L’enfant Céleste
Maud Simonnot
Les éditions de l’observatoire
2020
165 pages
Une femme, en rupture amoureuse, et son fils, haut potentiel qui préfère observer et contempler la nature plutôt que d’aller à l’école où on le traite de paresseux, passent deux mois sur l’île de Ven entre le Danemark et la Suède. Ils vont ressentir la liberté, la douceur de la nature, la simplicité et surtout ils vont approfondir leur découverte de l’histoire de Tycho Brahe, astronome du seizième siècle qui a construit un observatoire sur cette île.
L’écriture est douce et légère, un peu poétique mais elle a aussi parfois un ton trop encyclopédique (trop didactique).
La narration à deux voix m’a paru factice. Elles sont trop identiques. Parfois j’arrivais à la fin d’un court chapitre, surprise parce que je réalisais tout à coup que c’était la voix du garçon… alors je reprenais pour lire les quelques lignes précédentes autrement, avec le regard de Célian…
J’attendais aussi davantage je crois de cet enfant, en rupture avec le monde scolaire (ça me parle tellement), « je serai photographe animalier » dit-il à sa mère. Quelques phrases de sa part ont su me toucher, mais trop peu…
Les relations entre la mère et le fils sont extrêmement distantes, même si les mots expriment parfois la tendresse de l’une pour l’autre. Des mots, pas des gestes, pas des actes, comme si la mère observait son fils de loin, le regardait se mouvoir, s’intéresser à son environnement, sans qu’il n’y ait aucune interaction entre eux. Il n’est pas toujours facile d’entrer en relation avec de tels enfants, et pourtant, on y arrive d’une manière ou d’une autre, un regard, un geste ébauché, un mot, un petit dessin déposé rapidement sur le coin d’une table…
Quelques mots très justes m’ont parlé comme lorsque l’enfant censé travailler l’Histoire, tout à trac, dit à sa mère : « Tu savais que Ven abrite une des plus importantes populations de lézards agiles d’Europe ? » Lorsque je travaille avec certains élèves, il m’arrive d’être confrontée à ce genre de réaction… qui m’amuse toujours et qui me renvoie à mon incompétence… Comment sortir certains enfants de leur monde propre pour les emmener vers quelque chose qui… les ennuie…
J’ai lu certains passages de manière fluide et intéressée et d’autres de la même manière que Célian, mon esprit vagabondant ailleurs…
J’ai un « Célian » dans ma classe que je vois s’épanouir depuis deux ans et s’il était estampillé « paresseux » avant d’arriver dans ma classe (parce qu’il ne produisait rien du tout), je n’en ai jamais tenu compte et me suis évertuée à l’apprivoiser afin qu’il révèle tout le potentiel qu’il avait en lui. C’est le plus beau des voyages pour un enseignant… emmener un élève dit « atypique » et en rupture avec le monde scolaire, sur la voie du plaisir de venir à l’école.