Tous les matins du monde commence par un ton qui rappelle l'écriture d'un homme de lettres du 17e siècle. Curieusement il me laisse un peu à côté.
Quelques pages plus tard me voici embarquée par le rythme des pages. La musicalité des mots, la recherche d'un style à la fois ancien et nouveau. Quelques dialogues bien tournés. Dans ce siècle de lumière l'auteur décrit bien ce qui fût aussi son obscurité. Derrière les hommes qui cherchent à jouer, (à jouir aussi?), un vieil homme et sa viole vivent au fond d'une cabane avec ses 2 filles auprès de lui. Dans l'ombre des hommes ... les femmes sont tout mais dans l'indifférence générale.
Lui, le vieillard, est musicien virtuose mais depuis le décès de sa femme il ne veut plus voir le monde. La société le dégoûte et la société le prend pour un être dont le talent extraordinaire est le fait de dieu. Il ne se laisse pas tenter par l'argent et la corruption. On le traite d'orgueilleux et de misanthrope en retour. Tout dans l'écriture contient le lexique du 17e siècle. Classique. Mais derrière, il y a comme un son, une image, quelque chose d'abîmé et de très sombre. L'âme humaine vous voyez.
Au final j'ai été émue par ce court roman (pour son écriture et ses personnages féminins) même si la fin ne m'a pas vraiment convenue. C'est Pascal Quignard qui m'impressionne à chaque fois avec l'émotion et la transmission sensuelle et sensorielle qu'il fait en si peu de pages.
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