Editeur : l’Archipel
Nombre de pages : 519
Résumé : 1853. Au Palais des Habsbourg, à Vienne, l’empereur François-Joseph Ier est riche, jeune, et prêt à se marier. Elisabeth, qu’on surnomme Sissi, duchesse de Bavière, n’a que quinze ans quand elle est introduite à la cour en compagnie de sa sœur aînée, promise à l’empereur. Mais ce dernier, attiré par la beauté saisissante de Sissi, son charme rafraîchissant et son esprit vif, décide que c’est elle, en réalité, qu’il veut épouser… Sissi doit d’abord faire face à un dilemme avant d’être brusquement mise sur le devant de la scène royale. Mais la jeune fille n’a aucune idée des épreuves qui l’attendent…
- Un petit extrait -« - Marie-Antoinette était donc l'une de vos grand-tantes...souffla Sissi, éberluée.
- Exact.
- Cela donne à réfléchir quant au désir que l'on peut éprouver de monter un jour sur le trône. »
- Mon avis sur le livre -
Parmi mes nombreuses obsessions télévisées enfantines, les incontournables films Sissi, avec Romy Schneider dans le rôle principal, font indiscutablement parti de ceux qui ont été revisionnés le plus souvent. Je connaissais absolument tous les dialogues par cœur, et avec l’intonation bien sûr : un peu plus et je pouvais faire un doublage en live de l’intégralité de la saga ! J’étais fascinée par absolument tout : les grandioses paysages de Bavière, la grandiloquence de Vienne, et surtout … les robes. A ce moment-là, je ne rêvais que d’une seule chose pour l’avenir : posséder une robe comme celle de Sissi. Car oui, à cette époque, j’avais en réalité encore un peu de mal à comprendre le concept de « films » : je pensais fort naïvement que c’était comme les documentaires animaliers, que ça avait vraiment été filmé à l’époque … Ouais. Il m’a fallu longtemps pour saisir que Romy Schneider n’était pas Sissi mais Romy Schneider, et que c’était une fiction plus qu’une vraie biographie … Ca m’avait quelque peu déçue, mais ça ne m’a pas empêché de continuer à le regarder en boucle !
D’aussi loin qu’elle se souvienne, la jeune Sissi a toujours vagabondé dans les vertes montagnes de sa Bavière natale, courant après les chevreaux, caracolant dans les champs, se glissant au village avec sa sœur ainée Hélène … Elle est duchesse, oui, mais seulement de titre. Mais voici qu’une missive arrive au Château de Possenhofen : le jeune empereur François-Joseph s’apprête à prendre épouse, et c’est sur Hélène que le choix de sa mère Sophie s’est porté ! Mais la jeune femme est loin d’envisager ce mariage avec joie et sérénité : elle n’aspire qu’à la solitude et aux pieuses études … Afin de la soutenir, Sissi accompagne Hélène à la cour. La jeune duchesse sauvageonne a le sentiment de vivre un rêve éveillé : pourquoi diable son ainée refuse-t-elle de se réjouir de la chance qui lui est donné d’épouser le beau et charmant François-Joseph, dont elle-même est tombée follement amoureuse au premier regard ? Mais voilà que l’empereur, lui aussi, s’est épris de la cadette plutôt que de l’ainée … C’est ainsi que Sissi, du haut de ses seize ans, se retrouve impératrice d’Autriche. Impératrice malgré elle.
Ce qui m’a toujours « rebutée » dans les romances historiques, c’est bien la difficulté pour le lecteur de distinguer ce qui provient de la réalité historique et ce qui relève de la fiction romantique … Où s’arrête la première, où débute la seconde ? Difficile de faire la part des choses, et c’est parfois un peu dommage, comme si l’utilisation de grandes figures historiques n’était qu’un prétexte pour inventer un récit à l’eau de rose. Au point que je préférerai des récits mettant en scène d’illustres inconnus inventés plutôt que de véritables « faiseurs d’histoire » … Il n’empêche que ce roman retrace plutôt fidèlement les grandes lignes de la vie d’Elisabeth de Bavière, mieux connue sous son surnom, Sissi. Une jeune fille qui, dans les premiers temps, est particulièrement attachante : toujours enjouée, un brin rêveuse, souvent indisciplinée mais toujours pleine de bonté, on comprend aisément qu’elle ait représenté un vrai rayon de soleil et une vraie bouffée d’air frais dans la vie du jeune François-Joseph, vingt ans et déjà à la tête d’un immense empire, et visé par une tentative d’assassinat il y a peu … Lui qui n’a connu que les strictes règles en vigueur à la cour, une éducation militaire depuis le plus jeune âge et le poids des devoirs ployant ses épaules d’ancien timide, ne peut que s’éprendre de sa cousine, si insouciante.
