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Josie, la quarantaine, va mal. Dentiste, elle est ruinée par une procédure judiciaire intentée par une patiente cancéreuse et vit séparée de Carl le père irresponsable de ses deux gamins, désespérée elle décide de quitter son Ohio pour un voyage en camping-car en Alaska. Un road-trip avec comme point de chute prévu, rejoindre Sam sa demi-sœur établie là-bas.
Le périple va s’avérer assez bordélique à l’image de Josie. Notre héroïne est une brave femme mais du genre impulsive, pas très carrée dans sa tête, sans plan de vie bien arrêté mais avec une seule certitude, elle doit abandonner cette vie qui l’étouffe, cet entourage trop middle of the road et surtout fuir, le plus loin possible, ses ennuis qui la rongent, son job perdu et ce poids moral trop lourd : elle s’estime responsable de la mort d’un jeune homme qu’elle a encouragé à partir en mission humanitaire avec l’armée en Afghanistan, et puis Carl qu’elle imaginera plus tard à ses trousses…
La petite troupe embarque dans un vieux camping-car brinqueballant, la mère et ses deux gosses, Ana cinq ans, extraordinairement douée pour toujours casser quelque chose même quand ça paraît impossible et Paul, huit ans, sage et sérieux comme un pape, à cheval sur les règlements et les lois, veillant sans relâche sur sa cadette qui l’adore. Je passe rapidement sur les étapes de ce voyage, imprévues ou pas comme ce spectacle de magiciens sur un navire, un mariage mennonite, les nuits dans des cabanes squattées, la rencontre avec Sam décevante, l’incendie de forêt etc. J’avoue que souvent Josie m’a agacé par ses actes irréfléchis, usant ma complaisance mais j’ai adoré ses gamins en particulier Paul, contraste saisissant entre son caractère très mûr pour son âge face à celui de sa mère.
Le roman est correct mais sans plus pour moi. Il est surtout trop long, tous les évènements sont sympathiques, mêlés à une critique de la société américaine et de consommation, mais comment dire ? Ca fait un peu patchwork, l’écrivain les enfile les uns après les autres, on se demande où il veut en venir et il faut de la patience pour que se dessine l’idée maîtresse : être une femme libérée c’est pas si facile surtout quand on veut éduquer ses enfants d’une façon légèrement marginale basée sur le credo que « sans mouvement il n’y a pas de lutte, et sans lutte il n’y a pas de but, et sans but il n’y a rien du tout. »
Le dénouement, restant ouvert, est très beau : nos trois acteurs réchappent d’un orage épouvantable en montagne, la mère et ses enfants, nus comme aux premiers jours de l’humanité mais saufs… et après ?