Histoires de la nuit
Laurent Mauvignier
Les éditions de minuit
2020
634 pages
Dans le hameau des Trois Filles Seules à La Bassée, il n’y a que trois maisons, l’une est vide, l’autre est habitée par Christine, une peintre installée depuis quelques années, et la troisième est occupée par Patrice Bergogne, sa femme Marion et leur fille Ida. Le soir de l’anniversaire de Marion (elle fête ses 40 ans), des inconnus (inconnus, vraiment ?) déboulent et prennent en otage tous ces habitants. Pourquoi ? Qui sont-ils ? Et que veulent-ils ?
Ce roman m’a scotchée à mon fauteuil, à mon canapé ou à mon lit pendant une toute petite semaine, avide que j’étais de le reprendre dès que j’avais un moment de libre. Il m’a littéralement envoûtée. Il va être difficile de l’oublier celui-ci !
D’abord, le style ! Des phrases, longues, enveloppantes, dans lesquelles se côtoient, s’entrechoquent, des actions, des descriptions et des réflexions. Des dialogues qui s’insèrent au milieu de ces longues phrases comme lorsqu’on écoute d’une oreille discrète la conversation du voisin tout en prolongeant le fil de ses propres pensées.
Une mise en scène d’une lenteur à faire frémir les plus impatients, chaque minute est narrée, chaque parcelle de pensée, d’événement est racontée, sans rien omettre, en y mêlant des réflexions personnelles à chaque personnage, tout pour créer une tension manifeste, palpable, tout pour mettre mal à l’aise le lecteur, tout pour le maintenir aux aguets, tout pour permettre à son esprit d’analyser la situation tout en souhaitant très fort connaître la suite, savoir comment tous ces personnages vont se sortir de cette situation inextricable. Quelques heures en 600 pages, un tour de force incroyable !
Une écriture cinématographique, le hameau, les maisons, les voitures dans la cour, l’arrogance de Christophe, le chien dans la grange, la toile de la femme nue et rouge, j’ai tout vu, le film s’est déroulé dans ma tête comme si j’étais devant un grand écran.
Un roman qui secoue, qui ravage, qui ne peut laisser indifférent, on peut ressentir de l’épuisement, de l’agacement, on peut ne pas aimer, moi, personnellement je suis admirative.
The Autist Reading en parle très bien.