Bilan des lectures de février
J’ai pas mal lu, il me semble que j’ai passé une majorité de mon temps libre avec un livre entre les mains et c’était fort appréciable. J’ai tout d’abord fini de lire la série de comics Locke & Key de Joe Hill et Gabriel Rodriguez avec le volume 2 et le volume 3. Un vrai coup de cœur pour cette saga d’horreur qui se tient de bout en bout et qui laisse une place importante aux personnages.
J’ai aussi lu le roman de Gerda Cadostin, Laisse folie courir, une histoire de femmes en Haïti avec une langue poétique et surprenante. Enfin, j’ai lu beaucoup de mangas : The Heroic Legend of Arslân de Yoshiki Tanaka et Hiromu Arakawa avec les tomes 2 à 12 et The Promised Neverland de Kaiu Shirai et Posuka Demizu, du tome 13 au tome 17. Si j’ai été époustouflée par Arslân et que j’ai adoré chacun des tomes, je suis moins convaincue par les derniers tomes de The Promised Neverland : la première partie jusqu’au tome 11 m’avait fait l’effet d’une claque et il me semble que l’intrigue commence à s’essouffler. C’est une bonne chose que la fin s’approche et que tout se termine avec le vingtième tome, avant que le manga ne tourne en rond ou ne fasse trop traîner les mystères.
Florilège de chroniques lues
La chronique de Planète Diversité du roman Ballade pour une baleine de Lynne Kelly m’a séduite et j’espère découvrir ce livre prochainement. Sur Comics have the power, c’est Sonia Dollinger qui a chroniqué Alienated, un comics de Simon Spurrier, Chris Wildgoose et André May que j’ai très envie de lire.
Revue du web
Dans le monde de la véganie
Recettes
Je recommande cette recette de Deliacious de cookies moelleux : c’est la recette de cookie la plus moelleuse / gourmande que j’ai et c’est un délice ! Toujours en sucré, la recette de triangle aux amandes de L’Herboriste était une superbe découverte, nul doute que je la ferai à nouveau.
Côté genre et féminisme
Je recommande sur les Ourses à plumes un article de Clara Joubert : « Inquiétante semaine pour le droit à l’avortement » qui fait le point sur les législations dangereuses passées récemment au Honduras et en Pologne, et en profite pour rappeler où on en est dans le reste du monde.
Le podcast Parler comme jamais a consacré un double épisode à l’écriture inclusive et je ne peux que vous recommander d’y jeter une oreille : « Écriture inclusive : pourquoi tant de haine ? » et « Faut-il démasculiniser notre cerveau ? ». Toujours dans les podcasts, j’ai rattrapé le retard (immense) que j’avais sur mon écoute d’Un podcast à soi (vilain flux RSS qui est mort en cours de route sans que je m’en rende compte) et son dernier épisode est superbe « Prendre soin, penser en féministes le monde d’après ».
J’ai regardé la série de vidéos courtes et animées Libres sur Arte, d’après la bande-dessinée Libres ! Manifeste pour s’affranchir des diktats sexuels d’Ovidie et Diglee (que j’avais chroniquée par là d’ailleurs), rien de nouveau mais ça me semble être une bonne manière d’aborder le sujet.
Après avoir regardé l’interview de Françoise d’Eaubonne à propos de Les Bergères de l’Apocalypse dans l’émission Apostrophes de 1978, qui m’avait affreusement donné envie de découvrir ce roman, j’ai été très déçue de voir qu’il n’était plus édité. Le lendemain, parce que le hasard fait merveilleusement bien les choses, Aurore Turbiau publiait sur son carnet de recherche Littératures engagées l’article suivant : « Un « roman qui n’est — humblement qu’une épopée » : Françoise d’Eaubonne, Les Bergères de l’Apocalypse 1/2 (1977) ». Cette première partie est un résumé assez approfondi de l’histoire du roman avant que le deuxième volet n’entre plus dans l’analyse de ce dernier et de l’autrice. Comme Aurore Turbiau, j’espère que ces discussions autour de ce roman donneront envie à des maisons d’édition de le réimprimer !
Convergence des luttes
À propos de handicap et de maladies, j’ai trouvé que la série documentaire « Tou.te.s les mêmes » de Julien Ménielle était très chouette et respectueuse en montrant que les personnes en situation de handicap n’ont aucune raison d’être exclues de la société. Concernant une maladie en particulier, j’ai regardé la vidéo « Le journal de ta chatte #1 : Salomé et Zora – SOPK » sur le Syndrome des Ovaires PolyKystiques et c’était très instructif.
