Gaston Leroux : La Poupée sanglante

Gaston Leroux, Mary Shelley, Bram Stoker   Gaston Leroux (1868-1927) est un romancier français. Gaston-Alfred-Louis Leroux grandit en Normandie et après avoir obtenu le baccalauréat de lettres au lycée de Caen, il s'installe à Paris en octobre 1886 où il s'inscrit à la faculté de droit. Devenu avocat en 1890, il exerce cette profession jusqu'en 1893. Pour arrondir ses fins de mois, il écrit des comptes rendus de procès pour le journal L'Écho de Paris. A partir de 1901, devenu grand reporter, il effectue de nombreux voyages en France et à l'étranger, notamment en Espagne et au Maroc. Si sa renommée s’appuie sur la série des romans avec Joseph Rouletabille ou ses chefs-d’œuvre comme Le Mystère de la chambre jaune (1907), Le Parfum de la dame en noir (1908) et Le Fantôme de l’Opéra (1910), d’autres livres valent le détour. La Poupée sanglante (1923) qui vient d’être réédité est de ceux-là.

Au cœur de l’île Saint-Louis à Paris, Bénédict Masson est un relieur d’art doté d’un physique repoussant pour son plus grand malheur. Il est secrètement amoureux de Christine, la fille de son voisin d’en face, le vieux Norbert, un horloger obsédé par la recherche du mouvement perpétuel. Or, il semble se passer d’étranges choses dans cette demeure, outre le père et sa fille, y séjourne Jacques, fiancé de la belle et étudiant en médecine. Un soir, Bénédict qui épie la jeune femme de sa fenêtre, voit sortir de l’armoire de sa chambre, un jeune homme inconnu qui se précipite dans ses bras… A partir de là, les aventures les plus folles et les plus incroyables vont s’enchaîner.

Le roman mêle deux histoires, voire trois, indirectement liées les unes aux autres et dont je ne vous dirai rien comme le veut la règle pour ce type de bouquin. Sachez seulement et j’en dis déjà là beaucoup, que Gaston Leroux tisse ses intrigues plus qu’étranges en surfant sur ce qui a fait le succès de Mary Shelley et Bram Stoker. Vous m’avez compris ? Il y ajoute un autre ingrédient, inspiré d’un fait divers récent qui affola la population, l’affaire Landru ! Nous avons donc nos trois sujets d’intrigue et d’épouvante.

Mais, et c’est là tout ce qui fait l’intérêt de ce roman, si le mystère rôde à toutes les pages, si le faisceau d’indices conduit vers l’horreur totale et le fantastique le plus absolu, rien de tout cela ne sera jamais réellement prouvé ou démontré quand s’achève le livre. Une fin provisoire, car même s’il s’agit d’un ouvrage indépendant pouvant se lire comme tel - ce que disent certains mais ne me convainc pas - il comporte une suite, La Machine à assassiner, que je vais devoir me procurer au plus vite, tant j’ai hâte de mettre un point final cette fois, à cette folle aventure.

Le roman est très bien écrit et n’a pas vieilli dans l’écriture (ou si peu), même si l’intrigue n’a plus le parfum de la jeunesse et doit être lue au second degré. La plume est agile, le récit file un bon train et même dans les temps faibles on dévore cette petite merveille avec plaisir.