La folie du manga ne me quitte pas pour le moment et je ne sais plus où donner de la tête dans mes lectures. Non mais c’est quoi cette manie de faire des séries ultra longues, mais qui restent palpitantes au point de ne plus pouvoir lâcher et de devenir addict ??? Mon portefeuille ne peut pas suivre et ma médiathèque non plus d’ailleurs ! Et ce n’est pas mieux avec les séries que l’on découvre au compte-goutte, mais qui vont mettre des années à être publiées en intégralité.
Mon amour pour ce genre grandit continuellement et je suis ici aujourd’hui pour vous parler du maître incontesté du thriller psychologique : Naoki Urasawa. Je l’ai découvert dans les rayonnages du CDI dans lequel j’ai travaillé il y a trois ans, j’ai commencé doucement à lire, puis j’ai dévoré et j’ai bien évidemment acheté les suites pour contenter les élèves qui eux aussi en raffolent ! Ce qu’il y a de bien avec lui, c’est qu’il compte beaucoup de séries déjà finalisées à son actif, donc pas de frustration de devoir attendre des années avant de connaître la fin du récit.
Il a déjà 9 séries complètes à son actif (+ 1 en cours et 1 suite) pour environ 150 mangas publiés ! De 8 à 30 volumes, ses séries sont riches et de tous genres. Je n’ai évidemment pas encore eu le temps de lire toute son œuvre (j’ai une vie à côté tout de même), mais je vais vous parler aujourd’hui des trois séries que j’ai englouties et adorées. Ma PAL est donc longue si je souhaite m’essayer aux 5 autres sagas qu’il me reste à découvrir. Je vous les présente dans l’ordre dans lequel je les ai lues.
Pluto – sortie initiale de 2003 à 2009 – paru en 8 volumes en France chez Kana
Dans le monde futuriste imaginé par Osamu Tezuka [le créateur d’Astro Boy], où les robots vivent aux côtés de et comme des humains, une série de crimes mystérieux s’enchaîne. Des robots et des chercheurs renommés sont assassinés dans des circonstances étranges liées à des phénomènes naturels – feu de forêt, tornade extrêmement locale…
Toutes les victimes sont retrouvées avec un ornement formant comme des cornes sur leur tête. Gesicht, un inspecteur robot appartenant à Europol est chargé d’enquêter sur l’affaire. Il découvrira rapidement que toutes les victimes sont des vétérans du dernier conflit d’Asie centrale.
Il ne tardera également pas à identifier le fait que les robots visés par le tueur sont en fait les sept robots les plus puissants et performants de la planète, dont Gesicht lui-même fait partie. Il part alors à la rencontre des personnes et robots menacés pour tenter de les prévenir et les protéger du danger.
Un thriller futuriste palpitant où on oublie complètement que les robots ne sont pas humains. La question éthique de leur coexistence avec l’homme et de leurs actions vis-à-vis d’eux se pose d’ailleurs tout au long du récit. Le personnage de Gesicht, inspecteur robot, très froid, est le porteur de toute l’histoire et on s’y attache énormément. Malgré son caractère bourru, sec et son recul vis-à-vis des humains, il reste le cœur de l’enquête et on reste en haleine face à ses actions jusqu’à la toute fin.
Je ne suis pas fan de science-fiction et les mondes futuristes emplis de robots ne m’attirent absolument pas habituellement. Mais ici, on oublie totalement le côté robotique (quasiment tous ont l’aspect d’humains) ce qui permet de se plonger dans l’enquête comme dans un thriller classique.
Même si j’ai également beaucoup aimé les deux autres séries que je vais vous présenter, Pluto reste mon coup de cœur notamment parce qu’elle est plus courte et que l’on ne se perd donc pas en détails faramineux et rebondissements à n’en plus finir pour faire durer l’histoire.
