Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 426
Résumé : En 2051, la surpopulation explose et le fossé de l’inégalité se creuse. La criminalité croissante devenant difficile à contenir au sein des prisons, le gouvernement américain décide de mettre en vigueur une toute nouvelle méthode de mise à mort sur l’ensemble de son territoire – le programme Dernière Volonté. D’immenses bâtiments blancs en forme de Fleur accueillent les criminels voués à l’exécution dans le plus grand des secrets. Quand Light O’Grim est condamné à la Dernière Volonté, il ne se doute pas une seule seconde de ce qu’il va découvrir au sein de la Fleur D’Attica…
Un grand merci à Valentin Auwercx pour l’envoi de ce volume.
- Un petit extrait -- Mon avis sur le livre -« Il y avait cette horrible vérité que le monde se fichait de vous. Chacun avait sa propre histoire – son propre drame. On passait des années à l’écrire en pensant être au-dessus du reste, et on finissait au milieu de la pile du vécu, parmi les milliards d’autres récits. Nous étions tous le premier des écrivains, mais aussi notre seul et meilleur lecteur. »
Il faut savoir que je suis une lectrice fidèle : quand j’apprécie la plume et la sensibilité d’un auteur, je n’hésite pas un seul instant avant de me jeter sur chaque nouvelle sortie, parfois même sans lire le résumé. Je suis du genre à faire aveuglément confiance aux auteurs qui ont su m’émouvoir une fois, deux fois, trois fois … Et même si je garde systématiquement un attachement tout particulier pour le tout premier livre que j’ai lu d’eux, cette sorte de nostalgie de la découverte qui fait que cette première rencontre reste toujours la plus marquante à mes yeux, je ne suis jamais déçue par les romans suivants. Le seul problème, c’est que parfois, les auteurs vont plus vites que moi : j’ai à peine terminé de lire le précédent que déjà un nouveau est annoncé ! Et quand les sorties tombent en pleine préparation de déménagement, ou bien en pleine période de partiels, ou encore en pleine phase de déprime … il me faut parfois patienter plusieurs mois avant de pouvoir enfin découvrir ce « petit dernier » qui est en réalité déjà suivi de plusieurs petits frères ! Il m’aura donc fallu … huit mois après sa sortie pour découvrir La fleur d’Attica, mais mieux vaut tard que jamais, non ?
2044. Parallèlement à l’augmentation exponentielle de la population mondiale, la criminalité explose, et les prisons sont au bord de l’explosion – ou de l’implosion. Les conséquences économiques sont désastreuses : il faut construire toujours plus de bâtiments, engager toujours plus de gardiens, et nourrir toutes ces bouches meurtrières représente un cout que l’Etat n’est plus disposé à subir. C’est ainsi qu’est institué le mystérieux programme Dernière Volonté : dans ces prisons d’un nouveau genre, les condamnés à mort jouissent d’une fin de vie décente, pour ne pas dire paradisiaque. Mais Light O’Grim ne veut pas de ce répit : il ne peut plus supporter une journée de plus avec le poids de la culpabilité pesant sur ses épaules. Il veut payer le prix fort pour la mort de son petit frère, dont il se sait, se sent, se pense le seul et unique responsable. Mais voilà, sa combinaison est bleue : il a donc environ une année à tenir dans cette drôle de ville intérieure, entouré de criminels plus ou moins dangereux. Au départ bien décidé à moisir dans sa c chambre à ressasser sa faute, sa très grande faute, Light ne va toutefois pas résister bien longtemps à l’envie de profiter de cet infernal sursis …
Pour être tout à fait honnête, même si j’étais particulièrement intriguée par ce concept de « fleurs pénitentielles », j’étais au départ assez mal à l’aise à l’idée de suivre un criminel comme personnage principal. Comment diable allais-je bien pouvoir m’attacher à lui, moi qui même enfant n’ai jamais donné un seul coup de pied à un camarade de classe, qui pleure dès que quelqu’un hausse un peu trop le ton et qui m’enfuie dès que le journal télévisé montre des scènes de violence ou de dévastation ? La première surprise fut donc de me sentir assez vite proche de Light : on sent confusément que dans le fond, ce n’est pas un si mauvais bougre que cela, d’autant plus qu’on voit bien qu’il regrette profondément et sincèrement son crime, tant et si bien qu’il estime ne plus avoir le droit de vivre après ce qu’il a fait. Mais la justice en a décidé autrement : le voici intégré bien malgré lui au programme Dernière Volonté, enfermé avec des centaines d’autres condamnés dans une de ces Fleurs, ces « petites villes où ils ont la chance de vivre une seconde vie » avant d’être exécutés. Un moyen comme un autre de faire accepter au monde le retour de la peine de mort … Même si en réalité, nul ne sait exactement ce qui se passe à l’intérieur de ces bâtiments, ce qui se cache derrière ce programme « bienveillant » …
