Pleurer les yeux fermés

Rien de tel qu’un bon drame psychologique, porteur de message d’espoir pour aider à encaisser les coups de la vie. C’est ce que je me suis dit en acceptant la chronique de ce roman. Et puis, soyons honnêtes, c’est aussi le nom de l’auteur qui a titillé ma curiosité : Étienne Minier. C’est l’homonyme de l’autre Minier (Bernard), mais il m’a affirmé n’avoir aucun lien de parenté.

Pleurer les yeux fermés

389 pages – Auto-Édition – Broché – E-book (03/2020)

Mon avis :
Quand on fait la connaissance d’Antoine, jeune homme célibataire à la vie monotone, l’empathie nous gagne tout de suite. Il nous raconte, sa routine professionnelle et le vide qu’est sa vie affective. Puis viennent sa rencontre avec Marie, leur coup de foudre, et… le drame suivi de la (trop) longue descente aux enfers.

On imagine bien un deuil difficile à faire, une reconstruction, une vie chamboulée et forcément différente de celle d’avant. Antoine détaille tout, et on a parfois mal pour lui. C’est peut-être une situation vécue par des milliers de gens, mais chacun a sa propre histoire, et celle-ci est chaque fois différente.
J’ai bien aimé l’approche par le destin, un peu comme un précepte ou un conte « philosophique », dans l’esprit des récits de Paulo Coelho. J’étais vraiment prête à pleurer les yeux fermés avec Antoine.
Mais après quelques pages, l’empathie pour le jeune homme s’étiole. Il revit chaque moment (heureux ou non) d’avant l’accident, mais la narration répétée de ses souvenirs nous enlise dans la lecture, au point d’égrener les pages beaucoup plus lentement.

Certaines expressions québécoises m’ont fait sourire – comme les « sacs gonflables » pour les « airbags » – mais j’avoue avoir été vraiment gênée par des fautes de français (conjugaison, accord…) :

  • « Oui, lui répondis-je clairement, après deux ou trois secondes de réflexion bien compter » (-> comptées)
  • « Votre torse est pensé (-> pansé) parce que nous sommes intervenus… »
  • « Je songeai à tout ce que je me souvenais » (-> à tout ce dont je me souvenais)
  • « Toutefois, malgré que la promenade » (-> bien que la promenade)
  • « (…) depuis mon accident, se réveille fut le premier » (-> ce réveil)

Je m’arrête là car le but n’est pas de faire une correction en ligne ou de pointer du doigt des erreurs juste pour le plaisir de le faire en public. Mais si vous me lisez régulièrement, vous savez maintenant que j’aime trop la langue française pour la voir autant maltraitée. Des fautes, on en fait tous, c’est humain. Et certains vont dire que je radote (oui oui, je vous entends marmonner derrière votre écran 😉 ), mais j’estime que lorsqu’on écrit un ouvrage (roman, recueil ou quoi que ce soit d’autre) destiné à la vente, la moindre des choses est de le relire pour en supprimer toutes les fautes. Parce que là on est clairement loin de la petite coquille passée à la trappe et ça fait mal aux yeux.

Ce n’est jamais plaisant ni facile de faire une chronique après une lecture comme celle-ci, d’autant que j’aime tellement découvrir de nouveaux auteurs et faire la part belle aux auto-édités quand je le peux. Quoi qu’il en soit, je remercie Étienne Minier pour sa confiance, et peut-être que mon humble avis l’aidera dans ses futurs récits.