Ils sont cinquante – des femmes, des hommes de tous horizons. Ils ont définitivement quitté la Terre pour, au terme d’un voyage interstellaire de cent soixante ans, s’établir sur une planète extrasolaire, qu’ils ont baptisé Pax. Ils ont laissé derrière eux les guerres, la pollution, l’argent, pour se rapprocher de « la nature ». Tout recommencer. Retrouver un équilibre définitivement perdu sur Terre. Construire une Utopie. Mais avant même de fonder leur colonie, des drames mettent à mal leur idéal. Avarie sur une capsule d’hibernation, accident d’une des navettes au moment de l’atterrissage. Du matériel irremplaçable est détruit. Les morts s’accumulent. La nature est par essence hostile et dangereuse ; celle de Pax, mystérieuse, uniquement végétale, ne fait pas exception à la règle. Pour survivre, les colons de Pax vont devoir affronter ce qu’ils ne comprennent pas et comprendre ce qu’ils affrontent.
Pourquoi ce livre ? Dès sa sortie je l’avais repéré sans vraiment oser sauter le pas. Mon libraire en disait du bien mais, peu portée vers la science-fiction, je me tourne toujours vers des conseils et envies en fantasy. C’est finalement sa nomination dans le Prix Livraddict qui m’a motivée à le lire.
Plusieurs jours après avoir terminé cette lecture, je suis encore indécise sur mon ressenti. Ai-je aimé ou non ? Mmmh. Ce roman présente pourtant de bonnes idées. Sans être original, la ligne temporelle de l’histoire est intéressante. Tout en me rappelant Lum’en de Laurent Genefort, elle se détache par les liens qui se tissent au fil des générations successives, de celle qui a osé poser le pied pour la première sur Pax, pour paix (la motivation de leur voyage, repartir sur des bases saines), à celle qui veut quasiment en repartir (la septième, si je ne m’abuse). Si la succession de personnages dans les récits courts ne permettent pas de réellement s’attacher à eux, avoir des rappels, des liens, de l’intertextualité entre chaque génération fut plaisant, davantage que pour Lum’en qui m’a vraiment déstabilisée sur ce point ! Il est difficile de comprendre où souhaite en venir l’auteur une bonne moitié du roman. Ce n’est qu’à l’approche d’une race autochtone, différente, qu’on comprend quel sera le but. De fait, il semblerait qu’il y aura une suite à ce premier opus et on sait d’avance vers quoi on se tourne, même si on ne sait pas encore comment.
Dans son approche, l’histoire ressemble énormément à Outsphere, lu récemment, où des terriens colonisent une planète pour repartir de zéro. J’ai trouvé la chose moins froide ici, moins clinique, moins observation de laboratoire. Je ne sais pas si cela est dû aux liens entre les personnages et générations ou à la plume, mais je pense avoir préféré cette histoire à l’autre citée pour ce sentiment plus chaleureux ressenti.
Les personnages ne m’ont pas franchement emportée. Comme je le dis, le découpage en partie au fil des générations ne permet pas de vraiment s’attarder sur l’un, on a plus le regard axé sur la communauté et pas l’individualité - même si le vent tourne vers la fin, à mon sens. De fait, en dehors de Stevland, l’entité la plus travaillée et la plus approfondie par sa présence du début à la fin du tome, je ne peux pas dire que je me souviendrais encore longtemps de chacun. J’ai évoqué Stevland, je dois dire que c’est le point fort du roman. J’ai adoré ce qu’il incarne, j’ai adoré son évolution et ses objectifs. Je trouve qu’il s’humanise énormément au contact des terriens, et si la manière de procéder est loin d’être la plus adéquate, ses projets m’ont paru honorables.
Comme je l’ai implicitement annoncé ci-dessus, j’ai plutôt bien aimé la plume. Le style de Sue Burke est clair, manque peut-être de vivacité mais se lit néanmoins tout seul. Ce n’est pas un point fort de cette lecture, toutefois il a contribué à la rendre agréable.
Je me rends compte que j’ai peu de choses à dire sur ce premier opus. Ils se passent pourtant énormément de choses mais en parler serait trop en révéler pour apprécier ensuite l’évolution des personnages et de la communauté. J’ai difficilement aimé les premiers, le découpage le voulant ainsi, mais j’ai aimé Stevland pour ce lien qu’il tisse entre chacun, son évolution et ses projets. Ce n’est pas une lecture mémorable, mais elle a le mérite d’être lue vite et d’être agréable.
14/20
Les autres titres de la saga :
1. Semiosis
- saga en cours -