Alors que Cuba se prépare à recevoir Félix le cyclone, Mario Conde est désespéré, le commissariat vient d’être épuré de ses éléments corrompus et le Vieux, son boss, mis à la retraite anticipée. Super Mario remet sa démission à son nouveau patron qui la refuse, sauf si l’inspecteur réussit un élucider en moins de trois jours, un meurtre impliquant des détenteurs de passeports américains. Une course contre la montre s’engage…
Concernant l’intrigue policière, il y a le cadavre émasculé d’un Cubain, exilé aux Etats-Unis mais revenu depuis peu sur l’île pour une raison inconnue. Son passé le rattache aux vagues d’expropriations et à la fuite de la bourgeoisie cubaine en 1959, au moment où Castro renverse Batista ; un trafic d’œuvres d’art de très grandes valeur…
Avant de rédiger ce billet, j’ai relu ceux écrits précédemment sur les autres romans de l’écrivain et force est de constater que je vais devoir me répéter ; ça me chagrine mais je me console en me disant que si même vous les avez lus vous aussi, vous ne les avez pas mémorisées comme les saintes écritures !
Donc, pour ceux qui ne connaitraient pas cet écrivain, sachez que Leonardo Padura n’est pas un auteur de polars, mais un écrivain rédigeant des romans dont le héros est un policier. Ca n’a rien de péjoratif pour les auteurs de polars, mais ici l’écriture, le style, le fond, passent avant l’intrigue proprement dite. Le meilleur n’est pas dans l’enquête et la résolution du meurtre, il est dans les pages où Mario Conde est avec ses amis, sa bande habituelle (Flaco Carlos dans son fauteuil roulant, El Conejo « qui pouvait à peine dissimuler ses dents hors du commun derrière sa lèvre supérieure », Andrès le médecin ou Josephina qui leur mitonne à tous de délicieux repas, sans que j’ai encore compris où elle se procurait ses produits puisqu’il y a des cartes de rationnement). On se régalera aussi de très belles pages où notre héros évoque les souvenirs de sa mère ou fait le constat, bilan de sa vie, lui le flic macho et carrément homophobe, avant d’être profondément émus lors d’un entretien final entre le Conde et le Vieux.
Comme dans ses précédents romans, Padura tisse en arrière-plan la situation de son pays, lâchant quelques piques politiques (« des plans quinquennaux importés des plaines asiatiques peuplées d’efficaces kolkhozes et sovkhozes – ni le Conde ni le major n’avaient souvenir de la différence entre les deux ») ou sociales (« elle va te donner un cabas et le carnet de rationnement »).
Certains pourront évoquer des longueurs et je serais en peine de les contredire, en particulier quand l’écrivain sur plusieurs pages traitera de l’historique des relations commerciales entre l’Asie et l’Espagne, via Cuba… mais c’est aussi très instructif, comme quand il sera question de peinture avec Matisse et l’impressionnisme.
Conclusion, encore un bon roman de Leonardo Padura, mais comme désormais je connais assez bien le cycle Mario Conde, il serait bon que j’aille jeter un œil sur ses autres livres ?