Tromper. Trahir. Etre infidèle. Tout ça c’est du pareil au même. Lorsque la confiance en l’autre a disparu, il ne faut pas grand chose pour transformer l’amour en colère et la colère en haine. Juste après l’amour dissèque ce moment où un mariage prend fin parce que le contrat a été rompu et la promesse non tenue.
Cette couverture rouge sang ou rouge passion est associée dans mon esprit à un roman qui m’a bousculée l’été dernier : A trop aimer d’Alissa Wenz. Il y était question de l’amour qui fait mal, celui qui brise et qui anéantit celle qui aime trop car elle s’aime trop peu. Il m’a été difficile de me détacher de l’empreinte laissée par ce roman pour me plonger dans une autre histoire, un autre amour. Cela m’a été d’autant plus difficile qu’A trop aimer et Juste après l’amour se ressemblent en bien des points. Ces deux romans de l’intime relatent l’histoire d’une femme amoureuse, blessée puis meurtrie par l’homme qu’elle aime. Il m’a fallu du temps pour ne plus superposer les vécus, les failles, les espoirs et les peines. Les mécanismes pervers de l’un sur les infidélités chroniques de l’autre.
Toi aussi tu vas mourir d’amour et il ne s’en apercevra pas… Les hommes ne voient pas les cadavres qu’ils laissent derrière eux… C’est ça la différence entre les hommes et les femmes…
Les impressions laissées par le premier roman sont venues parasiter le ressenti de ce second. J’ai essayé de toutes mes forces de les séparer dans mon esprit pour apprécier pleinement et uniquement Juste après l’amour mais je n’y suis pas vraiment parvenue. Peut-être que si j’avais lu ce roman de manière isolée je me le serais pris en pleine poire, j’aurais apprécié pleinement la plume de l’auteure, la sensibilité apportée aux personnages, les mécanismes psychologiques mis en œuvre pour anéantir l’autre parce que l’on souffre, parce qu’il nous a déçu, parce que l’on ne représente plus rien pour lui.
Huit ans de mariage. Huit ans où il l’aura arrachée à sa vie solitaire pour lui faire croire qu’ils seraient deux pour traverser les épreuves, deux pour faire face au monde, deux pour être plus solides. Huit ans où il lui aura fait de fausses promesses, sans doute pour s’offrir un état civil plus sérieux, plus stable pour signer ses contrats. Huit ans où elle aurait pu rencontrer une autre personne et avoir des enfants.
Peut-être que cette femme trompée qui voit son mariage et huit années de sa vie partir en fumée m’aurait davantage heurtée. Peut-être bien mais en attendant, ces deux titres se télescopent dans mon esprit et me ramènent à la même histoire, les mêmes rouages, le même profil de femme victime et d’homme bourreau. Je n’ai pas plus apprécié l’histoire parallèle que l’auteure a souhaité intégrer à son récit. La vie de Sylvan, SDF qui croisera la route de l’héroïne me parait totalement invraisemblable. La ficelle est trop grosse, c’est trop artificiel et l’on voit rapidement comment les choses vont tourner. Non, vraiment je n’y ai pas cru une seule seconde tout en comprenant bien pourquoi ce personnage invraisemblable avait été introduit dans cette histoire. C’est trop cinématographique à mon goût, la littérature peut être plus subtile que ça.
Je termine donc ce livre en étant malheureusement déçue à la fois de la redondance entre les titres et du côté prévisible de celui-ci. J’ai conscience qu’il s’agit d’un thème à la mode qui entraîne inévitablement la production de nombreuses œuvres mais dans ce cas la comparaison est inévitable et passer en second n’est jamais chose facile.
L’ESSENTIEL
Juste après l’amour
Sarah MARTY
Editions Denoël
Sorti en GF le 04/11/2020
304 pages
Genre : roman intime, autobiographique
Personnages : elle, lui et Sylvan
Plaisir de lecture :
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : A trop aimer d’Alissa Wenz, Rien n’est noir de Claire Berest, Vivre ensemble d’Emilie Freche
RESUME DE L’EDITEUR
« Elle se lève, fait le tour de la table, s’approche de lui. Debout, alors qu’il est encore assis, elle le domine. Il ne comprend pas pourquoi elle s’est levée, il la dévisage avec étonnement. Dans les yeux de sa femme ce sont des poignards qui dansent. Les voit-il ? » Heureuse, elle plaçait leur amour au-dessus de tout jusqu’au jour où elle découvre que son mari mène une double vie. Elle, écrivain, reporter de guerre, se retrouve submergée par la douleur de la trahison. Dévastée, elle choisit pourtant de ne pas confronter son mari à la vérité. Dans un huis clos étouffant, elle observe le traître, supporte son regard, son corps devenu étranger. Peu à peu, elle perd pied, flirte avec la folie jusqu’à ce que naisse l’idée d’une vengeance implacable. Juste après l’amour dessine l’itinéraire d’une femme trompée. Un roman coup de poing qui dénonce une autre forme de violence, celle qui détruit les êtres à force de mensonge et de trahison.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Juste après l’amour
- C’est une histoire très dans l’air du temps
- Le travail sur la psychologie des personnages est abouti
- La plume est agréable
3 raisons de ne pas lire Juste après l’amour
- A mon sens, ce roman n’apporte rien de nouveau dans son genre
- C’est un roman qui peut s’avérer difficile à lire pour des personnes ayant vécu de type de situation
- La fin est très (trop ?) cinématographique
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