Ce que j'en ai pensé ?
C'est l'endroit où l'on vérifie votre identité sans savoir si elle est réelle. C'est l'endroit où des miliciens s'imposent en autorité alors qu'ils n'étaient que de simples fermiers ou ouvriers avant la guerre.. C'est une frontière mentale, invisible, mais tenace qui confronte aux armes l'idée qu'avant et après le check-point deux mondes existent.
Et donc... verdict... vous passez un à un ces check-points. Et... Qu'est-ce la guerre ? Qu'est-ce que la guerre n'est pas ? Comment naît la haine ? Comment naît l'amour ? Est-ce bien véritablement de vrais sentiments dans un paysage aussi dénudé et triste que les plaines, les vallées et les montagnes de l'Europe de l'Est que nous décrit Rufin, habitué au terrain humanitaire et aux regards désespérés où jaillissent des étincelles d'espoir là où on s'y attend le moins ?
À travers une galerie de personnages qui semblent déshumanisés, Rufin nous les rend humains et décrit aussi un laboratoire des humeurs, un champ de mines explosif où les intentions des uns et des autres s'imprègnent tellement de la guerre et de la désolation qu'elles en prennent une forme d'oubli de soi et des autres.
À la fin, sur fond de silence enneigé, crépitement des balles, en mode western, on est ému, sur le fil ténu entre la vie et la mort d'une guerre dont on ne voit jamais vraiment les tenants et les aboutissants que par les actions et les choix d'humanitaires désemparés face à l'inconnu et à l'irruption de la violence. Rufin livre un bilan personnel : prendre les armes est un choix, mais il y a plusieurs façons de le faire et de choisir son combat... à vous de vous en faire votre propre avis. À lire !!