Fahrenheit 451, la température a laquelle les livres brûlent... Tout un programme !
Imaginez un monde dans lequel les pompiers allument des feux au lieu de les éteindre.
Imaginez un monde dans lequel les hommes n'auraient le droit que de se divertir. En regardant des écrans, faisant la taille de murs, sur lesquels défilent des personnages qui les appellent, leur parlent. En écoutant du bruit, des publicités, des flashs infos.
Imaginez un monde où le simple fait de posséder un livre vous rend suspect.
Imaginez un monde dans lequel tous les suspects finissent tôt ou tard par disparaître.
Et dans ce monde, imaginez un homme, un pompier, mais voleur compulsif de livres qui ne sont jamais lus.
Imaginez cet homme faisant la connaissance d'une originale.
Imaginez cet homme perdre pied, perdre de vue ses attentes, celles de la société dans laquelle il vit et va devenir en quelques jours la seule figure de résistance...
Vous avez entre les mains le speech du roman. Avez-vous été un peu glacés par cette société qui a tant de points communs avec la nôtre ? C'est tout l'enjeu du texte.
Dans cet univers aseptisé, où les sentiments n'existent plus et même quand ils existent, on ne sait pas les nommer, Montag ne peut pas être le héros (héraut ?) d'une génération. Il est transporté par quelque chose, mais par quoi ? Conviction ? Faiblesse ? Sensibilité ? Impossible de le savoir.
Il ne s'agit pas d'un récit intimiste et humain, il s'agit d'une fable. Organisée en trois parties, la vie de Montag dans cet univers, les conséquences de sa prise de conscience, la rébellion. Dans ce parcours, il y a des passages lents, vides, mais il y a des moments que j'ai trouvés forts. Encore une fois pas humainement. Ici, tout est symbolique et c'est riche de sens ! Platon, le christianisme, les autres dystopies évidemment... Un intertexte très riche et porteur de débats.
Comment se sauver d'un tel monde ? Je vous rassure (ou non d'ailleurs !), ce n'est pas possible. La seule solution, c'est de ne pas en arriver à cette extrémité-là. Alors, lisez-le, ce court roman... Vous ne serez pas transcendés par la beauté de sa prose, par l'humanité de ses personnages, mais vous serez bousculés, dans votre vie et vos certitudes à vous ! C'est déjà énorme, non ?
Priscilla