Monster – sortie initiale de 1995 à 2001 – paru en 18 volumes en France chez Kana (puis réédition en version deluxe sous 9 volumes)
1986. Kenzo Tenma est un brillant neurochirurgien pratiquant son art à l’hôpital Eisler de Düsseldorf (Allemagne). Tenma est comblé, il vient de sauver la vie d’un chanteur d’opéra célèbre… Promis à la belle Eva Heineman, la fille du directeur de l’hôpital, son avenir est tout tracé. Tout lui sourit… Jusqu’à la nuit où arrivent deux enfants, Anna et Johann Liebert, dont les parents ont été découverts sauvagement assassinés.
En choisissant de sauver le petit garçon plutôt que le maire de la ville, le docteur perdra tout… Amour, gloire et honneur laisseront place à solitude, rupture et alcool… Surtout qu’autour des deux enfants, les morts se multiplient. Tenma n’aurait-il pas sauvé un Monstre ?
On a ici affaire à un thriller psychologique extrêmement dérangeant. Le docteur Tenma qui en a marre d’opérer les riches et de laisser mourir les pauvres, sauve pour une fois un enfant selon sa bonne conscience, mais le regrettera ensuite amèrement. Et cet enfant, qui pourrait être tout simplement le méchant de l’histoire, devient également une victime quand on comprend pourquoi il se comporte ainsi.
Notre cerveau ne sait plus dans quel camp il doit être et c’est très perturbant. On peut en même temps opérer une identification très forte sur certains personnages, mais sans culpabiliser complètement les méchants. On ne sait qui on souhaite voir triompher, tout en voulant pourtant une fin claire et nette. Ce manga rempli donc à merveille son rôle de thriller psychologique, car le lecteur lui-même sera psychologiquement atteint par le fait de vouloir tout de même une fin heureuse pour le psychopathe de l’histoire.
20th Century Boys – sortie initiale de 2002 à 2008 – paru en 22 volumes en France chez Panini (puis réédition deluxe sous 11 volumes)
Kenji est un commerçant tranquille qui a repris et transformé le magasin familial. Son seul problème est Kana, la fille de sa sœur, que cette dernière lui a confiée avant de disparaitre dans la nature. Mais voilà qu’un jour, la police vient l’interroger sur la disparition de la famille de l’un de ses clients. Le seul indice étant un mystérieux symbole dessiné à côté d’une porte. Kenji ne se sent pas spécialement concerné jusqu’au jour où Donkey, un ami d’enfance, lui demande s’il se souvient de ce même symbole. Kenji explore alors la vie de Donkey, son passé et celui du groupe d’amis dont il faisait partie dans sa jeunesse. Il découvre bientôt l’existence d’une organisation clandestine que dirige l’énigmatique Ami et qui utilise le symbole lié au passé de Kenji comme signe de ralliement.
J’ai beaucoup aimé lire ce manga, cependant il reste très compliqué à suivre. Cela va de rebondissements en rebondissements, mais surtout on a affaire à des flasback et flashforward en permanence. Dans certains tomes on ne sait d’ailleurs plus vraiment quel est le temps du présent, sur quel pied danser. Il faut s’accrocher pour suivre toute l’intrigue sans se tromper dans les personnages, leurs actions et l’époque dans laquelle on se trouve. Il n’en reste pas moins qu’il est palpitant et que l’on ne peut faire autrement que de saluer la force d’écriture. Bon, on se dit tout de même par moment qu’il a rallonger exprès le tout et que ça aurait pu être écourté sans rien ôter au charme, mais les personnages sont tellement attachants qu’on est aussi content de passer un peu plus de temps avec eux.
On a également affaire à un thriller psychologique comme dans Monster, mais couplé avec le thème futuriste de Pluto, notamment au niveau de l’évolution des technologies. Ce manga a donc de quoi satisfaire pleinement un grand nombre de lecteurs. Toutefois, je reste contente de découvrir finalement des séries déjà clôturées car je ne suis pas sûre que j’aurais le courage de commencer une série comme celle-ci dès ses débuts et de lire les tomes au compte-goutte. C’est tellement délicieux de tout dévorer d’un coup !
