Aujourd’hui, quand on parle de « l’affaire Dreyfus », on sait qu’il s’agit d’une erreur judiciaire, mais sans en connaître les détails, ni les tenants et les aboutissants. Cet ouvrage de Anne Parlange et Vincent Raude relate, sous forme de roman, la façon dont la vérité a éclaté, et tous les obstacles franchis pour y arriver. Je remercie chaleureusement les éditions Ex Æquo de m’avoir permis de découvrir ce livre.
180 pages – Éditions Ex Æquo – Broché – E-book (03/2021)
Mon avis :
Dreyfus. Un nom connu, mais qui sait au juste pourquoi il a été condamné puis blanchi ? Les auteurs, Anne Parlange et Vincent Raude rafraîchissent la mémoire collective.
Remontons d’abord quelques décennies en arrière, à la fin du XIXe siècle plus précisément, puisque c’est en 1894, à Rennes, que le capitaine Alfred Dreyfus fut condamné à perpétuité pour trahison en faveur de l’Allemagne. Déchu de son grade, il purgera sa peine au bagne de l’Île du diable, en Guyane.
Ce procès militaire a divisé les Français en deux camps : les « dreyfusards » et les « anti-dreyfusards ». Ceux qui le soutiennent (famille, politiques, etc.) mettent tout en œuvre pour apporter la preuve de son innocence, en pointant les anomalies et incohérences du dossier. C’est dans ce contexte qu’Émile Zola publie son fameux « J’accuse » dans L’Aurore.
En 1903, Louis André – ministre de la guerre – et son fidèle capitaine Antoine Targe sont chargés de trouver de nouvelles preuves qui permettront la révision du procès. Pour cela ils reprennent tout depuis le début, réétudient chaque document, ré-entendent les témoins, et traquent la moindre piste qui pourrait les aider. Autant dire qu’ils ne se sont pas fait que des amis…
Outre le dénouement de l’affaire, qui est maintenant connu de tous, Parlange et Raude nous plongent dans ce début de XXe siècle, avec ses codes et ses contraintes morales. Ils nous racontent pourquoi la réputation de la « Grande Muette » n’est pas galvaudée, que les ficelles de cette organisation tentaculaire (non, je n’exagère pas) peuvent être surprenantes, notamment en établissant des liens avec les Francs-Maçons… et que, quoi qu’il arrive, la Politique règne en maître, et qu’il vaut mieux se prêter à son jeu si on ne veut pas se brûler les ailes. Comment ça rien n’a changé ?
Le livre est court et se lit facilement. L’écriture est fluide, documentée, et c’est appréciable de (re)-découvrir les événements d’un point de vue humain, et non en décrytptant des rapports sûrement aussi assommants les uns que les autres. Le texte dévoile aussi une part de la vie privée de Louis André, de ses obligations, de sa femme… et du prix à payer pour rétablir la justice. J’ai apprécié aussi de retrouver un français, non pas « ancien », mais « moyen » (tel qu’on l’employait il n’y a encore pas si longtemps), avec des termes et des expressions un peu désuets, voire tombés dans l’oubli pour certains. Mais l’amoureuse de la langue française que je suis ne pouvait que s’en délecter.
Je ne vous en dirai pas plus ici, je préfère vous laisser la possibilité de découvrir l’histoire sous un autre angle, avec ses détails, ses secrets et ses non-dits.