Grâce à un prologue saisissant, j’ai espéré une lecture audio qui me marque au fer rouge. Hélas, mon intérêt s’est étiolé au fur et à mesure que je découvrais l’enfer de la Nickel Academy.
Non que ce roman soit dénoué d’intérêt ou que la narration ne soit pas à la hauteur, simplement le rythme plutôt lent propre à ce livre m’aurait mieux convenu en version papier je pense. Il n’y avait pas assez de stimulation pour conserver une attention constante, j’ai malgré tout tenté une seconde fois en reprenant l’écoute depuis le début alors que j’étais déjà parvenue à la moitié du livre mais le résultat fut le même : une fois le pauvre Elwood Curtis enfermé par erreur à la Nickel Academy, un centre de redressement pour jeunes délinquants, je ne suis plus parvenue à suivre avec constance son parcours. Je reste persuadée de l’importance de ce roman et je ne m’avoue pas vaincue : je tenterai à coup sûr une relecture papier.
Certains garçons s’évadèrent vers un futur discret et vécurent dans l’ombre, sous un autre nom et en d’autres lieux. Redoutant jusqu’à leur dernier soupir que Nickel les rattrape. Le plus souvent, ils étaient capturés, emmenés chez le Marchand de glaces puis jetés dans une cellule sans fenêtre pendant quelques semaines, le temps de corriger leur attitude. Fuir était une folie, ne pas fuir aussi. En regardant ce qui s’étendait à l’extérieur de l’école, en voyant ce monde libre et vivant, comment ne pas songer à courir vers la liberté ? A écrire soi-même son histoire, pour changer. S’interdire de penser à la fuite, ne serait-ce que pour un instant volatil, c’était assassiner sa propre humanité.
Cette chronique ne me permet pas vraiment de vous parler de ce livre puisque ce fut un rendez-vous manqué mais elle me donne l’occasion de redire l’importance qu’il y a à bien choisir ses lectures audio. Nous avons tous nos sensibilités, nous n’avons pas la même oreille ni la même capacité de concentration. Je sais par expérience que je suis beaucoup plus attentive à une voix de femme quand d’autres seront plus réceptifs à une voix d’homme. Je n’aime pas les bruitages et tout ce qui peut venir parasiter ma lecture audio alors que l’on voit fleurir les expériences audio qui immergent totalement le lecteur, certains en sont fans. L’offre est large aujourd’hui et il y en a vraiment pour tous les types de lecteurs mais il faut accepter quelques échecs parfois pour parvenir à affiner sa sélection. Je me répète mais concernant Nickel Boys, je ne compte pas en rester là. Le prologue m’a suffisamment séduite pour me donner envie de me replonger dans cette histoire et les avis quasi unanimes à son sujet me font penser que je passerais à côté d’un grand roman si je ne lui donnais pas une autre chance. Ca ne veut pas dire que ça sera davantage une réussite en lecture papier mais au moins, je n’aurai rien à regretter.
L’ESSENTIEL
Nickel Boys
Colson WHITEHEAD
Editions Albin Michel en GF et Audiolib en audio
Sorti le 19/08/2020 en GF et le 14/10/2020 en audio
Lu par Stéphane Boucher
272 pages (7h d’écoute)
Genre : roman contemporain
Personnages : Elwood Curtis et Turner
Plaisir de lecture : joker
Plaisir d’écoute :
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : Mille petits riens de Jodi Picoult, American Dirt de Jeanine Cummins, Ordinary people de Diana Evans, Ici n’est plus ici de Tommy Orange, Un mariage américain de Tayari Jones
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Dans la Floride ségrégationniste des années 1960, le jeune Elwood Curtis prend très à coeur le message de paix de Martin Luther King. Prêt à intégrer l’université pour y faire de brillantes études, il voit s’évanouir ses rêves d’avenir lorsque, à la suite d’une erreur judiciaire, on l’envoie à la Nickel Academy, une maison de correction qui s’engage à faire des délinquants des « hommes honnêtes et honorables ». Sauf qu’il s’agit en réalité d’un endroit cauchemardesque, où les pensionnaires sont soumis aux pires sévices. Elwood trouve toutefois un allié précieux en la personne de Turner, avec qui il se lie d’amitié. Mais l’idéalisme de l’un et le scepticisme de l’autre auront des conséquences déchirantes.
Couronné en 2017 par le prix Pulitzer pour Underdground Railroad puis en 2020 pour Nickel Boys, Colson Whitehead s’inscrit dans la lignée des rares romanciers distingués à deux reprises par cette prestigieuse récompense, à l’instar de William Faulkner et John Updike. S’inspirant de faits réels, il continue d’explorer l’inguérissable blessure raciale de l’Amérique et donne avec ce nouveau roman saisissant une sépulture littéraire à des centaines d’innocents, victimes de l’injustice du fait de leur couleur de peau.
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TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Nickel Boys
- Parce que cette histoire est inspirée de faits réels et qu’elle traite de l’un des grands maux de l’Amérique
- Parce que Colson Whitehead est l’un des rares écrivains à avoir reçu deux fois le prix Pulitzer, ce qui force l’admiration ou au moins la curiosité
- Parce que c’est un concert de louanges qui a accompagné la sortie de ce titre, tant dans la presse spécialisée que chez les lecteurs
3 raisons de ne pas lire Nickel Boys
- Certains reprochent à Colson Whitehead une écriture sèche et un peu dénuée d’âme
- Cette écriture plutôt journalistique que véritablement romanesque empêche aussi certains lecteurs à ressentir des émotions à la lecture de ce roman
- Enfin c’est un roman assez court (il fait moins de 300 pages) ce qui amène forcément à des raccourcis pas toujours très heureux
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