Le sanctuaire de Laurine Roux

Par Krolfranca

Le sanctuaire

Laurine Roux

Éditions du Sonneur

Août 2020

147 pages

Une famille s’est réfugiée dans la montagne pour échapper à un virus transmis par les oiseaux. Ils vivent là, dans le Sanctuaire, et ne sortent pas de la zone (sauf le père pour se ravitailler).

Gemma est née ici, elle n’a pas connu le monde d’avant, contrairement à sa sœur June. Avec son arc et ses flèches, elle est la chasseuse, la tueuse, celle qui permet à la famille de se nourrir.

J’avais déjà été séduite par Une immense sensation de calme même si l’histoire s’est trop vite estompée de ma mémoire (c’est le problème des romans que je lis en une journée). Ici Laurine Roux nous cueille toujours dans un décor montagneux, il y a certes un lien de parenté entre ses deux romans, mais celui-ci est moins « calme », la violence est manifeste et ne demande qu’à surgir. Notamment, au travers de la figure du père, un homme qui impose sa loi aux membres de sa famille sous le prétexte fallacieux de les protéger. Et puis il y a cet autre homme que Gemma rencontrera lors d’une partie de chasse en solitaire. Elle découvrira alors un secret… La rudesse du père s’oppose à l’extrême douceur de la mère, qui à travers, ses mots, ses gestes, n’est en fait que le reflet d’une soumission aveugle à l’autorité. Le phénomène de l’emprise d’un être sur d’autres est exposé avec subtilité.

L’écriture de Laurine Roux a une musique particulière qui a l’art de me plaire, elle a un talent pour nous immerger en plein cœur d’une nature sauvage, avec douceur et fermeté.

De la survie oui mais pas seulement, de la beauté, de la poésie, de la violence… et puis une fin pas si surprenante que ça, tous les indices, même les plus infimes, avaient été semés, pour qu’elle se dévoile doucement…

Laurine Roux c’est une voix singulière, inclassable, qui surfe, sans jamais vraiment tomber ni d’un côté ni de l’autre, sur une ligne de crête entre anticipation et nature writing, entre sensualité et sensation, entre poésie et réalité. Cette fois, je pense que je garderai en mémoire ce roman parce qu’il a créé en moi des images puissantes.