J’ai passé une bonne partie du mois de novembre à lire et je n’avais pas réussi à me replonger dans la lecture comme ça depuis cet été, du coup ça m’a fait beaucoup de bien ! En plus il s’agissait principalement de très bonnes lectures, ce qui est toujours bon à prendre.
Bilan des lectures de novembre
Je vais commencer par un flop, sans trop m’y attarder : Angelina et June de Yves-Marie Clément.
Le reste de mes lectures ont été très chouettes, si je ne devais en choisir que quelques unes ce serait The Legend of Korra : Turf Wars (et la suite Ruins of the Empire mais je n’ai pas encore publié la chronique), Je sais pourquoi l’oiseau chante en cage de Maya Angelou et Wolcano : la sorcière du cul de Shyle Zalewski qui a été un vrai coup de cœur.
Florilège de chroniques lues
La Nébuleuse a recommandé « 4 revues papier indépendantes à lire et soutenir » et ça donne très envie de découvrir toutes ces revues, pour ma part je vais me mettre à acheter BALLAST et pas seulement lire leur site et j’ai rajouté le numéro sur Marseille de la Revue Z dans mes prochains achats.
Sur son blog, Usva a chroniqué Brûler Brûler Brûler de Lisette Lombé qui a rejoint ma wishlist, je commence à m’intéresser de plus en plus à la poésie et encore plus lorsqu’elle est militante, donc ce livre semble être pile poil dans mes intérêts.
Moult chroniques intéressantes sur Planète Diversité, dont The Space Between Worlds de Micaiah Johnson et The Stars and the Blackness Between Them de Junauda Petrus : deux livres très différents puisque le premier est de la SF et le second du YA contemporain mais j’ai été séduite par les deux !
Arcanes Ouvertes a fait une chronique sur deux bande dessinées qui l’ont émue : Tout va bien de Charlie Genmor et C’est comme ça que je disparais de Mirion Malle. Je n’avais pas entendu parler de la première mais j’ai très envie de la découvrir à présent ; le nouveau livre de Mirion Malle était déjà dans ma wishlist mais je suis d’autant plus convaincue de vouloir le lire.
Revue du web
Dans le monde de la véganie
Florence Dellerie a fait un billet, sur son blog Questions animalistes, à propos de « « L’élevage est une éducation » : retour sur une analogie douteuse ». Encore une fois, ces analogies ne font guère sens quand l’une se base sur le meurtre et l’autre (heureusement) pas.
Sur Striving with Systems, Justin Van Kleeckexplique pourquoi on devrait également défendre les poules de jardin : « Advocate for Backyard Chickens, Too ».
Recettes
J’ai pas mal recommencé à cuisiner au mois de novembre et ça m’a fait beaucoup de bien ! Certains recettes que j’affectionnais déjà, comme la « Tatin de courge aux oignons confits » de La fée Stéphanie ou encore la superbe, merveilleuse, délicieuse Tartiflette (végane bien sûr) de La petite Okara. J’ai même pas honte d’admettre que, la première fois que j’ai fait cette tartiflette et que j’en mangeais une végane, quelques années après avoir arrêté de consommer des produits d’origine animale, j’ai été émue aux larmes. Parce que c’est délicieux et que, visiblement c’est un plat empli de nostalgie pour moi !
Et sinon une recette que j’ai testé pour la première fois mais dont je suis tombée amoureuse : les « Grab & Go Savoury Vegan Muffins » de Gaz Oakley. J’achète très rarement du fromage végane du coup j’ai peu l’occasion de faire ce genre de recettes, mais diantre que c’était bon. Et ça marche même si vous prenez le petit déjeuner chez vous (ou pour l’apéro !).
Côté genre et féminisme
Je me rends compte que beaucoup de mes recommandations féministes sont des podcasts ce mois-ci ! Tout d’abord, Clara Joubert a publié « Podcasts féministes : quinze recommandations » sur Les Ourses à plumes et je ne peux que rejoindre ces recommandations pour ceux que je connaissais déjà, et j’ai apprécié en découvrir de nouveaux !
Parmi tous ces podcasts, La Poudre est des plus intéressants et cet épisode avec Christiane Taubira sur la lecture de Maya Angelou était délicieux (d’autant que je venais de terminer Je sais pourquoi l’oiseau chante en cage au moment de l’écouter !).
Sur France Culture et dans La Série Documentaire, ces quatre épisodes sur « Au-delà du clitoris » était très intéressants et je les recommande vivement.
