La dame de pique • Alexandre Pouchkine

dame pique Alexandre Pouchkine

La dame de pique • Alexandre Pouchkine

Éditions Sarbacane, 2016 (61 pages)

Ma note : 17/20

Quatrième de couverture …

Une nuit d’hiver, à Saint-Pétersbourg, cinq amis discutent du secret que détiendrait la vieille et richissime comtesse Anna Fedotovna : une combinaison de trois cartes gagnantes au jeu. Fasciné, Hermann, jeune officier pauvre témoin de la scène, décide de séduire la demoiselle de compagnie de la comtesse, afin de découvrir le secret…

La première phrase

« On jouait chez Naroumov, lieutenant aux gardes à cheval. Une longue nuit d’hiver s’était écoulée sans que personne s’en aperçût, et il était cinq heures du matin quand on servit le souper. »

Mon avis …

Je lis très peu de littérature russe. L’envie de découvrir certains classiques est pourtant là, et la saison hivernale me semble parfaite pour me plonger dans ces romans au charme si particulier. Après avoir lu Premier amour (Tourgueniev) puis Le maître et Marguerite (Mikhaïl Boulgakov), je suis tombée sur une édition illustrée de La dame de pique. Ni une ni deux, j’ai craqué ! Et je ne regrette pas mon choix. Les illustrations d’Hugo Bogo sont tout simplement sublimes, et les pages auront filé à une vitesse folle.

La dame de pique est une nouvelle fantastique signée Pouchkine. Elle a été publiée dans les années 1830. L’intrigue est centrée autour de trois personnages : Hermann, un jeune officier allemand ; la comtesse Fedotovna, une vieille dame acariâtre mais qui fit chavirer bien des cœurs dans sa jeunesse ; Lisabeta Ivanovna, sa demoiselle de compagnie.

Une nuit d’hiver, chez le lieutenant Naroumov, les parties de cartes s’enchaînent. Nos cinq amis en viennent à évoquer la comtesse Fedotovna, grand-mère de l’un d’entre eux. Tomski raconte alors l’histoire de son aïeule. Du temps où elle séjournait à Versailles, la comtesse aurait eu vent par le comte de Saint-Germain d’une combinaison de trois cartes parfaitement infaillible. Quiconque la jouerait serait absolument certain de gagner au jeu de pharaon, et donc de remporter la mise.

Nous suivons le personnage d’Hermann qui, ébloui par cette perspective de richesse, envisage de trouver la comtesse pour lui soutirer son secret. Passer par le mensonge ou la menace, tout est bon pour parvenir à ses fins. Même si pour cela, il s’agit de séduire Lisabeta dans l’espoir d’approcher la vieille dame. Hermann était cependant loin de prévoir la chute de cette histoire.

En ce qui concerne la plume de Pouchkine, c’est simple tout en étant tonique et rythmé. Le format idéal pour une nouvelle. Je tiens également à souligner la beauté de l’objet-livre : j’ai eu un coup de cœur pour les illustrations d’Hugo Bogo qui servent parfaitement l’intrigue. Les couleurs, tantôt froides tantôt chaudes, sont sublimes. Mais j’ai surtout aimé le contour doux, presque flouté, des dessins. Je suis ravie de posséder cet exemplaire dans ma bibliothèque, et je compte bien jeter un œil sur les autres grands classiques de la littérature (car il y en a) que les éditions Sarbacane nous proposent en version illustrée. 

Je souligne un tout petit hic (anachronisme) par rapport à l’intrigue de Pouchkine, qui fait que j’ai été un peu embêtée. Concernant la jeunesse de la comtesse, il est fait mention de Richelieu et du comte de Saint-Germain. Or ces deux personnalités n’ont jamais pu se rencontrer, le premier ayant vécu sous Louis XIII et le second étant né au début du XVIIIème siècle ! Je suis une passionnée d’Histoire, et c’est vrai que ça a fait tilt lorsque je suis tombée sur ce point. Je n’en tiens cependant pas rigueur à l’auteur, car cela reste finalement un détail. 

J’ai en tout cas beaucoup aimé cette nouvelle. L’audace d’Hermann, les apparitions de la comtesse, avant la chute finale que j’étais loin d’imaginer. N’hésitez pas à vous laisser tenter. Cet écrit me semble parfait pour qui souhaite découvrir la littérature russe, car très accessible.

Extraits …

« – Le jeu m’intéresse, fit Hermann, mais je ne suis pas d’humeur à risquer le nécessaire pour gagner le superflu. »

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