Les gens heureux lisent et boivent du café – Agnès Martin-Lugand

" Ils étaient partis en chahutant dans l'escalier. [...] J'avais appris qu'ils faisaient encore les pitres dans la voiture, au moment où le camion les avait percutés. Je m'étais dit qu'ils étaient morts en riant. Je m'étais dit que j'aurais voulu être avec eux. "

Diane perd brusquement son mari et sa fille dans un accident de voiture. Dès lors, tout se fige en elle, à l'exception de son cœur, qui continue de battre. Obstinément. Douloureusement. Inutilement. Égarée dans les limbes du souvenir, elle ne retrouve plus le chemin de l'existence. C'est peut-être en foulant la terre d'Irlande, où elle s'exile, qu'elle apercevra la lumière au bout du tunnel.

- Maman, s'il te plaît?
- Clara, j'ai dit non.
- Allez, Diane. Laisse-la venir avec moi.
- Colin, ne me prends pas pour une imbécile. Si Clara vient avec toi, vous allez traîner, et on partira en vacances avec trois jours de retard.
- Viens avec nous, tu nous surveilleras!
- Certainement pas. Tu as vu tout ce qu'il reste à faire?
- Raison de plus pour que Clara vienne avec moi, tu seras peinarde.
- Maman!
- Bon, très bien. Filez! Oust! Je ne veux plus vous voir.
Ils étaient partis en chahutant dans l'escalier.
J'avais appris qu'ils faisaient encore les pitres dans la voiture, au moment où le camion les avait percutés. Je m'étais dit qu'ils étaient morts en riant. Je m'étais dit que j'aurais voulu être avec eux.

J'ai tellement entendu parler de ce livre en bien que j'avais envie de le découvrir. J'ai d'ailleurs pu le faire dédicacer lors du Salon du Livre de Genève en 2019. L'autrice était très souriante et chaleureuse.

Diane a perdu sa fille Clara et son mari Colin dans un tragique accident. Une année est déjà passée et elle continue de sombrer dans la dépression. Elle mange à peine, boit, ne dort pas, ne se lave pas, ne vit plus. Elle peut compter uniquement sur son meilleur ami Felix pour la secouer, mais même lui peine à la sortir de sa transe. C'est un fait, Diane aurait aimé mourir avec sa famille. Elle n'arrive plus à vivre sans eux tant leur absence la brise. Pour tenter de se reconstruire, elle décide de s'exiler en Irlande, seule, pour faire le point sur sa vie. Elle laisse derrière elle sa maison avec les souvenirs de sa famille, son meilleur ami et son café littéraire : les gens heureux lisent et boivent du café.

J'ai tout de suite été profondément touchée par le malheur de Diane. Ce qu'elle vit est juste horrible. L'auteur a réussi à merveille à nous retranscrire sa souffrance et ses émotions. Dès le début, j'ai eu les larmes aux yeux face à sa détresse. J'ai éprouvé de la compassion pour ce personnage. Diane est malgré tout une femme forte puisqu'elle est capable de se remettre en question et de reprendre sa vie en main. Malheureusement pour elle, son arrivée en Irlande ne va pas être du goût de son nouveau voisin Edward.

Edward est un personnage avec lequel j'ai été très dubitative. Les joutes verbales avec Diane étaient, pour certaines amusantes, pour d'autres très dures. En même temps, nous ne vivons pas dans un monde où les gens peuvent se montrer gentil avec vous. C'est un personnage qui est très dur avec Diane, voire même effrayant par moments. Je ne comprenais pas toujours ses réactions et surtout vers la fin du roman où j'avais l'impression qu'il ne savait pas ce qu'il voulait réellement.

C'est une histoire touchante, on aborde le deuil, la reconstruction et la remise en question. Diane est un personnage auquel on s'attache et qu'on veut voir s'en sortir. L'écriture de l'auteur est fluide est descriptive. J'ai passé un très bon moment de lecture. Le seul point qui m'a dérangé c'est la mise en avant des cigarettes tout au long du récit qui était très, voire trop présente à mon goût. J'avais l'impression que c'était limite normale que tout le monde soit fumeur dans cette histoire.