Deux articles intéressants sur le site du CNRS : tout d’abord « Il est important de valoriser les carrières des jeunes chercheuses » où les trois lauréates d’un prix Pour les Femmes et la Science témoignent de leur parcours. Mais aussi l’exposition « La Science taille XX elles », qui est disponible en ligne et présente 48 portraits de femmes scientifiques et travaillant dans la recherche.
Sur Lallab, Shehrazad revient sur « Shehnaz Haqqani, au service de la liberté religieuse pour tou·te·s » et c’est un portrait sacrément inspirant et intéressant !
Aurore Turbiau, membre du collectif Les Jaseuses dont je partage parfois des articles ici, a publié sur The Conversation « Ce que font les lesbiennes à la littérature » et au vu des discussions actuelles dans les médias, c’est d’autant plus important de faire le point.
Convergence des luttes
Les deux épisodes sur le « parler jeune » du podcast Parler comme jamais, ont tout à fait leur place dans cette rubrique de convergence des luttes puisque cette façon de parler est souvent stigmatisée et ce serait bien d’arrêter de prendre tou⋅te⋅s les jeunes pour des illettré⋅es : « Les jeunes parlent-iels mal ? » et « Comment ça parle un⋅e jeune ? ».
Sur son blog Tu mourras moins bête, Marion Montaigne fait le point sur les baby-boomers, pourquoi iels sont aussi différents des millenials et c’est très intéressant tout en étant très drôle : « Mercredi, babyboomerie ».
Viviana Varin a fait un superbe travail de journalisme et d’enquête auprès de la communauté transgenre péruvienne et a publié un article dans BALLAST que je recommande : « La communauté transgenre péruvienne à Paris : le travail du sexe comme moyen (1/2) ».
Toujours dans BALLAST mais sur un autre sujet, Maya Mihindou revient sur « Marseille : histoires d’un 5 novembre ». Quand on sait que la plupart des familles n’ont toujours pas été relogées, c’est d’autant plus rageant.
Concernant l’anti-validisme, Charlotte Puiseux a publié un entretien avec Elisa Rojas à l’occasion de la sortie de son premier roman, Mister T et moi (qui a fini dans ma wishlist, vous pensez bien), c’est sur Les Ourses à plumes : « Mister T et moi : Amour, gloire, beauté et anti-validisme ».
J’ai essayé de me tenir vaguement au courant (« vaguement » par manque de temps) de ce qui s’est passé en Arménie parce que ça touche des personnes dont je suis proche et je suis tombée sur cet article de Dale Berning Sawa pour The Guardian qui donne un éclairage sur l’importance de la situation : « Monumental loss: Azerbaijan and ‘the worst cultural genocide of the 21st century’ » (c’était il y a un an et c’était déjà critique alors…).
Samuel Paty, l’université en danger
Avec l’assassinat de Samuel Paty, de nombreux discours nauséabonds ont suivi mais heureusement qu’il y a des personnes censées pour faire le point. Loïc Le Pape, sur son carnet de recherche Les politiques du religieux a fait un billet « Samuel Paty : ce que j’ai dit à mes étudiant.e.s », c’est carré, sourcé et fort nécessaire.
Suite aux déclarations du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, selon lequel « l’islamo-gauchisme fait des ravages à l’université » (pas fichu capable de s’occuper du primaire et secondaire qu’il s’occupe des universités mais bref), s’en est suivi moult articles condamnant ces fameux et fameuses chercheur⋅euse⋅s « islamo-gauchistes ». Au milieu de tout ça, la Loi de programmation de la recherche que le gouvernement a fait passer en force promet de détruire les universités et la recherche française à petit feu au profit du privé. Le collectif des Revues en lutte a fait une tribune intitulé « Les sciences sociales contre la République ? » qu’il faut vraiment lire.
Suite à la publication d’une tribune dans Le Monde où 100 « chercheur⋅euse⋅s » (oui, c’est compliqué de les prendre aux sérieux vu les bêtises qui sortent de leurs plumes) qui étaient d’accord avec les déclarations de Jean-Michel Blanquer et le « danger » des idéologies décoloniales (entre autres choses), des chercheurs et chercheuses à l’international ont signé une lettre pour apporter leur soutien aux universitaires antiracistes en France : « Open Letter: the threat of academic authoritarianism – international solidarity with antiracist academics in France ».
Dans la même veine, sur le carnet de recherche Racismes, un superbe article qui fait le point sur la réalité de la censure à l’université : « Université : censurer au nom de la liberté d’expression ».