Pour le plus grand plaisir des fans, après les 22 tomes de 20th Century Boys, 2 tomes intitulés 21th Century Boys sont parus. Les aventures de Kenji et ses acolytes ne seraient donc pas terminées ? Je vous laisse le découvrir…
Suite de la découverte de l’univers de Naoki Urasawa
Après tant de succès auprès de mon petit cœur pour ces trois sagas, je ne pouvais pas m’arrêter en si bon chemin. Je compte bien tester tout ce que je peux de ce mangaka. Voici les trois prochaines séries que j’ai prévu de décortiquer :
Billy Bat – sortie initiale de 2008 à 2016 – paru en 20 volumes en France chez Pika
En 1949, Kevin Yamagata, dessinateur américano-japonais, connaît un succès formidable avec son comics Billy Bat qui met en scène les histoires d’un détective chauve-souris dans diverses aventures. Lorsqu’il apprend qu’un personnage identique au sien apparaît dans un manga japonais, il décide de se rendre à Tokyo pour rencontrer le dessinateur. Une fois sur place, il est rapidement happé dans une spirale d’événements étranges qui le ramènent invariablement au dessin de la chauve-souris et à ses origines mystérieuses !
En réalité, j’ai déjà lu les deux premiers tomes. Cependant, j’ai beaucoup de mal à accrocher. De 1, parce que le style de dessin reste tout de même le même et que j’ai carrément l’impression de retrouver d’anciens personnages des autres séries déjà lues, ce qui me perturbe énormément. De 2, parce que pour le moment c’est aussi tordu que 20th Century Boys en ce qui concerne l’espace temporel et que j’avais plutôt envie de retrouver un univers plus posé. De 3, parce que j’ai un peu de mal à suivre les évènements… Mais je m’accroche !
Master Keaton – sortie initiale de 1988 à 1994 – paru en 18 volumes, actuellement en édition deluxe chez Kana
Taichi Hiraga Keaton, né de mère anglaise et de père japonais est diplômé d’Oxford. Ex-instructeur du S.A.S., les forces spéciales britanniques, il est admiré par ses pairs. Il est par ailleurs un archéologue renommé. Keaton possède un sens logique et un esprit de déduction hors du commun et détonne par ses méthodes d’investigation peu orthodoxes. Il enseigne à présent dans une université, et, parallèlement, mène des enquêtes pour le compte d’une compagnie d’assurances, ce qui n’est pas toujours sans risque !
J’ai réussi à avoir accès au premier tome de cette saga par un ami, mais pas moyen d’avoir la suite à la médiathèque (et mon portefeuille a crié dès que j’ai posé un doigt dessus :p ). Et c’est bien dommage parce que j’ai ultra accroché au premier tome ! Le héros est une sorte de MacGyver qui peut tout imaginer avec deux bouts de ficelle et du chewing-gum. C’est d’ailleurs très drôle de le voir subtiliser des ustensiles (scotch, spatule…) au bureau ou au restaurant, d’avoir le temps de se demander ce qu’il va bien pouvoir faire avec et de l’observer en action ensuite. C’est un peu tiré par les cheveux la plupart du temps, mais tellement drôle qu’on se laisse immerger dans l’histoire.
Happy ! – sortie initiale de 1993 à 1999 – paru en 23 volumes chez Panini
Depuis la mort de ses parents, Miyuki Umino élève seule ses frères et sœurs. Un beau jour, elle reçoit la visite de deux yakusas qui lui demandent le remboursement d’une dette de 250 millions de yens contractée par son frère aîné dont elle est sans nouvelles. Pour échapper à la prostitution, elle quitte le lycée et décide d’entamer une carrière de joueuse de tennis professionnelle. Douée dans cette discipline, elle a déjà remporté de nombreux prix. Cependant maintenant elle doit exceller et remporter les plus grands championnats afin de rembourser rapidement son créancier qui préfèrerait la voir sur un trottoir.
Celui-là je ne l’ai pas encore commencé, mais j’ai hâte, car il a l’air de changer totalement d’univers et c’est ce qui m’attire !
Je vous laisse découvrir avec délice (je l’espère !) l’univers de Naoki Urasawa !