DE NOS JOURS
C’est les vacances ! L’occasion est parfaite pour mettre un peu à jour le blog et ses (trop) nombreuses chroniques en retard. On commence avec Bénie soit Sixtine, un premier roman de Maylis Adhémar, édité chez Julliard pour la rentrée littéraire.
Je lis très peu de roman de cette maison d’édition, mais celui-ci m’a beaucoup intriguée par son sujet : L’extrémisme religieux.
Avec un sujet aussi fort, je savais que cela annoncé une lecture très particulière où j’allais sûrement passer par plusieurs émotions. Mais je ne m’attendais pas à être aussi mal à l’aise à en avoir la nausée… Oui, j’ai eu la nausée.
Béni soit Sixtine
Et le père Mathias monte en chaire.- Mes enfants, sur vos épaules repose une lourde tâche, celle d’être des époux catholiques dans un monde païen.
DE QUOI CA CAUSE ?
Sixtine, jeune femme très pieuse, rencontre Pierre-Louis, en qui elle voit un époux idéal, partageant les mêmes valeurs qu’elle. Très vite, ils se marient dans le rite catholique traditionnel et emménagent à Nantes. Mais leur nuit de noces s’est révélée un calvaire, et l’arrivée prochaine d’un héritier, qui devrait être une bénédiction, s’annonce pour elle comme un chemin de croix. Jusqu’à ce qu’un événement tragique la pousse à ouvrir les yeux et à entrevoir une autre vérité.
Féministe de tout poil ou juste sensible à la cause féminine, ce roman va vous faire monter dans les tours. Je ne dis pas ça pour jouer sur le « sensationnel », mais clairement ce roman a été une lecture très difficile et pour ça, tout mon respect va à l’autrice qui arrive à poser les mots sur les dérives de la religion catholique dans ses formes les plus intégristes.
Au début, je ne me suis pas méfié. Tout semble rose, idyllique, et même si le futur époux de Sixtine sort une ou deux répliques problématiques (ex : Tu pourras arrêter ton travail après notre mariage, tu auras bien assez à faire à la maison.), je me dis que « ça passe ». On n’est pas au premier type qui ne voit pas le problème. Mais brutalement, basculement total le jour du mariage et là, c’est le début de la fin pour Sixtine. Pression, belle-famille complétement cinglée, manifestation anti-LGBTQ+ et regroupement sectaire au programme. Autant dire qu’il est très difficile de ne pas réagir. Maylis Adhémar arrive à faire réagir jusqu’au plus profond de notre être et concrètement, je finissais par avoir une sensation de malaise dès qu’il fallait que j’ouvre ce bouquin tant tout me révoltait. Les propos de la belle-famille, la vision biaisée de ces derniers, l’emprise. Tout. Je me suis même demandé s’il était possible de faire pire que la situation précédente et si Sixtine pouvait vraiment réussir à se sortir de cette mélasse nauséabonde.
Là, je me suis dit : Mince, 2020 et toujours des cinglés d’un autre âge pour te dire quoi faire de ta vie et de ton corps en véhiculant une image du pays dépassée et extrême au possible. En fait, Bénie soit sixtine est un roman « fictionnelle » flirtant avec l’essai qui te montre l’emprise psychologique sur des êtres malléables (mais pas tout le temps finalement) et le danger que cela représente. C’est face à ce type de réaction que je me suis dis que l’autrice avait rempli sa part du marché : faire réagir et faire comprendre.
La seconde partie plus douce, sonne comme une bouffée d’air frais dans cette ambiance particulière. Sixtine s’ouvre aux autres, découvre un nouveau monde et voit une porte de sortie. En conclusion, Béni soit Sixtine fait partie de ces livres complexes où il y aurait temps à dire, mais dont il faut savoir garder une part de mystère. A la frontière entre roman et essai, ce premier roman magistral emporte son lecteur et l’amène à une prise de conscience sans jamais être moralisateur. L’autrice donne les faits, à charge au lecteur de faire le reste.
éé