Sur les luttes contre le racisme, plusieurs liens intéressants. Tout d’abord sur le racisme envers les personnes asiatiques, on trouve sur Les Ourses à plumes une interview de Clara Joubert : « “Se raconter par nous-mêmes et pour nous-mêmes” : interview de Lou, militante panasiaféministe et créatrice du compte Instagram la.charge.raciale » que je recommande. Sur le même sujet, ce court documentaire sur Youtube à propos de la « yellow fever » en France : « Débridé⋅e⋅s ».
Sur la question de l’appropriation culturelle des tresses, notamment aux États-Unis, je garde cette vidéo sous le coude puisqu’elle explique clairement et parfaitement le problème, sur Youtube : « Documentary on Braids and Appropriation in America ». Ballast a publié un entretien avec « Rachida Brahim : « Mettre en lumière les crimes racistes, c’est nettoyer nos maisons » » dont la lecture m’a parue très importante.
Suite au #MeTooInceste, j’ai écouté et lu plusieurs choses au sujet de l’inceste, notamment le podcast très bien fait « Ou peut-être une nuit », la saison 2 de Injustices. L’un des propos du podcast, et d’autres sources, est que le tabou n’est pas l’inceste vu son importance dans notre société, mais bien le fait d’en parler et de le mentionner. À l’écoute de ce podcast je me suis rendue compte que moi aussi j’étais enfermée dans ce tabou : alors que j’écoute depuis des années des tas de podcasts différents, que je lis sur divers sujets féministes dont certains très crus et choquants sur les violences sexuelles ou physiques, je me suis toujours tenue loin de ce qui mentionnait l’inceste. Pas parce que c’était un trigger pour moi, mais je me disais vaguement que comme je n’étais pas concernée je ne trouvais pas cela particulièrement pertinent de m’y intéresser. Alors que par ailleurs je n’hésite pas à me renseigner sur la transidentité ou le handicap qui ne me concernent pas directement. Et bien sûr, comme la société dans laquelle je vis est imprégnée d’une culture incestueuse, cela me concerne également. « Ou peut-être une nuit » m’a fait réaliser à quel point j’évitais le sujet, probablement à cause du tabou qui l’entoure et il était temps que je retourne la chose.
Sur le même sujet, la vidéo d’Osons causer sur « Sociologie d’inceste – avec Alice Debauche » et l’article de Crêpe Georgette « « il aimait trop les petits garçons » : discussion autour du vocabulaire de la pédocriminalité ».
Frédérique Giffard a publié une tribune dans Libération qui réfléchit au système pénal et carcéral : « Violences sexuelles : sortir du carcan pénal ».
D’ailleurs, notre système judiciaire a clairement besoin d’être remis à plat, comme le montre l’entretien que Ballast a mené avec les trois avocates Lucie Simon, Camille Vannier et Aïnoha Pascual « Comprendre la « violence judiciaire » » qui parle notamment de « coûts de la défense, impunité policière structurelle, mise en accusation de la parole des victimes ». Ça fait froid dans le dos.
Le Japon est intéressant sur de nombreux aspects mais clairement son traitement des enfants est écœurant, comme le montre le documentaire d’Envoyé spécial « Japon, les enfants kidnappés » où l’un⋅e des parents de l’enfant kidnappe ce dernier et l’empêche de voir son autre parent.
Dans un article sur Toledo, Julie Tirard s’interroge sur la traduction comme acte politique, qui peut traduire quels textes : « Traduire et faire traduire, un acte politique ».
Enfin, à propos du numérique, je recommande cet article sur Natura-Sciences : « Sobriété numérique : « La surfocalisation sur les usages est catastrophique » », un entretien avec Frédéric Bordage que je vais envoyer à toutes les personnes qui se concentrent sur la visualisation de vidéos. Sur l’histoire du numérique, j’ai regardé le documentaire The Internet’s Own Boy sur Aaron Swartz, un activiste de la culture libre et de l’ouverture de la connaissance que la justice états-unienne a harcelé pour en faire un exemple, jusqu’à ce qu’il se suicide. J’étais affligée de ne pas connaître son nom, alors qu’il a inventé tant de normes ou structures que j’utilise quotidiennement dans mon travail (et que je connais bien tous les grands noms comme Tim Berners-Lee ou Lawrence Lessig).