Antiracisme
À propos des dreadlocks, cette traduction d’un article de Annah Anti-Palindrome fait le point de A à Z sur le problème de l’appropriation culturelle : « Cette féministe Blanche adorait ses dreadlocks – Voilà pourquoi elle les a coupées ».
Il serait sacrément temps qu’on arrête de donner de la place aux réflexions de l’extrême-droite dans les médias (ou ailleurs) et Abdellali Hajjat fait le point sur « L’emprise de Valeurs Actuelles » dans un article sur le carnet de recherche Racismes : c’est terrifiant mais sacrément important de comprendre comment ces idées (nauséabondes) peuvent circuler et prendre de l’importance.
La Série Documentaire de France Culture a encore frappé avec quatre épisodes sur « Politique et race en France, un mariage dangereux », ça pique tout autant qu’on pouvait l’imaginer mais il serait temps de bousculer tout ça.
Mrs Roots a fait un billet hyper intéressant, « Pourquoi penser une autre justice est un enjeu afroféministe ? » qui m’a beaucoup marqué et notamment la vidéo de Jane Almeida sur la notion de justice punitive et ses alternatives. Je n’en reviens pas que de tels modèles existent et soient prouvés efficaces dans bon nombre de pays et sociétés et qu’on continue un tel carnage en France.
Musique
J’ai reçu le nouvel album d’ACS, « Bâtir ensemble » et il est vraiment top. Sinon j’ai réécouté l’album « Nice to Meet You » de Mandy Harvey et ça met du baume au cœur.
Sujets divers
Émotions a fait un épisode sur l’introversion et c’était très intéressant, ça fait le point sur la question : « Le monde n’est-il pas fait pour les introverti·e·s ? ». Il y a le pendant pour l’extraversion aussi qui est tout aussi pertinent : « Faut-il envier les extraverti.e.s ? ».
Dans la série « de l’extérieur, la France est un pays d’abruti⋅es arriéré⋅es qui ne respecte pas les Droits Humains », ce superbe point fait par Mathieu Deslandes pour La Revue des médias sur « De Matzneff aux attentats : le New York Times, la France et ses zones d’ombre ». C’est assez merveilleux et en tous cas je vais suivre le travail de Norimitsu Onishi qui est un sacré journaliste.
Ce que j’ai fait en novembre
Pas de sorties et d’événements particuliers avec ce confinement, si ce n’est que j’ai profité autant que possible du parc près de chez moi pour aller y lire et prendre le soleil. J’ai aussi fêté des anniversaires en famille en visio, ce qui était particulièrement nul mais on fait avec.
En revanche, j’ai regardé de très belles choses ! En séries, j’ai découvert Unorthodox qui était très marquant, et je pense qu’il faut vraiment enchaîner avec le making-of. Je suis restée scotchée devant Le Jeu de la dame, comme beaucoup, j’ai adoré cette série. Mais j’ai eu un véritable coup de cœur pour la série animée Le Prince des Dragons : enfin de la fantasy avec de la vraie diversité, à destination des enfants mais avec moult références que les adultes comprendront (« One does not simply walk into Xadia »).
J’ai enfin vu le dernier épisode de L’effondrement (qui est en fait chronologiquement ce qui se passe avant ledit effondrement) et ça pique. J’ai regardé la saison 4 de The Crown avec toujours autant de bonheur et la toute dernière saison de Dix pour cent avec beaucoup d’émotions et de larmes mais j’en suis fort satisfaite.
Quelques films aussi ce mois-ci : Shutter tout d’abord, un film d’horreur thaïlandais qui m’a laissé plutôt indifférente même si le propos en lui-même était intéressant, le traitement était pas génial. Bien mieux, le film Come As You Are qui était très beau. Et Mademoiselle qui m’a renversé le cerveau et qui était absolument jouissif. Enfin, un flop complet pour Happiest Season (ou Ma belle-famille, Noël, et moi). Pour sa défense, je ne suis une fan ni des comédies romantiques, ni des films de Noël mais je me suis dit que ce serait l’occasion de donner sa chance à ce genre de film et bon, c’est globalement une transposition des mêmes schémas hétéros toxiques juste sur un couple de femmes avec l’histoire du coming out (et du outing) pour rajouter du conflit.
Je vous souhaite un bon mois de décembre (enfin ce qu’il en reste), de bonnes fêtes de fin d’année si vous les célébrez, prenez soin de vous et de vos proches !