Cette phrase de Guy Delisle, c’est exactement ce que je me suis dit au même âge que lui quand j’ai été embauché dans une usine de crèmes glacées au début des années 90. Le rythme usant, le bruit, le côté répétitif des tâches, le temps qui n’avance pas, les horaires de nuit difficiles à supporter, la fatigue omniprésente… et la conviction qu’avec un peu de chance les études m’éviteraient de passer ma vie dans un tel environnement professionnel.
© G. Delisle -
Delcourt 2021
Au final on n’est presque dans une enquête sociologique. Ça aurait pu être passionnant, drôle ou émouvant mais en ce qui me concerne la mayonnaise n’a pas franchement pris. A l’image de la couverture l’ensemble est un poil terne, gris, tristounet. Ça manque de peps et d’entrain, on est dans l’anecdote en permanence et le seul sujet touchant (la relation au père, qui lui travaille dans l’usine depuis 30 ans) n’est que survolé alors qu’il aurait gagné à être davantage creusé je trouve.
Pas un coup de cœur donc. Attention, ce n’est pas désagréable à lire, loin de là, c’est juste que le récit ronronne trop pour soulever l’enthousiasme. Disons que je ne me suis pas ennuyé mais presque. De toute façon, en matière de BD autobiographique à la québécoise, le Paul de Michel Rabagliati garde à mes yeux plusieurs longueurs d'avance sur la concurrence.
Chroniques de jeunesse de Guy Delisle. Delcourt, 2021. 142 pages. 15,50 euros.
Les BD de la semaine sont à retrouver chez Noukette