Catherine BOLLE
Illustration de couverture de Raquel LAGARTOS
Thèmes : Histoire, France, Terreur, Science, Fantastique
1793, période troublée et sanglante de la Terreur à Paris
Les alliances politiques et sociales se font et se défont sans cesse, l'insécurité est omniprésente, les arrestations constantes et la guillotine de l'Exécuteur des hautes œuvres de Paris s'abaisse sans relâche.
C'est dans ce contexte houleux que nous faisons connaissance avec Henri Sanson, le fils du bourreau, qui voit son père donner des têtes fraîchement coupées à un homme sinistre et boiteux.
Qui est-il? Pourquoi ne prend-il que certaines têtes ? Celles de personnes connues (telle celle d'Olympe de Gouges) ou de personnes du peuple résignées, sommairement jugées et n'ayant certainement commis aucun méfait, si ce n'est celui de survivre, peut-être.
Ses questions se doublent d'inquiétude lorsque son père meurt brutalement et qu'il devient à son tour le Bourreau de Paris. Dès lors, c'est à lui que cet homme sombre vient réclamer des têtes.
Dans le même temps, nous faisons connaissance avec Charlotte, la fille de Louis XVI, mystérieusement évadée de sa cellule grâce à l'aide d'une jeune servante qui prend sa place.
Après moult péripéties, elle découvre que c'est Robespierre lui-même qui a fomenté cet échange afin de l'avoir sous sa main dans son alliance souhaitée avec les Royalistes.
Devenue lavandière, elle passe un jour sur la Place de la Révolution et voit le Bourreau exécuter la jeune femme et le Boiteux emporter sa tête...
Désireuse de réponses, elle se rend chez Henri... et y découvre Léonce. Un soldat fédéré mulâtre et blessé au flanc.
Sans savoir pourquoi ni comment, elle lui vient en aide avec une assurance qu'elle ne se connaît pas.
Et nous rencontrons Olympe de Gouges elle-même, ou plutôt son esprit dans un corps qui n'est pas le sien, grâce, ou à cause, d'expériences scientifiques et technologiques d'un certain Lavoisier dans son domaine de Freschines.
Elle n'est pas la seule à être revenue d'entre les morts, Danton et Desmoulins l'accompagnent, et ensemble, ils souhaitent reprendre le pouvoir des mains de Robespierre et offrir une constitution pour la République qu'ils souhaitent voir émerger.
Une Constitution qui met la femme à l'égale de l'homme, qui autorise le concubinage, qui reconnaît les enfants nés hors mariage, mais qui ne la satisfait pas pleinement. Concessions obligent...
Olympe en est certaine, Lavoisier cache quelque chose, mais à trop fouiner, elle se met en danger.
J'aime l'Histoire mais je dois bien reconnaître que la période de la Révolution Française et ce qui s'en est suivi n'a pas ma préférence. Elle est tellement complexe avec ses noms, dénominations, changements qui se sont succédés à un rythme effréné tant la période était houleuse et propice aux suspicions, perfidies et retournements d'alliances.
Et pourtant, c'est ce contexte qui m'a attirée dans ce roman.
Un contexte qui offre plusieurs sens au récit de Catherine Bolle, particulièrement bien mené et riche en péripéties et thèmes.
Ainsi, au fil des trois voix d'Henri, Charlotte et Olympe, qui se succèdent en chapitres courts et haletants, Catherine Bolle nous parle d'histoire et de politique, d'amitié et de solidarité, de féminisme et d'égalité, et de quêtes identitaires.
Et avec un personnage comme Lavoisier (qui ne fut pas " que " scientifique), de la science avec tout ce qu'elle suppose de possibles, limites, excès et questions d'éthique, lui permettant des insertions fantastiques.
Un roman que j'ai adoré et dévoré qui ne démentit pas la célèbre formule de Lavoisier, " Rien ne se perd, rien ne se crée : tout se transforme ", applicable à plus d'un domaine et toujours d'actualité !