La chevauchée sauvage d’un réparateur d’aspirateurs

La chevauchée sauvage d’un réparateur d’aspirateurs

Il faut flinguer Ramirez – Acte 2 (Nicolas Petrimaux – Editions Glénat)

Qui est vraiment Jacques Ramirez? Jusqu’il y a peu, ce petit homme muet et moustachu était considéré comme un employé modèle du service après-vente de Robotop, une entreprise d’électroménager établie à Falcon City, en Arizona. Lorsqu’il s’agit de réparer un aspirateur, il n’y a pas deux techniciens aussi doués que lui. Il est même capable de le faire les yeux bandés. Mais l’employé modèle mènerait-il une double vie? La police le soupçonne en effet d’être le cerveau derrière le terrible attentat qui vient de détruire le siège de la Robotop, entraînant au passage la mort de plusieurs dizaines de personnes. Elle le recherche donc activement. Pour ne rien arranger, Jacques est également traqué par le sanguinaire cartel de Paso Del Rio, qui croit reconnaître en lui le légendaire Ramirez, le pire assassin que le Mexique ait jamais connu. Ce dernier était un « nettoyeur » qui travaillait autrefois pour le cartel, mais qui a trahi les siens. En réalité, ce Ramirez-là était le père de Jacques, qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Au milieu de tout le chaos causé par l’attentat, le vieux Ramirez ressurgit d’ailleurs d’on ne sait où pour essayer de récupérer son fiston et le convaincre de devenir lui aussi un « nettoyeur ». Cette fois, c’en est trop pour le réparateur d’aspirateurs: il décide de fuir la ville en compagnie de Chelsea Tyler et Dakota Smith, deux jeunes femmes qui cherchent comme lui à échapper à la police. Par le plus grand des hasards, elles ont braqué une banque à Falcon City le jour même de l’attentat contre la Robotop. Du coup, elles se baladent avec 2 millions de dollars. Et c’est reparti pour une chasse à l’homme explosive à travers le désert américain! Mais Jacques Ramirez garde la tête froide. Malgré la cavalerie lancée à ses trousses, il tient à tout prix à se rendre au festival de musique de Stone Creek. Il faut dire que l’édition de cette année est marquée par le retour très attendu des Tulip N’ Rifles et des Turbo Blind Jets, deux groupes de rock légendaires que Jacques apprécie particulièrement…

La chevauchée sauvage d’un réparateur d’aspirateurs

Sorti en 2018, le premier acte de la série « Il faut flinguer Ramirez » avait été un énorme succès surprise, grâce à ses graphismes dynamiques et son univers complètement décalé. Autant dire que la suite était particulièrement attendue. Heureusement, cette pression ne semble pas avoir désarçonné Nicolas Petrimaux, qui frappe une nouvelle fois très fort avec ce deuxième album au moins aussi déjanté que le premier. Petrimaux, qui vient de l’univers du jeu vidéo, n’hésite pas à réinventer les codes de la bande dessinée dans « Il faut flinguer Ramirez ». On s’en rend compte dès la première page de cet Acte 2, puisque l’auteur a l’excellente idée de proposer à ses lecteurs un code QR pour accéder à un résumé du premier tome en vidéo, histoire de se remettre à jour avant de replonger dans les aventures loufoques de Jacques Ramirez. Ce qui frappe surtout dans cette BD, qui est une sorte de mélange détonant entre « Grand Theft Auto » et un film de Quentin Tarantino, c’est l’humour très particulier de Nicolas Petrimaux. L’auteur prend un malin plaisir à reconstituer un décor qu’il situe en 1987, en intégrant dans ses planches des fausses publicités pleines de second degré pour servir d’intermèdes. Dans ce nouveau tome, il va même jusqu’à insérer plusieurs pages d’un pseudo-magazine people intitulé « Voici-Voulou », dont le contenu est à mourir de rire. Et puis bien sûr, il y a les personnages, qui sont un autre grand point fort de cette série. A côté de Jacques Ramirez, qui est certainement le muet le plus intéressant de l’histoire de la bande dessinée, on retient surtout le père de Jacques, qu’on découvre mieux dans ce deuxième épisode, ainsi que les volcaniques braqueuses Chelsea et Dakota bien sûr, mais aussi le mafieux Hector, qui révèle lui aussi quelques facettes inattendues de sa personnalité. C’est rythmé, c’est drôle, ça explose dans tous les sens… bref, ce deuxième épisode de la série « Il faut flinguer Ramirez » nous offre une nouvelle fois un improbable cocktail survitaminé. Vivement la sortie de l’Acte 3!