De Aurélie Wellenstein
Dans la ville de Yardam se propage un virus mystérieux qui change les gens en « coquilles » : des êtres dénués d’humanité, de parole, d’envies et de besoins hormis celui de regarder la lune. Kazan sait d’où vient cette maladie, il est un de ceux qui la répandent, mais ne sait pas comment l’arrêter pour autant… et il n’aura certainement pas l’occasion de le découvrir car son temps est désormais compté.
J’apprécie beaucoup le style et les univers d’Aurélie Wellenstein, comme vous avez peut-être pu le lire dans mes chroniques de Les loups chantants et de le Roi des Fauves. Je me suis attachée à la rudesse de ses propos et à son cynisme et dans ce domaine Yardam ne déçoit pas.
Ici, j’ai aimé la ville qui prend vie sous sa plume, ses quartiers animés, son architecture découpée, les murs qui l’entourent et la protègent autant qu’ils l’emprisonnent. L’Autrice choisit de l’installer dans une époque indéfinie mais plus ancienne que la notre et la pare d’une délicate aura slave qui lui donne beaucoup de caractère.
Les personnages d’Aurélie Wellestein ne sont jamais simplistes et ici encore, nous rencontrons des anti-héros complexes emportés par leurs part d’ombre et leurs élans de bonté, leurs vices et leur désir de bien faire. Pour être franche, il est un peu difficile de les apprécier mais on les suit jusqu’au bout, on les accompagne en restant sur nos gardes : on ne leur fait pas complètement confiance mais on veut voir s’il vont s’en sortir, s’ils vont finir par faire les bons choix.
L’intrigue autour du virus est cohérente, même si certains détails m’ont rendu un peu perplexe. En effet, je trouve cette maladie très « mécanique » : son fonctionnement change qu’on soit le donneur ou le receveur, comporte quelques subtilités qui servent bien l’histoire. Il lui manque la souplesse et la neutralité des virus réels qui se propagent sans conditions. Malgré cela, cette partie de l’intrigue se révèle plus profonde qu’elle ne laisse paraitre au début du roman, ce qui est agréable. L’escalade de tension qui s’opère au fil des pages à mesure que le virus se propage est bien menée. Il y a une réelle densité dans cette histoire qui fait qu’on a besoin de connaître la fin : comme le besoin de percer la surface de l’eau lorsqu’on nage depuis les profondeurs, pour retrouver son souffle.
Un roman atypique et sombre qui, si je ne l’ai pas adoré, confirma le talent d’Aurélie Wellenstein et séduira ses habitué.e.s.
Marion
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