Sous le Soleil exactement, de Anne-Fleur Multon et Diglee

Sous le Soleil exactement, de Anne-Fleur Multon et Diglee

Sous le Soleil exactement, de Anne-Fleur Multon (texte) et Diglee (illustrations), Poulpes Fictions, Année (2018), 214 pages.

L’histoire

Après leur rencontre, sur les réseaux sociaux, dans le tome 1, et la création de leur chaîne YouTube, « Allô Sorcières », Aliénor, Itaï, Azza et Maria sont de retour en France, près de Lyon, pour y passer un été toutes ensemble. Elles y sont invitées par le grand-père d’Aliénor, qui espère recoller les morceaux avec sa petite-fille guyanaise. Il habite dans un grand manoir aussi mystérieux qu’inquiétant, propice aux déambulations de quatre amies, à l’imagination débridée et caméra au poing !

⭐⭐⭐⭐⭐

Note : 5 sur 5.

Mon humble avis

La suite de Viser la lune était sur ma liste depuis qu’elle était sortie et quelqu’une me l’a offerte ce Noël, ce qui tombait à pique puisque j’avais envie d’une lecture rapide et sympathique. J’avoue, honteusement, avoir eu un mouvement de recul au début en me demandant si tout de même un livre jeunesse là tout de suite c’était pertinent pour moi. Et je m’en veux terriblement d’avoir pensé ça parce que j’ai enchaîné les livres ces dernières semaines et je ne les avais pas autant apprécié que Sous le soleil exactement. Dès les premières pages, je me suis sentie très bête d’avoir pensé ça. La preuve qu’il faut que je lise plus souvent de la littérature jeunesse, histoire de ne pas oublier à quel point c’est important et à quel point j’adore ça.

On retrouve les héroïnes de Viser la lune dans cette suite, du point de vue cette fois-ci de la jeune Maria, québécoise et fan de séries. J’ai énormément apprécié que la narration intègre des expressions et mots typiques du parler québecois, vu qu’on a accès au point de vue d’une québecoise, cela faisait tout à fait sens ! Et nulle inquiétude pour les personnes qui ne savent pas ce que « criss », « ostie » et autres « calissement » signifient : le contexte est souvent suffisant mais au cas où, des notes de bas de page précisent leur définition.

À nouveau, des aventures rocambolesques attendent les quatre amies, entre une chasse au trésor dans le manoir du grand-père d’Aliénor, le sauvetage d’un jeune homme, la découverte d’un secret derrière la mairie de Saint-Julien, la rencontre de Clara, une jeune chercheuse en histoire qui pense être sur une piste qui l’aiderait pour sa thèse… et toujours avec des moments de tendresse, d’entraide et de sororité pour cette petite bande. Avec bien sûr, beaucoup d’humour. On n’a pas le temps de s’ennuyer, d’autant que le suspens qui termine tous les chapitres encourage à continuer la lecture !

Comme dans Viser la lune, ces aventures et cet humour n’empêchent pas l’autrice d’aborder des sujets très sérieux, au détour d’une phrase souvent et sans s’y attarder, en dénonçant simplement des comportements problématiques (l’appropriation culturelle par exemple) et en apprenant l’histoire d’une ancêtre d’Aliénor qui avait lutté contre la colonisation de l’Inde par l’Empire britannique.

« Moi, je trouve ça bizarre qu’elle mette un sari alors que ce n’est pas sa culture. C’est comme en Nouvelle-Calédonie, c’est toujours un peu gênant quand des métros s’habillent avec des robes mission. »

Les quatre amies parlent aussi de sujets lourds, comme les complexes sur leurs corps d’adolescentes, ou encore Maria qui se livre sur son quotidien de diabétique, et la grossophobie dont elle est victime. J’ai aussi beaucoup apprécié la dénonciation de l’islamophobie qui touche le personnage d’Azza depuis qu’elle a décidé de porter le voile.

Ça n’était pas une nouvelle, cette dame était clairement raciste. Et, avec Azza, elle ne se privait pas : elle la regardait de manière soupçonneuse et elle refusait ostensiblement de lui adresser la parole. C’était une attitude bête et méchante, mais, pour mon amie, c’était aussi blessant, humiliant même. Azza était d’ailleurs en train d’expliquer que ce type de remarque s’étaient intensifiées cette année, depuis qu’elle avait décidé de porter un voile, comme sa maman.

On retrouve également de nombreuses références à la pop culture, allant de Yuri on Ice, Downtown Abbey ou encore Beyoncé. Les dessins de Diglee sont toujours aussi magnifiques et donnent encore plus de vie à ce roman.

Bref, cette lecture était une formidable aventure que je recommande, peu importe l’âge !