5 questions à…

5 questions à…

Alexandra Koszelyk est enseignante au collège. Ses domaines d’enseignement sont le français, le latin et le grec ancien. Son premier roman A crier dans les ruines est paru en août 2019. Son deuxième roman La dixième muse est sorti en janvier 2021.

Alexandra_Koszelyk©Patrice Normand

  • Comment t’es venue l’envie d’écrire ?

Voilà une dizaine d’années, je suis tombée sur un concours : il fallait raconter un souvenir culinaire. L’exercice m’a plu, j’ai envoyé ma participation et je l’ai remportée. J’avais aimé l’exercice et en retour un jury validait mon texte. Je me suis sentie légitimé d’écrire. A ce moment-là, le regard d’autrui est important pour oser. J’ai alors commencé à traquer les propositions d’écriture sur le net, puis je me suis inscrite à un forum d’écriture : nous devions écrire à partir d’un thème ou de mots-clés. Là encore, le plaisir était là. Mais j’écrivais trop sporadiquement, j’ai eu envie que l’écriture soit plus fréquente, j’ai alors crée un atelier d’écriture dont le but était d’écrire à partir d’une photo. 

Je me suis exercée sur des formats courts, pendant huit ans. C’était une routine bien agréable. Et puis, en 2015, Pierre Raufast m’a demandé pourquoi je ne passais pas au format long. L’idée a mis un an à germer, puis en 2016 j’ai commencé l’écriture de A crier dans les ruines. Vous connaissez la suite. J’ai publié mon premier roman en 2019, puis mon deuxième en 2021. 

  • Ton deuxième roman La dixième muse semble s’inspirer de la mythologie grecque. Est-ce une influence de ta profession ?

Je pense que tous les mythes contiennent déjà en germe toutes les histoires que nous créons, ils étaient un enseignement indispensable pour la construction d’un être. Et, à mes yeux, ils le sont restés. Il n’y a qu’à voir les élèves, quand on leur en raconte : ils ne sont jamais aussi attentifs que dans ces moments-là. Il y a un silence incroyable, teinté d’une véritable écoute. Pour quelle raison ? Parce que les mythes nous enseignent toujours des choses. Ils sont éternels. 

Voilà sans doute pourquoi mon écriture puise dans les mythes, je regarde la réalité sous leurs prismes. Mon quotidien est baigné par la mythologie, je suis nourrie par ces références et pour n’importe quel exemple un mythe me vient en tête. 

Et puis, je pense vraiment que ces derniers temps, nous étions comme coupés des choses essentielles, nous étions devenus des êtres sans racines. Il me semble important de renouer avec les mythes païens pour cette raison, pour nous enraciner, revenir à l’essentiel, à l’origine. En somme, je dirais que ce n’est pas ma profession qui m’influence, mais plutôt que j’ai choisi d’enseigner les langues anciennes, car les mythes ont toujours peuplé ma vie.

  • Pourquoi avoir porté ton choix sur Guillaume Apollinaire ?

J’ai découvert ce poète en classe de première. Nous devons être nombreux à l’avoir lu au lycée. Mais loin de se terminer ici, ma découverte de Guillaume Apollinaire a perduré. Je suis même tombé sur « Nuit rhénane », quand j’ai passé le concours pour enseigner. Il m’a porté chance. 

En écrivant A crier dans les ruines, je me suis remise à la poésie, à en lire ou à en écrire, c’est tout naturellement que mon choix s’est porté sur Apollinaire. 

Puis, j’ai eu envie d’approfondir, j’ai acheté des biographies, les ai lues. Certains passages m’ont interpellée, notamment son voyage à Stavelot. Voici comment commence une idée de roman … 

  • Ton roman est très documenté. Comment as-tu procédé lors de l’écriture ?

Je me suis fait des fiches sur chaque personnage, j’ai lu leur biographie, mais surtout je me suis plongée dans leurs œuvres. Ce qui m’intéresse dans la fiction, c’est de combler les blancs, en fonction des indices que la réalité nous a laissés, creuser un sillon qui n’est pas encore exploité. Une fois les fiches faites, j’ai laissé mon esprit les digérer, car ainsi on fait siennes ces informations, elles se colorent sans doute de notre propre expérience, alors seulement j’ai écrit mes chapitres autour d’Apollinaire. Ce sont eux qui sont arrivés en premier. Si on compte le début des recherches jusqu’à sa publication, il m’a fallu trois ans pour écrire ce roman. 

  • As-tu déjà de futurs projets ?

Oui, j’ai commencé à écrire mon troisième livre. Je l’ai commencé cet été, en attendant les corrections de mon éditeur sur le deuxième. Et l’idée du quatrième a aussi germé. Je ne pourrais plus ne plus écrire, c’est devenu une nouvelle forme de respiration. 

AFDV_A-Crier_couv 9782373051001