Pour le premier tome de sa trilogie, Kate Mosse nous embarque à Carcassonne et à Toulouse aux premières heures des guerres de religion.
Cap de Bonne-Espérance, 1862. Une inconnue erre entre les stèles d’un cimetière à la recherche d’une tombe qui l’aidera à percer le mystère familial vieux de 300 ans. Venue spécialement de Toulouse pour cela, elle a rendez-vous avec son histoire mais elle n’est pas seule en ces lieux. Il n’est pas dans l’intérêt de tous que la vérité sur les Joubert éclate au grand jour.
Carcassonne, 1562. Alors que les tensions entre huguenots et catholiques sont de plus en plus palpables, la jeune Marguerite Joubert, dite Minou, s’occupe de la librairie de son père, pendant que celui-ci récupère d’un séjour à Toulouse qui l’a laissé étrangement abattu. C’est à cette occasion que Minou croise la route de Piet Reydon, un jeune protestant accusé d’avoir volé cinq ans plus tôt, le suaire d’Antioche. Tandis que la vie de ce dernier est en danger, Minou se retrouve à son tour mêlée à une sombre affaire dont elle ignore tout. Poussée à se réfugier à Toulouse avec son jeune frère, c’est en réalité dans le village de Puivert, auprès de la Dame blanche que l’attend son destin.
J’éprouve toujours de grandes difficultés à résumer les romans historiques tant la petite histoire dans la grande se forge à l’aide d’une myriade de détails. J’ai toujours peur de faire de trop grands raccourcis et c’est certainement le cas ici, j’espère que l’auteure me le pardonnera.
Si ces romans sont difficiles à résumer c’est aussi parce qu’ils se vivent plutôt qu’ils ne se lisent. Trahisons, secrets, croyances, affrontements jalonnent le parcours des personnages. Je me sens d’ailleurs parfois un peu perdue dans ce dédale de faits historiques mêlés d’éléments de fiction, mais il arrive toujours un moment où je parviens à me remettre en selle. Pour moi, les romans historiques sont vraiment une expérience à part, plutôt éreintante mais souvent passionnante. Concernant plus particulièrement ce premier tome de ce qui s’annonce comme une trilogie, j’ai été à la fois enchantée et déçue.
J’ai été élevée dans la foi catholique, mais aussi dans l’ouverture aux idées et convictions d’autrui. Je crois vous avoir dit que mon père tient une librairie à Carcassonne ? Il offre un assortiment de textes propre à satisfaire tous les goûts.
– Les catholiques de Toulouse ne sont pas disposés à être aussi tolérants.
– Mon père dirait que la foi d’un homme ne regarde que lui, à condition qu’il respecte les lois du pays. Celle d’une femme aussi, car mon sexe est tout aussi capable de pensée rationnelle et de dévotion que le vôtre. Et ce dont j’ai été témoin rue Nazareth n’a fait que confirmer ce que je soupçonnais depuis longtemps, à savoir que le conflit actuel est en grande partie motivé par un désir de pouvoir plutôt qu’une véritable piété. C’est cela qui a causé les émeutes d’hier, non un quelconque amour de Dieu.
Enchantée de lire une intrigue qui se déroule chez moi, à Toulouse et non loin à Carcassonne et de croiser des lieux connus au fil des pages. Mais déçue en même temps de ne pas trouver la même intensité et le même suspense totalement dingue que j’ai eu tant de plaisir à lire sous la plume de Ken Follett. Comme beaucoup je pense, j’ai découvert le roman historique à travers cet auteur anglais, je suis tombée dans la marmite et je tiens encore aujourd’hui Les Piliers de la terre pour un chef-d’œuvre. Lire Ken Follett c’est faire un plongeon tête la première dans le passé. Plus que lire, c’est vivre une époque et tout ressentir avec intensité : les peurs, les croyances, la passion, la folie, la foi, le désir de vengeance, etc. Quand je termine l’un des tomes de sa saga, il me faut toujours plusieurs jours pour revenir sur terre, me remettre en phase avec notre époque.
Après avoir été confrontée à une telle expérience de lecture, il m’est impossible d’ouvrir un roman historique sans le comparer à l’œuvre de Follett. Malheureusement, je n’ai rien retrouvé de ce grand plongeon dans ce premier tome de Kate Mosse. Son intrigue tient la route, son roman est bien documenté bien que d’autres lecteurs plus érudits ont relevé quelques anachronismes et l’intérêt augmente au fil du récit. La fin est même plutôt réussie à mon goût mais sur toute la longueur ça manque de vie, de décors, de scènes du quotidien, d’us et de coutumes, de dialogues, d’anecdotes et de tout ce qui fait le sel de ce type de roman. En définitive, Kingsbridge, ville sortie tout droit de l’esprit de Ken Follett, me semble bien plus réelle que Carcassonne, mise en lumière par Kate Mosse. Alors oui, je suis plutôt déçue mais il n’empêche que je vais aborder le second tome avec beaucoup d’envie car La Cité des larmes nous promet de revivre les heures sombres de la nuit de la Saint-Barthélemy. Or, vous allez me dire que ça tourne à l’obsession mais je garde un souvenir particulièrement fort de cette période traitée dans Une colonne de feu. Voilà qui ne va pas faire redescendre mon niveau d’exigence…
L’ESSENTIEL
La Cité de Feu
Kate MOSSE
Editions Sonatine en GF, Pocket en poche et Lizzie en audio
Sorti en GF le 23/01/2020
608 pages
Genre : roman historique
Personnages : Minou et Piet, Alis et Aymeric
Plaisir de lecture :
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : la suite de cette saga La Cité des larmes, la saga historique de Ken Follet : Les piliers de la terre, Un monde sans fin, Une colonne de feu et le préquel Le Crépuscule et l’Aube, Le sang des mirabelles de Camille de Peretti
RESUME DE L’EDITEUR
Une course haletante au cœur des guerres de Religion : le grand retour de la reine du roman historique.
France, 1562. Les tensions entre catholiques et protestants s’exacerbent, le royaume se déchire. Le prince de Condé et le duc de Guise se livrent un combat sans merci. Les huguenots sont persécutés, les massacres se succèdent. À Carcassonne, Marguerite Joubert, la fille d’un libraire catholique, fait la connaissance de Piet, un protestant converti dont la vie est en danger. Alors que la violence commence à se déchaîner dans la région, le couple se retrouve bientôt au centre d’un vaste complot lié à une sainte relique. Leur quête va les mener vers une ancienne forteresse, où sommeille un secret enterré depuis des décennies.
Après Labyrinthe, vendu à plusieurs millions d’exemplaires, Kate Mosse nous propose une nouvelle fresque érudite et captivante. Elle y donne la parole à ces figures féminines trop souvent oubliées par l’histoire officielle. D’une efficacité redoutable, La Cité de feu confirme l’inimitable maestria narrative de son auteur.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire La Cité de Feu
- L’intrigue se passe en France et plus particulièrement en Occitanie
- L’intrigue ne manque pas d’intérêt
- La relecture du prologue après coup laisse entrevoir une suite passionnante
3 raisons de ne pas lire La Cité de Feu
- Ca manque souvent de rythme
- L’époque n’est pas assez exploitée pour donner de l’épaisseur aux descriptions et aux personnages
- Il n’y pas assez de « parasitage » de l’intrigue principale : pas assez de pièges, de manigances et de chausse-trappe (comme chez Ken Follett en somme 😉
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