Editeur : Monsieur Toussaint Louverture
Nombre de pages : 382
Résumé : Cheveux désespérément roux, visage constellé de taches de rousseur, Anne Shirley est une petite fille curieuse, pleine d’énergie, souvent perdue dans ses pensées, parfois d’une gravité solennelle. Orpheline à l’esprit vif, à l’imagination sans bornes et qui adore employer de « grands mots », Anne se retrouve par erreur chez Marilla et Matthew Cuthbert qui attendaient un garçon pour les aider à la ferme. Elle va bousculer le calme et la monotonie de la vie à Green Gables, en semant partout joies et rêveries, en dénichant la beauté dans les moindres recoins, et en ne s’exprimant qu’en points d’exclamation.
Un grand merci aux éditions Monsieur Toussaint Louverture pour l’envoi de ce volume et à Babelio pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -« Anne soupira.
– Eh bien, encore un espoir déçu qui s'envole. Ma vie est un vrai cimetière d'espoirs déçus. J'ai lu cette phrase quelque part, et ça me console de la répéter à chaque fois que je connais une nouvelle déception.
— Je ne vois pas en quoi ça peut vous consoler.
— Mais si, c'est tellement beau et romanesque, comme si j'étais l'héroïne d'un livre, vous comprenez ? J'adore tout ce qui est romanesque, et un cimetière rempli d'espoirs déçus est, à mon avis, la chose la plus romanesque qui soit. »
- Mon avis sur le livre -
Mais qu’est-ce qu’il est beau ! me suis-je exclamée, folle de joie, en découvrant cet ouvrage dans ma boite aux lettres – le premier livre reçu dans ma nouvelle maison, n’est-ce pas follement prometteur ? Il m’a fallu de très nombreuses minutes pour m’arracher à ma contemplation ébahie, pour cesser de le tourner dans tous les sens afin d’admirer les magnifiques reflets qui naissaient à la lumière, pour arrêter de le serrer contre mon cœur comme on enlace un ami fraichement retrouvé. J’avais eu tellement peur qu’il ne trouve pas le chemin jusqu’à ma nouvelle demeure, qu’il erre interminablement entre les deux maisons, que j’ai eu envie de valser avec lui dans la cour, quitte à passer pour une folle aux yeux de mes nouveaux voisins … Je l’attendais avec tellement d’impatience, et il était enfin arrivé ! Ni une ni deux, ma lecture prévue initialement a retrouvé sa place sur les étagères, cédant sa place aux aventures de la petite Anne (avec un E), que j’aimais déjà beaucoup dans la série Netflix, mais que j’étais certaine d’apprécier encore plus dans le roman !
Afin d’aider son frère Matthew à la ferme, Marilla Cuthbert a consenti à ce qu’ils adoptent un petit orphelin, demandant à la très respectable Madame Spencer de leur trouver un garçon intelligent et travailleur. Mais le jour venu, c’est une petite fille qui attend à la gare : une fillette maigre comme un clou, pâlichonne, au visage constellé de taches de rousseur et aux cheveux indéniablement, irrémédiablement, indiscutablement roux. Du haut de ses onze ans, Anne – avec un « e », c’est plus distingué que sans – déborde d’imagination et peine à réprimer tous les « grands mots » qui lui traversent sans cesse l’esprit. Malgré ses réticences, Marilla cède une fois de plus aux folies de son cadet, et accepte de garder cette petite diablesse qui parle trop pour son propre bien et passe la plupart de son temps à rêvasser et à converser avec les fleurs du jardin. Petit à petit, la petite maison de Green Gables, qui n’a jamais connu l’insouciance et l’innocence d’un enfant, se transforme en foyer rayonnant des joies et des peines de ce petit bout d’humanité assoiffé d’amour et de romantisme …
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le contenu est plus sublime encore que le contenant : l’objet-livre est déjà un vrai régal pour les yeux, mais l’histoire, elle, est un ravissement pour le cœur et pour l’âme ! « Joli ? Ce n’est pas le bon mot. Ni beau non plus. Ils ne sont pas assez forts. Oh, c’était magnifique, vraiment magnifique ! Ça m’a fait du bien là, dit-elle en posant la main sur son cœur. C’était comme une drôle de douleur, mais une douleur agréable ». Ces quelques lignes résument parfaitement bien mon ressenti vis-à-vis de ce livre : tous les mots qui me traversent l’esprit ne sont pas assez puissants, sont en vérité bien fades, pour exprimer avec justesse à quel point j’ai apprécié ce livre. Les mots me manquent, littéralement, pour vous transmettre la splendeur de ce récit incontestablement unique. J’ai tellement peur de le ternir en usant de mots ordinaires, alors qu’il est parfaitement extraordinaire. Certains diront sans doute que l’histoire est d’une banalité affligeante – qui, aujourd’hui, aurait encore envie de lire les aventures d’une petite orpheline pleine de vie qui débarque dans une maison austère ? – mais je vous exhorte vraiment à ne pas écouter ces petites voix médisantes : ce livre est un vrai bijou, un trésor littéraire comme on n’en trouve que peu de nos jours !
