Ce genre de petites choses de Claire Keegan

Ce genre de petites choses de Claire Keegan

Ce genre de petites choses

Claire Keegan

Traduit de l’anglais (Irlande) par Jacqueline Odin

Sabine Wespieser éditions

2020

112 pages

« La dernière blanchisserie de Magdalen d’Irlande a été fermée en 1996. On ignore combien de filles et de femmes ont été cachées, incarcérées et forcées à travailler dans ces établissements : 10 000 est l’estimation la plus basse. » nous dit Claire Keegan dans une note finale.

J’ai été, il y a quelques années, choquée, marquée par le film The Magdalene sisters  réalisé par Peter Mullan.

Ce récit aborde ce sujet sous un angle nouveau. C’est comme un conte de Noël. Un homme qui livre le bois au couvent découvre une jeune fille au fond de la réserve à charbon. Que faire ? Prier avec les autres comme si de rien n’était ? Accepter ce que l’institution et les autorités religieuses laissent faire, voire cautionnent ? Ou agir à son humble niveau, parce qu’un jour quelqu’un a osé agir de la sorte pour soi ? Quel comportement adopter face à l’injustice ? Être capable de se regarder dans le miroir le reste de sa vie même si notre décision a eu de lourdes conséquences, ou ignorer ce qui se passe, regarder ailleurs, et continuer sa petite vie tranquille mais ne plus jamais passer devant un miroir…

Bill Furlong est un héros ordinaire qui nous met du baume au cœur. Claire Keegan axe son récit sur cet homme, sur ses pensées, ses hésitations, ses actes.

La délicatesse et la suggestion, c’est ce qui caractérise l’écriture de Claire Keegan. Ses textes sont courts mais puissants, évocateurs. Dans un style épuré, elle parvient toujours à provoquer une émotion forte chez son lecteur. L’auteure égrène tout au long de son texte des remarques sur les difficultés économiques, la rudesse du climat, sans s’appesantir, juste pour que le contexte soit posé. Reste au lecteur à créer son film dans sa tête, ce qui est aisé, tellement le style de Claire Keegan laisse une grande part à l’imagination.