Grasset – janvier 2021 – 384 pages
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Marco Carrera est ophtalmologue ; il est marié à Marina depuis plusieurs années et père d’une petite Adele de dix ans. Un matin, le psychanalyste de sa femme débarque dans son cabinet, lui annonçant qu’il court un grand danger ; cette première scène nous offre le portrait du personnage principal et donne le ton du nouveau roman de Sandro Veronesi.
Le colibri, c’est Marco adolescent, plus petit que la norme, ce qui inquiète son père. C’est son amour secret pour Luisa depuis plus de vingt ans ; un amour par correspondance, un amour à distance, un amour chaste, un amour fou. C’est sa fille qui, enfant, affirme avoir un fil dans le dos. C’est le destin tragique de sa sœur Irene. C’est le silence de son frère Giacomo, parti refaire sa vie aux Etats-Unis.
Je retrouve le style qui m’avait plu à la lecture de Chaos Calme ; Sandro Veronesi incorpore à son roman tous les ingrédients permettant d’en faire une belle pépite, sans fausse note : un anti-héros furieusement attachant dont la vie est jalonnée par la perte, la rupture, la douleur. Une plume drôle, vive, bavarde et chargée d’humanité, d’émotion brute et poétique. Une chronologie éclatée qui donne un certain tempo au roman, une matière.
La narration nous entraîne dans le passé et le futur de Marco ; enfance, adolescence, âge adulte. Voyages temporels ponctués par les lettres que Luisa et Marco s’échangent et les lettres qu’il envoie à son frère et demeurent sans réponse. On découvre au fil des pages un passé criblé de lézardes, de cicatrices.
Le Colibri est un roman qui dégage une aura singulière, dont j’ai profondément aimé les réflexions sur le temps qui passe, la culpabilité, l’amour et les liens familiaux.