Auteur : Cassandra O'Donnell
Éditions : Flammarion Jeunesse
Paru le : 02 décembre 2020
432 pages
Thème : Jeunesse fantastique
disponible sur le site de l'éditeur
Fait partie de la quadrilogie
Ma note :
Résumé
« Ils sont quatre, héritiers de leurs clans... Ils doivent s'unir pour survivre.C’est l’heure de l’affrontement final.
Au cœur des cités dévastées, l’ordre est donné de traquer les derniers humains. Mais au milieu des ruines encore fumantes, plusieurs voix s’élèvent dans un but commun : désobéir. En trahissant la parole donnée au Conseil, Maya, Bregan, Nel et Wan deviennent les ennemis de leur communauté. Désormais, ils ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes. »
Ma chronique
Il me tardait de lire ce dernier tome de la série de Cassandra. Ayant adoré les trois autres tomes, je l'ai regardé un certain nombre de fois dans la bibliothèque pour deux raisons. La première si je le lis trop vite j'allais être frustrée et la seconde, si j'attends trop longtemps j'allais être frustrée de ne pas savoir la fin. Cruel dilemme, car d'une manière ou d'une autre je suis FRUSTRÉE ! Alors forcément, c'est le cœur à la fois lourd d'avoir terminée cette série et super heureuse dans le même temps d'être arrivée au point final. La couverture est splendide avec le titre en relief et les deux femmes qui composent la légende des quatre : Maya et Nel. Louve et aigle, deux espèces qui ne devraient pas s'entendre et pourtant, elles sont au cœur de cette évolution que tous les Yokaïs vont subir d'une manière ou d'une autre. Bref, bien qu'il s'agisse du dernier tome et qu'il devrait être basé sur Nel, comme chacun des tomes étaient positionnés sur les autres membre de ces légendes, je répète, il s'agit du dernier tome, donc l'histoire de Nel est intégré dans la grande bataille. De plus, nous l'avons suivi durant les 3 autres tomes à plus ou moins grandes lignes, alors ici, il s'agit vraiment du final qui met sur les nerfs. Les batailles sont lancées, non autant dire que la GUERRE est déjà en marche, les "bêtes" contre les humains. L'éradication de l'une de ces espèces est prévue, mais qui va la gagner ? Plus nous avons avancé dans le récit, plus nous savons déjà que ces animaux sont surprenants. Dès le premier tome il y a de la nouveauté, une façon d'évoluer et plus les tomes défilent plus nous comprenons que le final ne sera pas forcément celui que nous désirons. Quelque chose se dégage d'entre les lignes, nous sentons bien qu'il se passe un événement que ces bêtes ne pourront pas éternellement repousser. Le sous-entendu est dis depuis bien longtemps et si dans ce dernier tome ce n'est pas dit clairement à la fin, nous ne pouvons que comprendre ce qui leur arrive à tous. En attendant, le massacre est orchestré, les cadavres tombent, les mort affluent et la population diminue. Pourtant il y a cette lueur d'espoir, cette lumière qui vient de Maya. Comme l'indique le résumé, la désobéissance est de mise. Les doutes s'incrustent de plus en plus dans l'esprit de chacun. Nous les suivons tous, Maya, Nel, Wan, Bregan, mais également Hope, Mika, Dji, Jolan, Zenki, Miu et tous les autres, les anciens comme les nouveaux personnages dans une aventure hors du commun. Majesté ou non, ils vont devoir faire des choix, qui iront à l'encontre du conseil, mais leur cœur leur dicte de ne pas suivre aveuglément les ordres : ne pas faire de concessions et réduire à néant une population entière... est-ce qu'il n'y a pas une autre solution ? Après avoir lu les trois premiers tomes, il est clair que nous en savons plus sur chacune des races. L'attachement qu'ils peuvent avoir ou non envers les petits de leur propre race ou d'un autre, l'instinct maternel qui n'est peut-être pas pour tout le monde, comme le fait de gouverner les autres peut être également un fardeau. Les idées des uns ne sont pas forcément celles des autres, pourtant ils vont tous avoir un but : celui de suivre la lumière. Pour autant, la puissance de feu, ou devrais-je dire la puissance animale est surprenante. Les serpents sont forts, quasiment impossible à tuer, les loups sont endurants et rapides, les tigres sont dangereux, quant aux aigles... Ceux-là ne cessent de nous étonner. Nous évoquons ici les différentes strates des Rapaïs, les plus rapides, les plus forts, le plus sournois. La reine, la mère de Nel est toujours aussi dure, envers les siens, plus froide qu'un iceberg, prête à tout pour rester sur son trône si cela signifie tuer sa propre descendance. Nous découvrons une Nel différente du début. Les pages ont tourné, la jeune fille du premier tome était déjà plus mature que son âge, dans ce dernier, elle doit faire face à son destin. Vivre ou mourir, il n'y a pas d'autres choix. Pour autant sa dureté et froideur ne fait pas d'elle un être dénuée de compassion et cela se lit au fur et à mesure. Sa rencontre avec une humaine va lui faire prendre conscience que tout n'est pas perdu pour tout le monde. S'instruire est toujours possible, apprendre de ses erreurs, repartir de zéro, tout cela est possible s'il existe toujours le pardon, la compréhension et les règles. Le fait que Maya soit la plus maternelle des personnages va être un secours pour bon nombre d'enfants. Nous les suivons tous sur un chemin pavé d'embûches, démontrant par là même que les bêtes ne sont pas forcément ceux que l'on croit. D'ailleurs, je ne crois rien, je suis les pistes, découvrent du bon comme du moins bons dans chacun d'entre