“- Elle a mis un #MeToo. Une espèce d’onde de choc envahit mon sternum. Tout mon corps se raidit. Comme une agression.
– Putain, mais qu’est-ce qu’elle ressort cette histoire d’il y a dix mille ans ? C’est pas possible !
– C’était pas il y a dix mille ans, c’était il y a six ans, Edouard.
– Et elle dit quoi ?
– Elle raconte tout.”
Edouard et Alison, dite Ali, sont en couple depuis deux ans quand l’ex d’Edouard publie un #MeToo dans lequel elle accuse un de leurs amis de l’avoir violée. Au cours des quelques heures qui suivent, le destin d’Edouard et d’Ali bascule à tout jamais…
Alternant les voix d’Edouard et d’Ali, Déborah Saïag et Mika Tard signent un thriller psychologique haletant qui questionne la complexité de l’ère #MeToo et les répercussions d’une accusation de viol au sein d’un groupe d’amis.
D’une écriture vive et contemporaine, Ta main sur ma bouche explore la zone grise et nous force à nous interroger : qu’aurions-nous fait à leur place ?
Paru le 14 janvier 2021
Aux éditions Nil
314 pages
Contemporain
Livraddict ⎜ Goodreads ⎜ Babelio ⎜ Amazon
Je remercie la maison d’édition pour l’envoi de ce livre via la masse critique Babelio.
Note : 2 sur 5.
L’idée de ce roman écrit à quatre mains était bonne, ou du moins, elle m’avait séduite, sur le papier. Envisager le mouvement #metoo à travers les insécurités qu’il peut générer et la zone « grise » décrite comme telle par les auteurs pour désigner ce flou entre accusation et présomption d’innocence qui nous pousse à agir, ou pas. Sauf que… non, ça ne l’a pas fait. Les auteurs sont tombés dans des clichés qui ne passent pas et qui ne servent pas le sujet, bien au contraire.
Je vais commencer par les points positifs du roman. Écrit sous forme de thriller psychologique, avec une alternance de points de vue, féminin et masculin (ce qui est à mon sens déjà là assez maladroit car il est difficile de ne pas tomber dans la caricature), le récit est très bien rythmé et de fait, plutôt addictif. Je l’ai effectivement lu très rapidement ! J’ai donc évidemment apprécié ce pan agréable de ma lecture mais je déplore de trop gros défauts au niveau du fond.
Si l’écriture est assez simple et efficace, il y a néanmoins quelques tournures de phrases qui m’ont dérangées.
Ensuite, les auteurs ne sont pas allés au bout des choses, j’ai plutôt l’impression que tout est resté superficiel à travers les questionnements de personnages très égocentriques. Il y avait tellement d’axes à emprunter, c’est pourtant la simplicité et les clichés qui ont été privilégiés, au détriment d’une réflexion plus poussée et d’un focus clair et net sur la complexité du mouvement, sur la prise en compte de la parole de la victime, sur les actes de chacun.
Et que dire de la fin… Je l’ai détestée. Sans elle, j’aurais pu apprécier davantage ce roman. Je ne comprends pas cette fin. Elle est abrupte, sans queue ni tête, et pour moi, totalement tirée par les cheveux. C’est une fin qui ne sert pas le récit et qui n’offre aucune morale pertinente. Pourquoi partir dans le dramatique ? Je trouve que c’est une porte de sortie un peu trop facile, et je suis restée vraiment insatisfaite.
Je n’ai peut-être pas interprété le récit comme les auteurs l’envisageaient, toujours est-il que je suis vraiment mitigée par rapport à cette lecture. Les personnages tombent tous dans le cliché, et si je comprends bien ce qui a voulu être démontré à travers eux, j’ai trouvé ça « too much ». Le récit perd son authenticité, or, sur un tel sujet, c’est bien ce dont on a besoin. Du vrai, du réalisme, une vraie réflexion.
Le résumé était prometteur, le récit n’est malheureusement pas à la hauteur de mes espérances. Bref, je suis très mitigée.
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