Tout commence donc comme un conte de fée, celui que nous présentent déjà les fameux films évoqués plus haut : une balade romantique à cheval, et voici que François-Joseph s’oppose pour la première fois de sa vie à l’autorité maternelle pour épouser Sissi et non sa sœur ainée ! Et voilà que notre petite duchesse sauvageonne se retrouve du jour au lendemain obligée de se plier aux exigences infernales et interminables de la vie à la Cour. A ce moment-là, nous plaignons encore profondément cette enfant à qui l’on a placé une couronne sur la tête, et qui a le devoir impérieux d’offrir un héritier à l’empire, et le plus vite possible. Entre sa belle-mère tyrannique et son mari débordé, la jeune fille habituée à vagabonder en pleine nature se sent plus seule et enfermée que jamais dans ce palais doré. Et c’est le début de la fin. Non seulement parce que la dépression s’installe, doucement mais sûrement, mais surtout parce que Sissi perd toute cette douceur pour laquelle son peuple l’aimait et l’admirait tant. Elle devient peu à peu aigrie, ce qui peut certes se comprendre sur certains points, mais bien plus égoïste et capricieuse. Par conséquent, de plus en plus agaçante, et donc de moins en moins attachante. Certes, ce qu’elle vit est difficile, mais ça ne l’autorise pas à devenir cruelle à l’encontre de sa fidèle camériste ou de ses fidèles amis …
Alors certes, ce n’est pas la faute de l’autrice si la véritable Sissi s’est comportée ainsi … mais le problème, c’est que ce livre la présente vraiment comme la seule et unique victime, alors qu’en prenant un peu de recul, elle est bien loin d’être la seule à souffrir. La narration se veut omnisciente, mais ne l’est finalement seulement quand ça arrange l’autrice : le reste du temps, c’est à croire que la jeune Impératrice est le centre de l’univers, l’unique personne à avoir le droit d’exister et imposer ses états-d’âme. Et c’est sans doute ce qui m’a empêchée d’être véritablement happée par l’histoire : il manque cette complexité qui n’apparait que quand les autres personnages cessent d’être de simples pions gravitant autour de l’héroïne. Ici, Sophie n’est présentée que comme la vilaine belle-mère tyrannique. François-Joseph comme l’époux qui ne s’occupe pas du bonheur de sa femme. Agatha comme la gentille camériste dont on peut se débarrasser d’un revers de bras car elle est heureuse en mariage … C’est bien, on a coché toutes les cases dans « type de personnages », mais en réalité, ils sont creux. Et du coup, ça fait décor en papier carton, et l’intrigue perd un peu en puissance … Et donc, il manque un gros petit quelque chose !
En bref, vous l’avez bien compris : j’étais un petit peu méfiante au moment d’entrer dans l’histoire, et même si j’ai globalement passé un agréable moment de lecture, je reste un petit peu sur ma faim en refermant l’ouvrage. D’un côté, j’ai apprécié cheminer au côté de cette jeune fille, propulsée du jour au lendemain dans les plus hautes sphères du pouvoir alors qu’elle en était encore à jouer à cache-cache dans la forêt la veille, mais de l’autre, j’ai trouvé la narration trop « froide », et je n’ai finalement pas réussi à m’attacher totalement à cette jeune impératrice trop vite aigrie par cette rude vie. Peut-être qu’à vouloir aller « trop vite », à vouloir survoler en un seul volume un pan immense de son existence, le récit se transforme en une sorte de documentaire grande vitesse enrobé de romance, alors qu’en allant plus doucement, en nous faisant vraiment vivre au quotidien avec Sissi plutôt que de présenter seulement les grandes étapes de sa vie, le lecteur se serait senti plus en harmonie avec elle … C’est loin d’être un mauvais roman, mais j’ai vraiment ressenti ce « manque » qui m’empêche de le trouver vraiment bon : il est sympathique, mais aurait pu être meilleur …