Ici ça va de Thomas Vinau

Ici ça va de Thomas Vinau

Thomas Vinau

Alma éditeur

2012

Lu en poche, collection 10/18

133 pages

C'est l'histoire d'un homme et d'une femme qui s'aiment et qui souhaitent se reconstruire à travers la restauration d'une maison, qui n'est pas n'importe quelle maison, c'est celle de son enfance, à lui, c'est la maison d'un passé dont il n'a gardé aucune image sensible.

C'est l'histoire d'une nature sauvage, qu'ils apprivoisent, qu'ils domestiquent, d'une rivière qui coule là-bas, pas loin, et qui échappe à toute tentative de souvenir.

C'est aussi l'histoire de mots qui disent l'indicible, sans fioritures, sans poésie outrancière, simplement, des guirlandes de mots pour un espoir de vie.

C'est un texte qu'on lit et surtout qu'on relit pour mieux s'en imprégner, pour mieux se laisser couler dans ses phrases, pour se perdre avec délectation dans les méandres d'une poésie écorchée. C'est la lumière entre les pierres, la clarté au fond de l'eau, l'espoir de jours meilleurs.

C'est feutré, ça touche à l'intime et en même temps, on se surprend à découvrir des morceaux de nous, quelques reflets de notre propre questionnement.

Ce sont des mots qu'on chuchote, de peur de les laisser s'échapper, parce qu'ils ne sont jamais pesants, parce qu'ils suggèrent, ils donnent à penser, à rêver, à comprendre, et si les yeux vont trop vite, l'esprit peut perdre l'essentiel.

J'avais découvert Thomas Vinau avec Le camp des autres qui m'avait totalement emportée. L'écriture de ce poète me touche...

" Je me méfie. J'ai toujours peur que ça ne dure pas. Dès qu'il y a un moment de bonheur, de paix, je me répète que ça ne durera pas. Que le temps est un menteur. Qu'avoir quelque chose c'est commencer à le perdre. C'est comme cela que je fonctionne. C'est ce que la vie m'a appris. Si tôt. La perte. Le peu de fois où je l'ai oublié, le boomerang m'est revenu dans les dents. C'est ainsi que les crises ont commencé, je crois. En oubliant trop tout ce qu'il y avait à perdre. En se voilant la face. En se forçant à croire. La confiance ne se déclame pas. Il faut l'apprendre. Tout doucement. Il faut que quelqu'un d'autre vous l'apprenne. A grands coups de demains et de câlins. "