Jusqu’à la mort, recueil de nouvelles datant de 1971 vient d’être réédité. Deux textes, Jusqu’à la mort et Un Amour tardif, le premier est très bien, le second m’a un peu ennuyé.
An 1095, le pape Urbain II exhorte à la croisade pour libérer la Terre Sainte des infidèles. Le seigneur Guillaume de Touron, à la tête d’une petite troupe, se lance dans l’aventure pour répondre à cet appel mais surtout pour trouver la paix de l’âme, affecté par le décès de sa femme. A ses côtés, Claude-le-bossu, un esprit trouble animé de pulsions malsaines, tient la chronique de ce qui devait être une épopée mais s’avérera un épouvantable fiasco. Au fur et à mesure de leur avancée, la paranoïa va lentement gagner les esprits, on commence par tuer tous les Juifs croisés en chemin puis on s’imagine que l’un deux est incognito membre de la troupe et quand, bloqués par l’hiver, le froid et la faim, dans un monastère en ruine, Guillaume de Touron réalisera que cette suspicion n’est qu’une illusion créée par son propre cerveau, il ne lui restera plus qu’une seule issue…
Le récit s’écoule en douceur comme le sable dans le sablier, la métaphore est très belle et c’est un excellent moment de lecture.
La seconde nouvelle se passe à Tel-Aviv à l‘époque de Moshe Dayan, donc contemporaine. Le narrateur est un vieux conférencier itinérant, « je vais de kibboutz en kibboutz les vendredis soir », proche de la mort, le corps se délitant, sans relations sociales et exécré de tous, « j’ai soixante-huit ans, je suis solitaire, je n’aime ni ne suis aimé ». Son obsession, l’antisémitisme des Russes, tournant à la parano, voyant un complot quand ses supérieurs lui proposent de prendre sa retraite.
Deux textes qui se rejoignent puisqu’il y est question de racisme et de haine, de solitude et de peur de l’autre, et in fine de mort.