Locke & Key Volume II, de Joe Hill et Gabriel Rodriguez

Par Deslivresetlesmots @delivrezlesmots

Locke & Key Volume II, de Joe Hill et Gabriel Rodriguez, traduit de l’anglais (États-Unis) par Maxime Le Dain, Bragelonne, « Milady », 2016 (VO : 2010-2011), 336 pages.

L’histoire

Les ténèbres se referment sur Keyhouse. Dodge poursuit son insatiable quête des mystérieuses clés de pouvoir et est prêt à tout pour les obtenir. Assiégés et isolés, les enfants Locke doivent livrer un combat désespéré, dans un monde ou la nuit même est leur ennemie.

Note : 5 sur 5.

Coup de cœur

Mon humble avis

Si vous n’avez pas lu les deux premiers volumes de Locke & Key et que vous préférez conserver le mystère, cette chronique dévoile des éléments de l’intrigue, contrairement à la chronique du volume I.

La tension est toujours omniprésente dans ce volume, et on est tentées de penser à la lecture que rien ne semble pouvoir arrêter Dodge. Là où les enfants découvrent et tâtonnent avec les clés de Keyhouse, Dodge les maîtrise toutes, a un plan bien précis en tête et semble avoir envisagé toutes les échappatoires possibles et comment les contrer.

Si on en apprend un tout petit peu plus sur les origines de Zack / Dodge, l’histoire complète de la bande d’ami⋅es du père Locke et de cette nuit fatidique dans les caves inondées de Lovecraft, reste un mystère.

De nouveaux personnages entrent en scène et deviennent proches de Kinsey, et ça redonne un peu d’espoir de voir qu’elle rencontre et passe du temps avec d’autres personnes que Dodge. Même si le temps qu’elle passe avec iels n’est pas forcément moins dangereux ! Kinsey commence d’ailleurs à se rendre compte de l’erreur qu’elle a faite en se débarrassant de sa peur et de sa tristesse, surtout quand ses ami⋅es ou ses frères ne sont pas là pour l’empêcher de foncer tête baissée.

Si la mère était un personnage plutôt absent des deux premiers tomes, elle est un peu plus présente ici et l’histoire aborde en surface pourquoi elle s’enfonce dans l’alcool et ne parle pas de ce qui est arrivé le jour du meurtre de son mari. On en découvre plus également sur Rufus, le fils autiste de Ellie qui vit sous le même toit que Dodge et qui, lui, n’est pas dupe.

J’apprécie particulièrement les auteurs et autrices qui utilisent la fantasy pour critiquer notre société et j’étais ravie que ce soit en partie le cas ici, quand Kinsey et Bode utilisent une clé leur permettant de changer de couleur de peau et qu’iels sont confrontés immédiatement au racisme (ordinaire ou pas) des personnes qu’iels croisent. Pour les personnes qui craignent que cela soit trop « lourd » ou appuyé, j’ai le sentiment que c’était très bien géré : les enfants sont surpris et tristes de la situation qui se déroule sur quelques pages, avant que l’histoire passe à autre chose.

La deuxième partie de l’intégrale comprend de nombreuses ellipses tandis que sur des semaines les enfants découvrent de nouvelles clés et se font attaquer par Zack. Ces nouvelles clés et attaques sont présentées en quelques cases ou planches seulement, ce qui peut être frustrant puisqu’on aurait pu s’attendre à assister aux aventures complètes des Locke. Mais finalement, cela permet à l’intrigue d’avancer, sans devenir trop répétitive. Au contraire, la fin de cette intégrale promet encore plus de dangers pour la famille Locke, et une résolution proche, pour le meilleur ou pour le pire.

Comme pour le premier volume, les illustrations de Gabriel Rodriguez sont époustouflantes de justesse, que ce soit dans les détails (qu’ils soient pleins de fantasy ou très gores) et surtout dans les expressions des personnages : rien ne semble avoir été laissé au hasard dans le dessin de leurs visages ou de leur langage corporel. Le travail sur les palettes de couleurs contribue également à l’ambiance instaurée dans Locke & Key. En revanche, au début du quatrième tome (la deuxième moitié de l’intégrale donc), il y a un jeu avec un style de dessin tout à fait différent pour donner le point de vue de Bode et si je reconnais que l’exercice est intéressant, il m’a moyennement convaincue à la lecture et je m’en suis trouvée plus confuse qu’autre chose. Même la recherche au niveau de la construction des planches, avec des cases superposées sur une case pleine page, m’a frustrée plus qu’autre chose parce que je n’arrivais pas à visualiser la scène comme je l’aurai voulu. Mais cela ne dure qu’un chapitre et ne m’a pas empêché d’avoir un vrai coup de cœur pour ce deuxième volume !