Pop culture, tu l’aimes, tu l’analyses
Parce que visiblement il est toujours important de démontrer que la représentation n’est pas anodine, Clément Guillet publie sur Slate cet article : « Les psys à travers le miroir déformant du cinéma ». Quand on voit que cela peut poser un réel problème d’accès au soin, il est clair qu’il faut changer ces représentations.
J’ai découvert la chaîne Youtube de Jill Bearup, amatrice de combat de spectacle, qui analyse divers combats de séries ou films et c’est très intéressant. Si je devais recommander quelques vidéos, ce serait « Can you Fight in a Corset? (I Tried It) », « Why The Witcher’s Blaviken Fights are SO GOOD » et « Inigo vs. Westley: Princess Bride Perfection ».
Enfin, une très bonne analyse de l’adaptation sérielle Game of Thrones par DarthZepan et pourquoi cette dernière ne respecte pas l’âme même des livres dont elle est issue : « ¿Qué mató a Juego de Tronos? – Análisis post mortem » (désolée pour les non-hispanophones, il n’y a que les sous-titres automatiques :/).
Musique
J’ai enfin craqué sur l’album Folkesange de Myrkur et c’est tellement, tellement bon. Dans un genre absolument différent, j’ai aussi acheté la bande son de The Witcher 3 (plutôt que de l’écouter sur Youtube…).
Sujets divers
J’ai découvert le mot « agnotologie » ce mois-ci que je ne connaissais pas du tout, il s’agit de l’étude de la production culturelle de l’ignorance. À ce sujet, France Culture a rediffusé la Série documentaire « Agnotologie : la mécanique de l’ignorance » et Arte a publié le documentaire La fabrique de l’ignorance. Je trouve qu’il est aussi pertinent de s’intéresser à pourquoi nous sommes si enclins à croire des histoires qui n’ont aucun fondement scientifique et là-dessus je recommande le documentaire de La Tronche en biais Les lois de l’attraction mentale.
C’est d’ailleurs aussi intéressant de découvrir comment se fait la science et à ce sujet, je recommande le billet de Frédéric Clavert et Caroline Muller sur Acquis de conscience : « La conversation scientifique sur Twitter ».
Le podcast Émotions a consacré un épisode à la prise de risque que j’ai trouvé très intéressant : « Sommes-nous égaux face à la prise de risque ? ».
Victoire Tuaillon inaugure son nouveau podcast, après Les couilles sur la table : Le coeur sur la table. L’introduction et le premier épisode sont particulièrement savoureux (je n’ai pas écouté le deuxième épisode pour l’instant) et ça promet des discussions merveilleuses.
Ce que j’ai fait en février
Rien de très nouveau en ce mois de février : j’ai pu voir ma famille et c’était chouette, je continue à voir quelques personnes et je passe beaucoup de temps au parc à lire quand il fait soleil.
Sur mon écran en février il y avait la dernière saison de Chilling Adventures of Sabrina (je suis mitigée sur la fin), la saison cinq de The Expanse (assez confuse sur le dernier épisode et la divergence que ça va créer entre la série TV et les romans, mais globalement très très bonne), la deuxième saison de Bonding (ah ben oui, il était temps de parler consentement – gros coup de cœur pour Mistress Mira) et j’ai regardé la première saison de Locke & Key pour voir ce que donnait l’adaptation : je l’ai trouvée particulièrement décevante et je ne regarderai pas la suite, je recommande de lire le comics plutôt !
En films, j’ai regardé Girl quand il était disponible sur Arte (et encore une fois je suis mitigée, mais je trouve la relation avec le père très chouette). Sur Netflix, j’ai regardé Les phénomènes (Freaks: Du bist eine von uns) et ça m’a beaucoup plu.
Si vous n’avez le temps de regarder qu’une seule vidéo de toutes celles que je mentionne, je vous dirai d’aller voir Curmudgeons, un court-métrage sur Vimeo absolument magnifique et adorable.
J’ai regardé la série documentaire The Lost Ones sur Arte qui parle de personnes historiques assez peu connues mais toutes très diverses donc c’était intéressant. Deux autres documentaires intéressants : Picture this sur Youtube à propos de Andrew Gurza, un « queer cripple » qui milite pour changer la vision de la sexualité des personnes handicapées ; et sur Vimeo A Year in Transition, où l’on suit une année dans la transition d’Issa, le tout de manière très positive et intéressante, avec des témoignages d’autres personnes trans-masculines.
Je vous souhaite d’aller bien et de prendre le soleil en mars si vous le pouvez =)