eux : humains ou non. Le combat est multiple, il ne s'agit plus d'éradiquer les humains totalement, il s'agit aussi de sauver de petites vies, de contrer un conseil qui a le droit de vie ou de mort sur chaque membre des tribus, de contrer les siens lorsque les choix ne vont pas dans le sens des lois, mais celle du cœur. Les enfants sont l'avenir, celui des uns ou des autres, mais ils sont le souffle de vie, ceux qui vont devenir des adultes. Pour cela, il faut qu'ils soient guidés du mieux pour en faire des hommes et des femmes qui sauront respecter ceux qui les entourent. J'ai beaucoup aimé les voir s'amuser entre eux, même si le danger guette, parce qu'ils ne voient pas de la même manière qu'un adulte. Les entendre avec leurs mots d'enfants, comprendre que leur vie ne tient qu'à un fil et pourtant, malgré leurs peurs et leurs tristesses ils arrivent à se serrer les coudes. Ces enfants devenus orphelins par la force des choses vont nous montrer comment ils vont devoir vivre, avec des humains qui ne savaient pas s'occuper d'eux-mêmes, des loups qui n'ont peu de patience, des aigles qui ne comprennent pas les câlins et encore moins à quoi cela sert. C'est la confrontation entre deux mondes, deux dimensions totalement différentes où l'humanité des Yokaïs va ressortir au contact de ces petits êtres démunis. L'innocence des uns radoucit les plus récalcitrants. Et dans ces derniers nous avons en première position Wan, le roi des Serpaïs, celui qui ne craint personne, qu'il soit sous forme humaine ou non. C'est un être froid, dénué de compassion, dénué de tout sauf du fait qu'il ne dort que d'un œil depuis sa naissance. Maya est surprenante, mais nous le savions déjà depuis le premier tome. Quant à Bregan, il en a rabaissé, même s'il est toujours aussi prêt à casser du serpent s'il le pouvait. Enfin Nel, j'en ai déjà parlé un peu au-dessus, elle est prodigieuse. Ce dernier tome est un ensemble qui nous emmène sur de nombreux chemins. Par le regard des orphelins nous constatons de nombreux éléments. Lorsqu'il y a une guerre nous savons déjà que certains vont fuir, d'autres vont se battre jusqu'à la mort. Il y aura aussi des pilleurs, des opportunistes, des médisants, des bienfaiteurs. C'est ce que nous retrouvons au gré des routes, des personnages qui ont des qualités et surtout des défauts. L'espoir d'un avenir pour des enfants, l'espoir que peut-être deux espèces qui sont vouées à s'entretuer puissent un jour vivre ensemble. Les relations sont évoquées, certaines tensions sont là depuis le tout début. Il est certain que Bregan a compris certains points sur Maya, tout comme elle-même sait qu'elle ne pourra probablement plus retourner vivre chez elle, chez son père, mais cela n'est qu'un moment de plus, car nous savions déjà tout cela bien avant d'entrer dans ce quatrième tome. Bien des relations ont été évoqué précédemment et il est clair que nous savons déjà les réactions de chacun sur un thème précis. La fin est assez rapide dans le sens où j'en aurais voulu plus, c'est comme avec la plupart des livres de Cassandra où j'ai une envie de ne jamais finir les sagas. Continuer avec la vie de Maya, après cette guerre, même si nous en avons un petit morceau. Le côté joueur, les règles strictes de Nel et le dépassement de soi de Wan. Il est vrai que si une suite, dans le sens où un spinoff voyait le jour, je ne serais pas contre, bien au contraire. L'alliance de ces quatre légendes va bouleverser le monde entièrement. Leur destin initial va bien changer, mais c'est pour la bonne cause. L'épilogue nous emmène bien loin d'eux, sur ces mêmes terres. C'est un moment pur d'émotion que nous propose l'auteur en comprenant ce qui a pu se passer sans l'écrire. Notre imagination est mise à contribution, mais depuis le début de cette série, nous savions déjà comment cela devait se terminer.
En conclusion, j'ai adoré suivre les aventures de nos quatre héros. Ils ont su m'emporter dans leur monde avec les bons et les moins bons côtés. Les légendes sont toujours tirés de faits réels, et si cette histoire venait d'un temps lointain ? Les scènes de bataille sont très bien orchestrées et adaptés aux jeunes (et au moins jeunes), tandis que le changement et l'évolution des personnages s'effectuent en douceur. Il suffit parfois d'un toucher pour comprendre que le monde va changer et que pour y arriver, il faut parfois se détourner d'un ordre, quitte à devenir un traître. Après tout, la beauté du monde, c'est la diversité, pas vrai ? Dans tous les cas, si vous ne l'avez pas commencé cette série, je ne vous poserais qu'une question : vous attendez quoi ?
Extrait choisi :
« ... — Oui, j'aime lire, répondit Nel.Norah n'en revenait pas. Que les Yokaïs sachent lire alors que la majorité des humains avaient oublié ce savoir depuis longtemps... — Pourquoi ?
— Parce que j'aime être surprise.
— La vie en offre pourtant beaucoup... de surprises, répliqua Norah d'un ton amer.
Nel haussa les épaules. —La vie est une histoire dont on connaît déjà la fin.
La Rapaï disait vrai. Tout le monde finissait toujours par mourir. Et ça, qu'on soit Yokaï ou humain, mais... — L'intérêt de l'existence ne réside peut-être pas dans sa destination mais dans tout ce qu'il se passe avant. Dans les pages qu'on tourne avant que l'histoire ne se termine, répondit Norah.
Nel la dévisagea et révisa l'idée qu'elle se faisait de Norah. Oui, il n'était pas impossible qu'elles puissent devenir amies, finalement...»