étais donc curieuse de me pencher sur le vécu de Lorane, le viol qu’elle a subi et sa façon d’affronter cette épreuve.
Je ne vais pas dire que son parcours est atypique, puisque chaque victime, chaque agression, chaque ressenti, et chaque réaction sont uniques. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que le sien est singulier.

Lorane raconte tout. Au premier abord son récit peut sembler décousu, mais finalement elle pose sur papier numérique les souvenirs tels qu’ils lui viennent, et ce n’est pas forcément l’ordre chronologique. La bonne idée qu’elle a eue : mettre une timeline au début de chaque chapitre. Mais on est avec elle, et on ressent ses flashes-back presque aussi fort.
Loin de moi l’idée de juger quoi que ce soit, j’avoue ne pas avoir toujours compris ses réactions ; du coup mon empathie pour elle est venue tardivement qu’elle n’aurait dû. Mais Lorane explique : ses émotions contradictoires, son manque d’assurance, son éducation. Puis on a beau dire, rien ne nous garantit qu’on aurait fait différemment à sa place et dans le même contexte. On a parfois le sentiment qu’elle justifie son attitude alors qu’elle ne devrait pas en avoir besoin. Elle est victime et c’est tout. Son témoignage est poignant, et prouve que le chemin pour s’en sortir est long et surtout différent selon les personnes.
Cet ouvrage est criant de sincérité, et expose une catégorie d’agressions peu reconnues comme telles – et y a encore du chemin à faire pour reconnaître toutes les victimes !

Evidemment, je ne parlerai pas du style ou de coquilles dans le texte qui sont, à mon sens, balayées par le courage qu’a eu l’auteure de se livrer à nous. Encore une voix qui mériterait de s’élever, alors je ne vous encouragerai qu’à la lire.