La plus grande force de ce livre, c’est bien sûr la petite Anne, cette orpheline aux cheveux de feu et aux rêves plus grands qu’elles, qui s’émerveille de tout. Je me suis immédiatement sentie très proche d’Anne, cette enfant à l’imagination débordante qui ne laisse rien ni personne étouffer les rêveries qui l’entourent comme un cocon de douceur, cette jeune fille qui ouvre des yeux ébahis sur tout ce qui l’entoure sans jamais perdre cette joie et ce ravissement. Mais aussi cette enfant qui cherche désespérément son amie de cœur, son âme jumelle, qui a tant besoin d’être aimée pour ce qu’elle est et non pas pour ce qu’elle devrait devenir. Comment ne pas se laisser attendrir par cette gamine débrouillarde mais si maladroite, qui plonge souvent tête la première dans toutes les mésaventures possibles mais en ressort toujours avec le sourire et la volonté de faire mieux la prochaine fois ? Marilla elle-même n’y parvient pas : c’est admirable de voir cette vieille fille, sévère et terre à terre, s’ouvrir progressivement à la tendresse et à la fierté à chaque fois qu’elle pose ses yeux fatigués sur cette petite fille qui a ramené de la vie dans leur foyer ! Cette histoire, c’est vraiment ça : une vraie bouffée d’air frais, un vrai rayon de soleil dans notre vie bien triste et monotone … On la savoure et on en redemande !
Tout comme Anne, nous tombons amoureux d’Avonlea et de Green Gables au premier regard : on s’y sent vraiment comme chez nous, dans ce petit village, dans cette petite maison entourée de forêts. La nature, dans ce livre, n’est pas un simple décor, mais un personnage à part entière : elle entoure Anne de tous ses petits bras branchus et fleuris, elle lui accorde le réconfort dont elle a besoin, lui apporte la compagnie bienveillante à laquelle elle aspire. Quand on aime la nature, on ne peut qu’être comblé par les sublimes descriptions qui parsèment le récit, et on se sent comme rasséréné par l’évocation de ces paysages grandioses. Plus globalement, c’est vraiment un récit qui fait du bien, qui nous apaise, qui nous console. Il y a cette douceur, inouïe, qui nous réchauffe le cœur, comme si l’autrice tissait autour de nous une couverture bien moelleuse qui nous protège des assauts du monde extérieur. Il y a cet humour, si discret mais tellement rafraichissant, qui nous invite à ne jamais se laisser décourager par les moqueries et les jugements, mais à les prendre à contre-pieds. Et il y a cette légère mélancolie, cette discrète nostalgie, qui loin de nous attrister, participe à cette ambiance franchement délicieuse qui nous donne vraiment envie de quitter notre époque pour rejoindre celle, bien plus simple, d’Anne …
En bref, vous l’aurez bien compris, je pourrais passer des heures à tenter vainement de vous exprimer toute la puissance et la magnificence de ce roman sans jamais y arriver complétement. Car c’est vraiment un ouvrage exceptionnel, que j’ai dévoré à toute vitesse tout en le savourant tout doucement. Anne est une jeune héroïne vraiment très attachante, avec ses qualités mais aussi tous ses défauts, avec ses rêves mais aussi ses désillusions, c’est un vrai bonheur que de la suivre dans toutes ses (més)aventures, de la voir s’épanouir au fil des années, de la voir profiter de cette nouvelle vie, de cette nouvelle chance, de cette véritable renaissance. Ce livre, c’est tout à la fois une ode à la nature, à l’amitié, à l’imagination, un appel à vivre pleinement sans se laisser étouffer par les conventions et les « qu’en dira-t-on », une invitation à réaliser ses rêves au lieu de les laisser se déliter dans les tristes nuits du pragmatisme, une exhortation à ne surtout jamais refouler nos émotions, qu’elles soient douces ou amères, car elles font de nous ce que nous sommes vraiment. Ce n’est plus seulement un coup de cœur, c’est une véritable révélation, et il ne fait aucun doute que je donnerai à ce livre une place de choix dans ma bibliothèque et dans ma vie !