C’est donc bien décidé à ne pas profiter de cette « opportunité » que Light est parachuté dans cette prison pas comme les autres. Les premiers jours, il ne sort de sa chambre que le temps d’aller « acheter » un sandwich dans une des nombreuses enseignes de la micro-cité (tout y est gratuit), puis retourne se calfeutrer en ressassant inlassablement ses remords, tout en subissant interminablement ses cauchemars. Mais son corps, ce traitre, ne supporte plus l’inaction. Alors, pour évacuer ce surplus d’énergie, il s’en va courir, toujours bien décidé à ne parler avec aucun des autres condamnés, à purger sa peine dans la solitude et le silence, puisqu’on lui refuse la punition ultime … Mais une fois encore, sa nature humaine le trahit. Et petit à petit, Light va se lier d’amitié avec certains de ses « compagnons d’infortune ». Il y a Joey, condamné pour avoir tué l’homme qui avait abusé de sa petite fille de dix ans, qui s’autoproclame son coach sportif. Il y a Jasper, connu mondialement pour être « le plus jeune condamné d’Amérique », qui du haut de ses quatorze ans clame encore son innocence. Il y a Jack, ce « vieux sage » qui lui fait prendre conscience que, peut-être, vivre est une punition bien plus cruelle que mourir pour celui qui veut être libéré de ses remords …
Comme toujours chez Valentin Auwercx, le meilleur côtoie le pire : dans ce huis-clos absolument glaçant, il y a la noirceur humaine dans tout ce qu’elle a de plus horrible, de plus atroce, de plus insupportable … mais il y a aussi l’entraide, l’amitié et l’amour qui unissent certains de ces prisonniers. Il y a la candeur de Jasper, ce pauvre gamin dont la naïveté a signé la condamnation à mort. Il y a la fragilité d’Ever. Il y a l’honnêteté de Joey. Comme des petites étoiles de douceur dans cet univers carcéral infernal. Car si certains passages sont tout simplement émouvants, d’autres sont déchirants. Car le bonheur ne tient qu’à un fil : à tout instant, l’autre peut vous être arraché pour être trainé dans le pétale blanc, celui dont on ne ressort que dans un cercueil ; à tout instant, un prisonnier peut péter un câble et reprendre au sein de la prison ses actes meurtriers en dévastant tout sur son passage. Et c’est finalement là que se situe toute l’inhumanité de ce programme soi-disant « éthique » : on fait miroiter le bonheur à des hommes et des femmes, pour ensuite mieux les piétiner de douleur. On oublie qu’avant d’être des criminels, tous ces prisonniers sont des hommes, ont été des enfants qui cueillaient des pissenlits dans la plus grande insouciance et innocence. Et la fin est encore plus horrible …
En bref, vous l’aurez bien compris, avec ce roman, Valentin Auwercx explore une nouvelle facette de la littérature et nous offre un thriller psychologique admirablement bien mené. Dans cette dystopie glaçante, ce n’est pas l’action qui nous happe mais bien les émotions : nous sommes plongés dans cet enfer légalisé sans savoir ce qui nous attend àla page suivante, nous tremblons d’effroi pour le pauvre Light et ses amis qui, sans être des anges, sont bien loin de mériter une cruauté pareille. C’est un récit très dur, très sombre. Je ne suis pas d’accord avec tous les messages véhiculés, mais je ne peux qu’approuver la réprobation sous-jacente de la peine de mort. Je ne suis pas d’accord avec toutes les actions de Light, mais je ne peux que compatir à son sort, car malgré ses crimes, il ne mérite pas la mort. C’est un récit qui fait froid dans le dos, car on se rend bien compte que quelque chose de plus inavouable encore se cache derrière ces « jolies fleurs », on devine que ce quelque chose est profondément inhumain, immoral. C’est un roman difficile, mais captivant. Un roman qui manque peut-être d’action, mais qui reste palpitant. Un roman qui me conforte dans mon envie de continuer à explorer la bibliographie de Valentin, qui excelle clairement dans tous les genres !