The Heroic Legend of Arslân T1, de Hiromu Arakawa et Yoshiki Tanaka, traduit du japonais par Fabien Vautrin & Maiko_O, Kurokawa, 2020 (VO : 2014), 232 pages.
L’histoire
À la frontière de l’Orient et de l’Occident se trouve le prospère royaume de Parse, tenu d’une main de fer par le redoutable roi Andragoras. Avec sa frêle carrure et son maniement approximatif des armes, difficile pour le jeune prince Arslân de revendiquer son statut d’héritier du trône. Alors âgé de 14 ans, il va prendre part à sa première bataille afin de repousser l’envahisseur dans la plaine d’Atropathènes. Un jour marqué du sceau de l’infamie qui fera basculer à jamais son destin et celui du royaume de Parse.
Note : 5 sur 5.
Mon humble avis
Ce manga est l’adaptation de la saga de romans Les chroniques d’Arslân de Yoshiki Tanaka dont seul le premier tome a été traduit en français (par les éditions Calmann Lévy). L’adaptation est faite par Hiromu Arakawa, la très grande mangaka à l’origine de Fullmetal Alchemist et vu mon admiration et mon amour pour cette série, j’ai profité que le premier tome de The Heroic Legend of Arslân fasse partie du 48h BD pour découvrir cette nouvelle série.
J’en suis ravie, j’ai été complètement happée par ce manga et il m’a été impossible de le poser avant d’en avoir terminé la lecture. Arslân nous présente un monde fictif inspiré de la Perse antique, et plus particulièrement le royaume de Parse et le siège de la famille royale et sa cour, Ecbatâna. On y suit Arslân, le prince et unique héritier du roi et de la reine, qui n’est pas ménagé par son maître d’armes mais de façon tout à fait chaleureuse comparé aux attitudes glaciales de ses parents. En quelques pages, il apparaît évident qu’Arslân reçoit bien plus de chaleur et d’affection de la part de son entourage (Valphreze son maître d’armes, Kishwahd un général de l’armée et même ses deux faucons Srûshi et Azraël qui se précipitent pour saluer Arslân à leur retour de bataille) que de son père ou sa mère. Là où Arslân est curieux, sensible et avenant, ses parents sont impassibles, intransigeants et complètement fermés, particulièrement envers leur fils. Celui-ci a l’air d’être complètement protégé des affaires politiques de la monarchie et ne semble rien connaître des royaumes voisins et des coutumes de ces derniers.
Le royaume de Parse est en conflit avec un royaume voisin, Lusitania, à propos de divergences de croyances, notamment du point de vue de la religion, mais aussi au niveau politique et moral puisque là où Lusitania prône l’égalité, Parse compte plus d’esclaves que de classe dirigeante. Quelques années plus tard, tout cela mène à une guerre ouverte et Parse s’apprête à affronter l’armée de Lusitania sans s’inquiéter le moins du monde puisque l’armée parse est connue pour son efficacité. Pourtant, le prince Arslân n’est pas rassuré et semble s’inquiéter d’éléments qui ne font pas ciller le roi, qui refuse d’envisager la possibilité qu’un piège leur soit tendu et qu’ils ne soient pas assez puissants pour sortir vainqueur de cette bataille.
La narration nous tient en haleine tout au long de la bataille, tandis qu’on se demande si les personnages que l’on vient de rencontrer – mais qu’on apprécie déjà pour certains – vont sortir indemne de cet affrontement. Les dessins y sont pour beaucoup, puisque tout est magnifique : qu’il s’agisse des décors du somptueux palais d’Ecbatâna, les détails des expressions des personnages, ou encore les combats au corps à corps avec des chevaux dans tous les sens. De plus, Hiromu Arakawa ne tombe pas dans le travers de certain⋅es mangaka qui, après une longue série, ne parviennent pas à dessiner d’autres personnages (je pense notamment à Natsuki Takaya et Fruits Basket) : en tous cas ici les personnages d’Arslân sont bien distincts de ceux de Fullmetal Alchemist (mais je ne sais pas pour ses autres mangas).
Si j’avais un reproche à faire au manga, ce serait le fait que pour une histoire qui se déroule dans l’équivalent de la Perse antique… les personnages sont tous très blancs. J’ai du mal à croire que cela puisse être à cause d’une paresse de tramer tous les visages des personnages, vu le détail des batailles et des armures et des vêtements. Et surtout, sur la couverture en couleur cela ne pose pas question. Plus qu’une invisibilisation volontaire (dans le sens de erasure) en revanche, j’ai l’impression que c’est plus de l’ignorance – mais cela n’est pas moins problématique ou dommage. Il y a dans ce premier tome, un affreux manque de personnages de femmes, ce qui m’apparaît assez inhabituel dans un manga de Hiromu Arakawa donc j’espère qu’il s’agit seulement du premier tome (mais comme c’est une adaptation de roman, je crains que ce ne soit un problème de l’œuvre originale)…
On trouve à la fin du manga une interview de la mangaka et de l’auteur de la saga de roman, qui est très intéressante et ce petit bonus était tout à fait bienvenu.
En tous cas, j’ai très envie de découvrir la suite d’Arslân !