Corps flasque, mémoire qui flanche, horizon bouché, la vieillesse est un naufrage et l’Ephad la dernière étape avant de couler pour de bon. Mais Yvonne compte vivre pleinement les rares moments positifs qui s’offrent à elle et à ses amis. A la fois forts et fragiles, ces petits vieux échappent à toute forme de caricature. Drôles, amers, tristes, joyeux, moqueurs ou amoureux, ils ne s’enferment dans aucun stéréotype et, sous les crayons virtuoses de Victor L. Pinel, s’expriment souvent davantage avec leurs attitudes et leurs gestes qu’avec des mots.
© Séverine Vidal & Victor L. Pinel -
éd. Grand Angle/Bamboo
J’avais adoré l’album précédent de ce duo d’auteurs, je retrouve ici avec plaisir leur complicité narrative où la sensibilité guide à la fois le texte et l’image. Moins engagés et vachards que Les vieux Fourneaux, leurs personnages allient avec bonheur l’humour et l’émotion, le pudique et l’intime. Les corps et les sentiments se montrent sans fard, le regard porté sur les années passées se veut lucide sans être plaintif. Pas besoin d’être geignard ni de s’appesantir sur son sort, il faut faire avec ce que l’on a, avec ce qui nous reste sans penser à ce qui a été perdu et ne reviendra plus. Ils sont beaux ces aînés croquant une dernière fois la vie à pleines dents, ce fut un indicible plaisir de faire ce plongeon à leurs côtés.
Le plongeon de Séverine Vidal et Victor L. Pinel. Bamboo, 2021. 80 pages. 17,90 euros.
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